dimanche 16 juin 2013

Rouen : le dernier survivant


Voilier russe quatre-mâts-barque, le Kruzenshtern, dont le nom d'origine est "Padoue", précisément « Padua » comme on peut lire sur les roues de gouvernail, a été construit en Allemagne en 1926. Il est l'un des cinq clippers destinés au transport des marchandises réalisés pour la "Flying P Line" et le dernier navigant à ce jour. Ces bateaux portaient tous un nom commençant par un P.
 

Le Pamir, a coulé au large des Açores dans une tempête. Le Pommern est à quai à Mariehamn. Le Pékin est aujourd'hui exposé dans un musée de New-York et le Passat abrite un camp de jeunes à proximité du canal de Kiel.

Après le Sedov, un autre ancien navire allemand, c'est le plus grand des voiliers traditionnels encore en activité.

Lancé en 1926, mon année préférée pour les voitures, le Padua, dernier-né de la P-Liners, a été conçu comme navire de charge, pour expédier des matériaux de construction au Chili en doublant le cap Horn, avec une cargaison de nitrate au retour. Son voyage inaugural de Hambourg à Talcahuano (Chili) a duré 87 jours.


Il effectue son voyage le plus rapide en 1938-1939, de Hambourg à l'Australie via le Chili et retour à Hambourg en 8 mois et 23 jours sous le commandement du capitaine Richard Wendt, un record mondial pour ce type de navire qui ne fut jamais battu.

A cette période, le navire navigue sous pavillon allemand et sa coque en arbore les couleurs : noir pour la coque émergée ; blanc pour la zone de la ligne de flottaison ; rouge pour la partie immergée de la coque.
 
Le 12 janvier 1946, le navire est remis à l'URSS au titre des dommage de guerre. Il sera baptisé en hommage à Adam Johann Kruzenshtern, célèbre amiral et hydrographe Russe. L’orthographe est attestée par les noms figurant sur le navire, même si on aurait pu s’attendre à Kruzenstern : « l’étoile en croix », sans le H, qui n’existe pas dans la transcription cyrillique ! Bref ! Il restera  amarré dans le port de Kronstadt jusqu'en 1961 pour remise en état. Il effectuera ensuite de nombreux relevés hydrographiques et océanographiques pour l'Académie de sciences de l'URSS jusqu'en 1965, avant d'être transféré au ministère de la pêche de l'URSS pour être utilisé comme bateau école.

De 1968 à 1972, il bénéficie d'une modernisation importante et reçoit ses moteurs actuels et de nouvelles couleurs.  Sa peinture, noire avec une large bande blanche, suggère la présence de canons. En janvier 1981, le Kruzenshtern est transféré aux Industries de la Pêche estoniennes à Tallinn. En 1991, il rejoint son port d'attache actuel à Kaliningrad pour l'Académie d'Etat des pêches de la Baltique, comme navire école.

en lisant lentement, vous allez déchiffrer le Russe !

                          En 1995-96, il effectue un premier tour du monde et un second en 2005-06.


Le navire embarque des marins-stagiaires de toutes les nationalités. Traditionnellement, le Kruzenshtern propose trois sessions d'entraînement par an et participe aux grands évènements internationaux de voile traditionnelle comme les Tall Ships’Races. Le navire a figuré dans trois films allemands et dans de nombreux films russes et soviétiques. En 1936, il servit de cadre au film « Les Mutinés de l'Elseneur », de Pierre Chenal, d'après le roman de Jack London.


Il est la vedette des nombreux rassemblements de voiliers actuels et quitte en ce moment l’armada de Rouen, où il est venu comme un éléphant dans une baignoire lors d’un trajet périlleux sur la Seine, avant de rejoindre Toulon. Jean-Marie en a fait la visite détaillée, et a eu (à moins qu'il l'ait prise) l'autorisation de faire des photos dont je le remercie !















A une époque où l’on se moque aisément de la religion (catholique car on n’ose se frotter au prophète), il possède en son centre, à côté d’une salle de musée, une petite chapelle orthodoxe pour célébrer le culte.





Il est vrai qu’en mer, on fait davantage gaffe à Dieu,

et on prie la Vierge Marie,

surtout en cas de tempête,

sait-on jamais !