La Gazette de Babo: L'Hystérie (féminine) n'est plus une maladie...!

. Une leçon clinique à la Salpêtrière de Pierre Aristide André Brouillet. Ce tableau montre le célèbre neurologue Jean-Martin Charcot faisant une démonstration d'hypnose sur une patiente « hystérique » de la Salpêtrière, « Blanche », soutenue par le Dr Joseph Babins. Le tableau est exposé à l'Université Paris 5 René Descartes

voyez, il n'y a que des hommes, des Docteurs masculins, bien habillés encravatés

des femmes sont "hystériques", mais comment les soigner ?

ils les examinent, les photographient car les dessins ne sont pas suffisants

j'ai consulté une à une les poignantes photos des hystériques, en réalité elles avaient subi des traumatismes durant leur enfance on imagine lesquels, et elles vivaient la suite de ce qu'aujourd'hui on appelle des chocs post-traumatiques

voilà une "hystérique", et encore elle est habillée !

. Tableau de Tony Robert-Fleury représentant le psychiatre français Philippe Pinel (1745-1826) libérant des aliénés de leurs chaînes à la Salpêtrière à Paris en 1795. Malgré la libération, « cela ressemblait néanmoins à un enfer. ». La femme allongée au sol à l'arrière-plan présente un symptôme hystérique classique.

encore des photos montrant un comportement hystérique bizarre

l'Art va s'emparer du phénomène et représenter des femmes à la fois belles mais hystériques, disons nostalgiques, tristes, repliées sur elles-même, dépressives je dirais

c'est drôle car les Mecs peuvent être violents, idiots, fatigués, mais jamais hystériques

l'hystérie est féminine !

jamais une femme normale n'aurait un tel comportement

au contraire, Bouguereau représente une Vénus "normale"

il faut dire qu'elle vit totalement sa sexualité, vous allez voir !

il est temps de vous donner les explications officielles et médicales

pardon, ça va être long !

Les médecins du monde entier utilisaient le terme hystérie comme diagnostic médical pour les femmes présentant divers symptômes et comportements. Des chercheurs ont découvert la première mention de maladies spécifiques aux femmes dans des textes médicaux de l'Égypte ancienne, datant d'environ 2000 av. J.-C. Le philosophe grec Hippocrate fut l'un des premiers à mentionner l'hystérie dans des récits de médecine gynécologique. À la même époque, le philosophe grec Platon écrivait que l'hystérie était causée par le fait que les femmes n'avaient pas d'enfants, affirmant qu'un utérus sans enfant serait perturbé et se déplacerait dans tout le corps, causant des problèmes de santé. Selon l'historienne Lana Thompson, de nombreuses personnes dans les sociétés anciennes croyaient que l'utérus d'une femme se déplaçait dans tout son corps, provoquant divers problèmes médicaux en entrant en contact avec d'autres organes comme les poumons, le foie et le cerveau. Certains médecins ont basé leurs théories sur l'hystérie féminine sur la théorie de l'utérus errant et ont prescrit des traitements médicaux comprenant le mariage, les relations hétérosexuelles, la grossesse, l'application d'huiles odorantes sur les organes génitaux féminins et la stimulation vaginale externe avec l'idée que les traitements ancreraient l'utérus à sa place dans le bassin.

vous allez découvrir une drôle de médecine !

Les médecins ont continué à diagnostiquer l'hystérie féminine chez les femmes tout au long des deux premiers millénaires de notre ère et à pratiquer la stimulation génitale externe comme traitement. Selon Havelock Ellis, médecin et auteur de Psychology of Sex , une étude estimait qu'en 1913, 75 % des femmes souffraient d'hystérie féminine. Les médecins diagnostiquaient l'hystérie sur la base d'une longue liste de symptômes courants, notamment maux de tête, pertes de mémoire, irritabilité, insomnie, crampes à l'écriture, bouffées de chaleur, saignements vaginaux excessifs, lourdeur des membres, langage grossier, crampes sévères, difficultés respiratoires, désir de stimulation clitoridienne, hyperpromiscuité, sautes d'humeur, nausées, anxiété, somnolence, perte d'appétit, vieillissement, maux de dos, pieds gonflés, cancer, défaillance d'organes, endométriose, maladies cardiaques, crises d'épilepsie, et ce que l'on appelle aujourd'hui les symptômes de la dépression, de la schizophrénie et d'autres troubles psychologiques. Selon Maines, pendant des siècles, les médecins ont cru que les femmes étaient biologiquement faibles et imparfaites, car elles présentaient un comportement et des fonctions corporelles que les spécialistes du XXIe siècle considèrent comme normaux. Elle affirme que les médecins estimaient que ces symptômes de maladies féminines justifiaient une intervention et une correction médicales.

vous n'allez pas croire ce que fait ce Docteur
à l'époque il n'est même pas remboursé par la Sécu, il pratique toute la journée
à la main
et le vibro-masseur n'existe pas encore !

