mardi 9 avril 2024

Adam & Eve, premier couple hétéro

Tiziano Vencellio 240 x 186cm aurait pris son amant (!) pour peindre le visaage d'Eva !



J'imagine que je vais, une fois encore, en choquer plus d'un(e) ! Peu m'importe pour moi que né homme on aime un autre homme ! Pareil pour les femmes, et tout ce qu'inclut le sigle LGBT ! Quoique ... nourri (il y a si longtemps), au lait d'une éducation chrétienne, j'ai entendu à plusieurs reprises citer la Génèse, cette histoire fantastique d'un Dieu créant l'Univers, créant Adam puisqu'il fallait bien commencer par un mâle, du moins dans le cas d'une reproduction sexuée telle que l'avait prévu Dieu ! Puis d'une femelle, portant le BB et permettant le renouvellement de l'espèce, pour des Siècles et des Siècles ....  Amen ! 

sortant des graves ennuis qui ont causé ma pause sabbatique, j'ai beaucoup réfléchi
et compris qu'une 
Lecture Psychoanalytique
pouvait être riche de sens : 

j'ai donc consulté
mais pour changer, je me suis adressé à un Psy italien
me contraignant à un petit séjour à Rome
pour profiter en plus d'un courte visite du Vatican ! 

ne vous étonnez pas donc si ma traduction française est très imparfaite : 

la voici :

L'histoire de Adam et Eve est contenue dans le premier livre de la Bible, Genèse.

En particulier, l'un des détails les plus célèbres du récit biblique de Genèse est celui relatif à la création d'Eve :

« Puis le Seigneur Dieu provoqua une chair sur l'homme qui s'endormit ; il prit une de ses côtes et coupa la chair à sa place. Puis le Seigneur Dieu forma une femme avec la côte qu'il avait prise à l'homme et l'a amenée à l'homme. » Je vous ai mis les guillements, c'est une traduction par l'intelligence artificielle, il reste des imperfections ! 

Au cours du Séminaire X, « Angoscia » (1962-1963) et du Séminaire XV, intitulé « L'Acte psychanalytique » (1967-1968), Jacques Lacan commente l'histoire biblique de Adam et Eve.

Lacan introduit un néologisme : «sépartition». Adam le seul homme, voit son unité, la coïncidence entre l'un et l'autre, perdre une partie de lui-même.

Comme le souligne Massimo Recalcati dans le livre « La loi du mot » :

(c'est Lui que j'ai consulté ! Un ponte ! )

"Quel bel Homme" aurait dit Jack Lang !



« L'homme ( Adam ), tiré de la poussière de la terre (Adamah), est obligé par la Loi de la Parole de perdre une partie de lui-même, de voir le mirage de l'autosuffisance incarné. ”

La perte de la côte ne laisse pas de marque, mais s'approfondit chez l'homme, l'expérience de manquer, au moins, la perte.

L'action de Dieu, dans la lecture de Recalcati, est définie comme une « coupe séparatrice », capable de diviser sujet et objet, de les séparer à jamais, en partant d'un horizon mythique, hors du temps.

Pour Lacan, le conte biblique devient un exemple paradigmatique pour expliquer la théorie de l'objet cause du désir, appelé petit objet (a).

Pour Lacan, l'état d' Adam séparé de Dieu de sa côte et donc incapable de faire moins une relation avec l'autre, est la base de la possibilité même de faire apparaître le désir. (toujours l'intelligence artificielle !)

Le désir, fait remarquer Lacan, vise toujours l'objet perdu, que le sujet essaie de retrouver.

La création d'Ève, fresque de la la chapelle Sixtine, de Michel-Ange

(voilà ce que je suis allé faire au Vatican)

L'action du langage qui sépare l'homme de son objet est due au désir lui-même. C'est pourquoi la côte tirée de Adam et donc non récupérable, repose sur deux aspects centraux du désir pour Freud : l'objet est à jamais perdu ( Adam ne pourra plus récupérer sa côte) et le sujet recherche son objet sur place de l'Autre ( Adam oriente son désir d'Eve, (Eva en Italien).

Selon Lacan, le petit objet (a) est le nom de cet objet qui a été enlevé du corps et perdu à jamais.

Pour cette raison, souligne Lacan, l'expérience de Adam avec Eve est « hétéro » : il ne s'agit pas de mettre l'accent sur la différence des corps, mais sur une non-coïncidence, sur une diversité de fond.

Adam qui a vu sa côte se déboîter, finit par ne pas s'assortir comme il était ; par contre Eve, déboîtée de la côte, ne peut plus faire partie d' Adam .

Le mythe de l'Unique, de l'union mythique sans restes et résidus, dans l'imagination biblique s'installe à jamais, laissant place au désir.

Pour cette raison, Recalcati conclut (le revoilà) en soulignant que « le mythe biblique de la côte perdue est donc le mythe de l'origine du désir humain : chercher dans l'Autre la partie la plus inaccessible de moi-même. La relation avec les hétéros découle de cette urgence. ”

L'article complet est disponible sur le site internet.

Pour aller plus loin :

-Massimo Recalcati - "La loi du mot", en vrai : La legge della parola.

la preuve qu'il existe un Amazon italien !


PS : cet article du Monde explique la théorie de Scott Gilbert, suivant laquelle la traduction de l'Hébreu serait erronnée, parlant de "côte" d'Adam : il serait en effet plus judicieux d'utiliser l'autre traduction du même mot parlant de l'os situé dans le pénis qui existe encore chez les morses ! L'existence de cet os perdu conforterait le système hydraulique subsistant chez l'Homme, et qui peut donner des symptomes de fatigue aprèz une utilisation exagérée :

https://www.lemonde.fr/passeurdesciences/article/2012/07/11/quel-os-dieu-a-t-il-vraiment-pris-a-adam-pour-creer-eve_5986249_5470970.html


pour les lecteurs pressés, je leur ai recopié le passage marrant :

Scott Gilbert s'est donc adjoint les services de Ziony Zevit. Ce spécialiste de littérature biblique et des langages sémitiques à l'American Jewish University de Los Angeles lui a expliqué que le mot hébreu utilisé dans la description de l'opération divine signifiait effectivement "la côte", "le côté" ou "le flanc" (d'un humain ou d'une montagne), mais qu'il pouvait aussi prendre le sens de "planche", de "poutre", d'"étai" ou de "colonne", bref décrire un élément de structure, de support, de soutien. C'est exactement ce qu'espérait Scott Gilbert car il avait sa petite idée sur l'os que Dieu pouvait avoir soustrait à l'homme, et qui lui manque toujours aujourd'hui.

Cela s'appelle le baculum, mot latin qui, si j'en crois mon vieux Gaffiot, signifie "bâton" ou "sceptre". De nombreux mammifères mâles en sont pourvus et notamment nos plus proches cousins, les chimpanzés et les gorilles. Il s'agit d'un os qui, lors de la copulation, est inséré dans le pénis, ce qui est pratique pour obtenir une érection rapide sans attendre que tout le système hydraulique sur lequel la reproduction humaine repose intégralement se mette en branle. (humour)