dimanche 4 novembre 2012

Vénus d’Italica

  
Il y a longtemps que je ne vous avais pas parlé de Romains, et de leur occupation de l’Espagne. Il y a longtemps que je ne vous ai pas montré de Vénus, et je viens d’en  trouver deux à la fois. A Séville. Enfin dans le coin. Les navires de mer, phéniciens et grecs, remontaient le fleuve Baetis (Guadalquivir) jusqu'à Ispal (Séville) pour venir échanger leurs marchandises. En 206 av. J.C., les romains s'emparent de l'antique Ispal et la rebaptisent Hispalis. A quelques kilomètres d'Hispalis, ville commerçante, Scipion l’Africain fonde Itálica, lieu de résidence. Les empereurs romains Trajan et Hadrien y naitront. Itálica devient la troisième plus grande ville romaine du monde, après Rome et Alexandrie, avec cinq cent mille d'habitants. Mais Hispalis continue de se développer et Itálica sera abandonnée, à cause d’un changement du cours du Guadalquivir. Donc démolie. Puis les reconstructions se développent sur les décombres, jusqu’à ce qu’au XIXè siècle des fouilles patiemment poursuivies dégagent peu à peu le théâtre de Santiponce ; le cirque romain ; et des villas somptueuses, et qui dit villa(e) dit mosaïques.


En 1940 seulement, des fouilles dans le théâtre dégagent une magnifique statue de marbre, énorme puisque haute (je parle au féminin) de 2,11 m. Il manque malheureusement la tête. Et les bras sauf le gauche, plus exactement le bras et la main gauche. C’est aujourd’hui la gloire du Musée archéologique, et des jardins où a été érigé un moulage.











C’est toujours pareil avec les belles statues antiques…cassées. Il y a toujours un sculpteur célèbre, prêt à démontrer qu’il est meilleur que les anciens, et que lui sculpte des corps entiers, avec un visage et des membres. Antonio Canova se lance, et nous sort en 1819 une Vénus d’Italica aujourd’hui bien connue, même si elle n’est plus espagnole, mais italienne : on la trouve à la Galerie palatine de Florence. En pratique Napoléon est passé par là en 1802, et a pris la Vénus Médici pour l’exposer au Louvre. C’est une copie romaine de l’œuvre de Cleomenes d’Athènes, une pièce superbe ! Il faut bien la remplacer, d’où le travail de Canova qui s’en sort pas mal. Il y a donc deux Vénus d’Italica, l’originale sévillane, et celle de Canova, florentine.




















Je vous joins (pour la route) quelques autres vénus du même style, trouvées dans le pourtour méditerranéen, et qui nous montrent des variantes (avec la tête ou pas), et la position des mains qui peut être d’une grâce infinie !
























Comme la peinture a aussi souvent pris pour thème Vénus, voici  « la surprise » de 1827, peinte par Claude-Marie Dubufe, d’un modèle qui a la même coiffure à l'antique. Et qui paraît vivante, les joues roses et en pleine forme.


Mon histoire n’est pas finie car il y a l’autre Vénus d’Italica. Celle de la mosaïque. D’une villa dite du planetario, le Planétarium. Cette mosaïque nous montre des dieux (dont Vénus au centre) plus précisément six dieux entourant Vénus. Il y a dans l’ordre chronologique : Jupiter ; Vénus ; Saturne ; Hélios (le soleil) ; Selene (la lune) ; Mars et Mercure. En réalité ils illustrent les jours de la semaine qui sont au nombre de 7 comme nous. La semaine par exemple commence avec Jupiter le jeudi. Et les jours sont donc rattachés aux astres comme le rappelle l’étymologie de leur nom. De même il y a quatre semaines dans un mois, et douze mois, on n’a rien inventé. Sauf les jours fériés et les vacances scolaires, vous avez remarqué tous les ténors de la télé filent en vacances et sont remplacés par des second rôles qui eux ne partent pas, mais les remplaceront le jour où les vedettes seront licenciées, et remplacées par le numéro deux qui deviendra vedette… etc…





Allez donc quand vous pourrez à Séville …

(au Museo Arqueologic)

voir les Vénus !


Deux autres Vénus, dont la Vénus d’Arles, mais celle de Martres n’est pas mal du tout :