La société et les médecins de l'époque n'établissant pas de corrélation entre stimulation génitale externe et pratique sexuelle, à la fin du XIXe siècle, les médecins pensaient que la stimulation clitoridienne par massage pelvien médical pouvait réduire efficacement les symptômes de l'hystérie. Selon Maines, au XIXe siècle, la communauté médicale considérait que seule la pénétration vaginale était sexuellement stimulante pour les femmes. Par conséquent, les médecins étaient réticents à l'utilisation de tampons et de spéculums, craignant que leur utilisation ne provoque une excitation immédiate. Un spéculum est un dispositif médical couramment utilisé par les gynécologues au XXIe siècle, qui dilate les parois du vagin pour visualiser le col de l'utérus. Au XIXe siècle, la société pensait que la masturbation féminine, ou la stimulation de ses propres organes génitaux pour l'excitation sexuelle, nécessitait une pénétration vaginale et non une stimulation clitoridienne. De nombreux médecins, dont le gynécologue du XIXe siècle William H. Walling, pensaient que la masturbation pouvait avoir des conséquences néfastes sur la santé des femmes, notamment le cancer de l'utérus. Si la patiente rougissait et se sentait soulagée pendant le massage pelvien pour hystérie, les médecins expliquaient qu'elle vivait un paroxysme hystérique, aujourd'hui appelé orgasme. Cela signifiait que le traitement avait réussi et que le médecin considérait la patiente comme soulagée de ses symptômes négatifs attribués à l'hystérie.

un docteur à domicile pour pratiquer cette médecine, impossible aujourd'hui
en voulant ne pas quitter leur cabinet, les jeunes médecins d'aujourd'hui passent à côté d'activités intéressantes !

aujourd'hui on saurait mieux soigner cette patiente, voyez la suite

les pigeons sont là pour démontrer que l'amour est le remède

ce n'est pas le bon endroit : la douche pelvienne ne doit pas être pratiquée sur la tête

Avant que les médecins n'utilisent les vibrateurs médicaux pour le massage pelvien, l'hydrothérapie, ou thérapie par l'eau, fut l'une des premières avancées technologiques dans le traitement de l'hystérie et un précurseur des masseurs vibrants médicaux. Le traitement d'hydrothérapie impliquait la douche pelvienne, un appareil apparu en France au milieu du XIXe siècle. Les spas d'hydrothérapie étaient situés dans des bains publics et des spas de style européen, et le traitement consistait à diriger un puissant jet d'eau sur l'intérieur des cuisses et les parties génitales de la femme. Les spécialistes de la santé affirmaient que l'appareil pouvait provoquer un paroxysme hystérique en moins de quatre minutes. Selon Maines, les femmes quittaient souvent la douche avec un soulagement extrême de l'hystérie et la sensation d'avoir bu du champagne. D'autres traitements disponibles à la fin du XIXe siècle comprenaient des jets d'eau dispersés par des manivelles, et un traitement utilisant une roue à eau miniature pouvant être fixée à un lavabo.

mon diagnostic ? aucune hystérie dans cette position latérale-gauche

À mesure que les médecins ont commencé à diagnostiquer l'hystérie au cours des années 1800 et au début des années 1900, de plus en plus de femmes ont eu besoin d'un traitement, y compris de nombreuses femmes dont le mari les avait envoyées chez le médecin, selon Maines. Selon l'historien Greer Theus de l'Université Washington and Lee de Lexington, en Virginie, pendant la période victorienne du XIXe siècle, avec l'augmentation du taux d'alphabétisation des femmes, les médecins ont attribué des taux plus élevés d'hystérie aux comportements prétendument dangereux des femmes intellectuelles, notamment la scolarisation et le travail à l'extérieur du foyer. L'édition de 1899 du Manuel Merck , un ouvrage de référence médicale, mentionnait le massage pelvien et génital comme traitement de l'hystérie. De plus, commentant les traitements pour les femmes hystériques, le médecin du XXe siècle Samuel Howard Monell a décrit le massage pelvien gynécologique comme ayant des effets positifs dans le traitement de l'hystérie.

le mini-slip de cette dame démontre qu'elle anticipe toute hystérie possible par la prévention

