samedi 8 février 2014

Jane Poupelet


Par instants, Rouen est traversé par un soleil admirable, qui filtre entre les nuages noirs et inonde les façades de lumière : c’est le moment pour parcourir la rue Damiette, au cas où les antiquaires attirés par la lumière ouvriraient leurs portes habituellement closes.

C’est ainsi que je file vers la rue Malpalu, au 101, la clenche ouvre la porte, mais personne à l’intérieur. Je ressors, me disant que le commerçant doit être quelque part, il discute en effet avec un voisin. Rentre, c’est Laurent Biville, belle boutique aux murs tapissés de livres. Belles lampes anciennes, une grande sculpture 1940 en granit, elle m’attire, elle irait bien dans le jardin !

Me tournant vers l’étagère à gauche, on ne voit jamais d’un coup les objets dans un magasin nouveau, je tombe sur un beau bronze, une belle tête de madone, soclée sur un bloc magnifique de marbre jaune. Derrière, la signature peu lisible quand on ignore le sculpteur. Mais Laurent a disposé à côté le livre sur Jane Poupelet et sa baigneuse, pour l’ignorant que j’étais il y a encore quelques instants.


Jane Poupelet est mieux connue aujourd’hui après les expositions sur son œuvre à Roubaix ; puis Bordeaux, enfin Mont-de-Marsan, et si ses bronzes sont rares, j’en ai un sous les yeux, à prix d’ami me rassure le propriétaire qui vient juste de le recevoir.



















Après une première formation dans la ville de Bordeaux, à l’Ecole des Beaux-Arts et aux cours d’anatomie de l’école de médecine, Jane Poupelet, qui est née en 1875, suit brièvement l’enseignement de l’académie Jullian à Paris en 1896. Mais elle en est insatisfaite. En 1900, elle rencontre Lucien Schnegg et intègre la bande à Schnegg, dont elle est la seule femme. Son travail se développe principalement dans deux directions : l’art animalier et le nu féminin. La Société Nationale des Beaux Arts lui attribue une bourse au vu de ses envois au Salon : elle utilise les fonds reçus pour voyager dans les pays méditerranéens en 1904. La même année, elle participe à la première exposition de la bande à Schnegg, Certains, avec Schnegg, Dejean, Halou, Marque et Niederhausern-Rodo.


Ses œuvres les plus admirées sont L’Anon de 1906, La Vache, la Femme à sa toilette de 1908, entrée au musée du Luxembourg en 1910, la Femme assise sans bras, L’Imploration... Rodin loue les œuvres de son ancienne praticienne et expose avec elle à la galerie George Petit en 1911. Elle multiplie les expositions avec Arnold, Bourdelle, Brancusi, Despiau, Derain, Dunoyer de Segonzac, Gimond, Gromaire, Giacometti, Maillol, Malfray, Matisse, Modigliani, Pompon, Pascin, Wlérick… et avec de grands artistes du XIXème siècle : Barye, Carpeaux, Daumier, Degas, Gauguin, Géricault, Jongkind, Morisot, Renoir. Ses expositions sont parfois préfacées par Colette (1927) ou Claude Roger Marx (1928). Elle expose aussi à Prague et à Vienne, et elle a la possibilité de présenter régulièrement ses créations aux Etats-Unis.


A partir de 1922, Jane Poupelet, malade, est contrainte de délaisser peu à peu la sculpture. Elle confectionne alors des jouets ; et des masques pour les gueules cassées par la guerre de 1914-18. Elle meurt en 1932, âgée seulement de cinquante huit ans.

Je vous représente à nouveau la baigneuse, à côté de Rolande et Assia de R Wlérick, et Despiau.




J’hésite…j’aime…

Il n’y en a qu’une autre tête comme celle-ci, répertoriée dans la littérature !
Une occasion à ne pas laisser passer !

J’achète ?