jeudi 24 avril 2014

Envoi de l’Etat

Savez-vous ce que signifie : CDOA ?

Catalogue interministériel des Dépôts d'Oeuvres d'Art de l'Etat : l’Etat dispose d’un Fonds, le Fonds national d’art contemporain, (sis à la Défense, Tour Atlantique, 1 Place de la Pyramide, 92111, la Défense), qui par exemple identifie ce genre d’œuvre :



Domaine
Peinture
Organisme déposant
Fonds national d'art contemporain
Organisme dépositaire
Saint-Gaudens, Musée municipal
N° inventaire
992
Déposé le
1898/08/03
Titre
Armand Marrast
Auteur / Origine
Auguste CHARPENTIER
Localisation
Midi-Pyrénées ; Haute-Garonne (31) ; Saint-Gaudens ; Mairie
Oeuvre localisée
OUI

Vous observez que la date est bien le 3 août 1898, et que l’adjectif « contemporain » crée confusion : toujours est-il que l’Etat, depuis fort longtemps, a déposé dans de nombreuses communes de France des œuvres. Ici il s’agit d’une peinture de Charpentier, qui représente Armand Marrast, personnage immense né à Saint-Gaudens, immense car il fut député et Maire de Paris. Grâce à ce dépôt (le terme officiel est « envoi »), on se souvient de cet illustre ancien : fort à propos il a été déplacé du Musée (qui est fermé), pour être accroché dans la salle des mariages de la Mairie de Saint-Gaudens, où quiconque (qu’il se marie ou non) peut l’admirer.


Comme je découvre Charpentier, (1813-1880), je puis vous donner (au hasard) la localisation d’une autre œuvre, la Samaritaine, « envoyée » à Haleine, qui est aussi une Commune de France. J’ai vérifié bien évidemment, Haleine est dans l’Orne, 61410. La fiche ne dit pas si l’œuvre est « localisée ». Peut-être a-t-elle disparu ? D’ailleurs la date de dépôt a disparu elle aussi. Impossible de retrouver la Samaritaine ! Par contre à l’hötel Scherrer Renan, à Paris, voici  George Sand. « Localisée »

Domaine
Peinture
Organisme déposant
Fonds national d'art contemporain
Organisme dépositaire
Haleine, Mairie
N° inventaire
PFH-1917
Déposé le
184/9/
Titre
La Samaritaine
Auteur / Origine
Auguste CHARPENTIER
Localisation
Basse-Normandie ; Orne (61) ; Haleine ; Mairie
Oeuvre localisée



Bref, tout cela pour vous dire que je m’intéresse aux œuvres envoyées ici ou là, m’enquérant de leur sort quelques années après. Que dis-je ? Pour Marrast, cent seize ans après ! Certaines œuvres n’ont pas bougé comme la nôtre. D’autres ont disparu. Certaines ont été détériorées, préfigurant une disparition inéluctable.


Chez nous, on a conservé quelques œuvres : elles se comptent sur les doigts de la main. Mais beaucoup ont disparu. Cette splendide maternité d'Evariste Jonchère par exemple a été écrasée par un arbre, lors d’une tempête il y a trois ou quatre ans. Les débris (compromettants) soigneusement balayés, mis dans une poubelle (noire) et jetés à la déchetterie (rayon : encombrants). J’avais pris des photos : pour le souvenir.



Je viens à ce propos de retrouver la Vénus de Deluol : c’est comme cela qu’elle figure à l’inventaire, j’eusse préféré qu’elle s’appelât Niké, la Victoire ! J’ai pu obtenir copie du dossier, qui contient deux photos quasi semblables, vues de face, les bras clairement levés, et les voiles grecs (gonflés par le vent) très identifiables.

Va-t-on vraiment pouvoir la restaurer ? D’abord on ne peut faire appel qu’à un restaurateur « agréé ». Il en est venu un ou deux sur place. Comme le visage a disparu, la question mérite réflexion : doit-on le réinventer (conforme à la photo) ? Ou doit-on restaurer la statue sans visage, ce qui serait plus conforme à la vérité historique, mais frustrant pour le spectateur (trouvant que pour le prix, le restaurateur aurait pu se fendre d’une tête puisqu'on ne va pas laisser les cheveux pendants sans les accrocher quelque part ?).


On discute (et on déjeune entre spécialistes). Faut-il agir ? Est-il plus prudent...de ne rien faire ? Pendant ce temps les vestiges sont dehors et s’abîment un peu plus chaque jour. De toute façon, il n’y a pas de crédits pour réparer.

Et surtout, est-ce vraiment important …

même si (à Tournai, en Belgique) 

la beauté…