Au cours du XIXe siècle, les sociétés américaines et européennes ont connu ce que les historiens appellent la révolution industrielle. Au cours de cette période, des procédés de fabrication efficaces, combinés aux récentes découvertes de techniques d'exploitation de l'électricité, ont permis la production de nombreuses machines et l'émergence d'appareils électroniques. Le masseur vibrant fut l'un des premiers appareils électroniques inventés. La machine à coudre fut le premier appareil électronique domestique et, selon Maines, le masseur vibrant fut le cinquième, précédant l'aspirateur de neuf ans. À la même époque, les médecins ont commencé à rechercher des moyens plus efficaces de traiter l'hystérie. Dans son ouvrage, The Technology of Orgasm , Maines présente son hypothèse selon laquelle certains médecins ont utilisé et développé des machines vibrantes pour traiter les femmes hystériques afin de gagner du temps et d'éviter la tâche laborieuse du massage manuel sur un nombre croissant de patientes. Dans son hypothèse, Maines démontre que les médecins ont légitimé et justifié la production clinique de paroxysmes hystériques comme traitement d'une maladie, et que les femmes hystériques ont stimulé le marché des masseurs vibrants au tournant du XIXe siècle.

En 1869, le médecin américain George Taylor a breveté l'un des premiers vibrateurs médicaux, le Manipulateur. Les patientes étaient assises sur une table rembourrée percée d'un trou pour dévoiler leur bas-ventre, à travers lequel une sphère vibrante massait les parties génitales de la femme. L'appareil étant volumineux, lourd, coûteux et fonctionnant au charbon, les grands spas et les médecins exerçant dans des cabinets importants achetaient et entretenaient principalement ces appareils pour leurs clients et leurs patients. Si la plupart des historiens s'accordent à dire que les médecins de l'époque considéraient les vibrateurs comme le traitement le plus efficace contre l'hystérie, ils utilisaient également des vibrateurs pour soulager la constipation, l'arthrite et la fatigue musculaire.

Au début des années 1880, le médecin Mortimer Granville inventa le premier vibromasseur portable à piles, pesant plus de 18 kilos. Cependant, Granville écrivit en 1883 qu'il ne destinait pas son appareil au traitement de l'hystérie, mais plutôt à la fatigue musculaire masculine. Selon Maines, Granville pensait que les femmes pouvaient imiter les symptômes hystériques pour obtenir un traitement, même si elles n'en avaient pas besoin pour des raisons médicales. Autrement dit, Granville ne souhaitait pas que les femmes aient des orgasmes après avoir utilisé son vibromasseur, toujours selon Maines. Selon la journaliste Natalie Angier, les appareils de massage vibrants continuaient d'apparaître dans les magazines au début des années 1900, certains fonctionnant à l'électricité, à une pédale, à une turbine hydraulique, à un moteur à gaz ou à l'air comprimé.

le fond est bleu à cause de la traduction par google de l'Anglais

Avec la réduction de la taille des piles et l'essor des appareils électroniques domestiques, des publicités pour des vibromasseurs portables sont apparues dans les magazines féminins, les journaux et les catalogues destinés aux femmes, notamment Needlecraft, Woman's Home Companion, Modern Priscilla et Sears-Roebuck . Les entreprises ont également continué à commercialiser des appareils vibrants à des fins médicales autres que l'hystérie. Pour les hommes, les publicités affirmaient que les appareils vibrants pouvaient traiter la fatigue musculaire et l'arthrite. Pour les femmes, elles affirmaient que les appareils vibrants pouvaient fonctionner comme un appareil électroménager.

Dans les années 1920, les films pornographiques du début du XXe siècle présentaient des vibromasseurs médicaux dans un contexte sexuel, ce qui, selon Maines, les rendait socialement inacceptables. Après leur utilisation dans les films pornographiques, les médecins ont commencé à considérer les vibromasseurs comme des jouets sexuels et ont perçu leur utilisation chez les femmes comme un acte sexuel plutôt que thérapeutique. Après 1952, les révisions du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux par l'American Psychiatric Association ont supprimé l'hystérie comme diagnostic médical reconnu pour les femmes, bien que les médecins aient continué à utiliser des diagnostics similaires, comme le trouble de la personnalité histrionique, pour les femmes et les hommes jusqu'au XXIe siècle.

Depuis 2019, les professionnels de santé n'utilisent plus le terme de paroxysme hystérique et désignent désormais le soulagement des tensions obtenu par la manipulation génitale externe, ou masturbation, sous le nom d'orgasme féminin.

voilà la victoire du vibromasseur sur l'hystérie

et comment l'hystérie des femmes a disparu

pour autant qu'elle ait jamais paru !