mardi 15 octobre 2024

Les vitraux Majorelle à Longlaville

 

les seuls vitraux qu'ait réalisés Louis Majorelle, et encore, s'il en a dessiné les cartons, ils ont été réalisés deux ans après sa mort à Nancy, le 15 janvier 1926

on le connait davantage pour ses meubles et travaux d'ébénisterie, et pour la maison Majorelle, le symbole de l'Ecole de Nancy où il avait ses ateliers

et le piège est que ces vitraux ne sont pas à Longwy, mais à Longlaville, où sans Googlemap je ne les aurais jamais trouvés


ils sont l'illustration d'une longue Histoire :

Après la perte de l’Alsace-Moselle suite à la défaite des armées françaises en 1870, les régions industrielles de l’actuel département de la Moselle passent sous le contrôle de l’Allemagne, notamment la région d’Hayange avec ses nombreuses forges et usines sidérurgiques.

À côté de ces pertes, les régions françaises de la Lorraine, en Meurthe et Moselle actuelle, vont connaître un vif essor  industriel après 1870 en utilisant particulièrement le minerai lorrain «la minette» abondant dans le sous-sol.

Dans la région de Longwy, plusieurs industries métallurgiques apparaissent vers 1865. 1880 est la date de la création de la Société des Aciéries de Longwy qui regroupe l’Usine du Prieuré, l’Usine du Port-sec à Mont-Saint-Martin, s’y ajoutent en 1881 les hauts fourneaux de Moulaine. Parmi les Maîtres de forge locaux qui organisent cette fusion on trouve le nom de Robert de Wendel. Cet industriel va céder en 1880 à cette nouvelle société la licence du procédé Thomas qui va permettre d’éliminer le phosphore que contient la minette lorraine.

et Longlaville devient le siège de la Société
et qui dit siège, dit construction d'un immeuble impressionnant 






Le bâtiment est inauguré en 1928 et de style Art déco, est l'œuvre de Pierre Le Bourgeois. Particulièrement épuré, les seuls éléments décoratifs sont les fenêtres des combles ainsi que deux tourelles dans la cour intérieure.

La double entrée permet une séparation entre hôtes de marque de l'aciérie, passant par l'entrée d'honneur donnant sur les escaliers où sont installés des vitraux racontant le travail dans une usine sidérurgie, et l'entrée de service.

Au-dessus de l'entrée d'honneur se situe le « salon Majorelle », ancien bureau du directeur des aciéries, meublé par Louis Majorelle; au même niveau, au second étage, se situe l'ancienne salle du conseil d'administration.

En 1985, le bâtiment est cédé à l'État qui le rénove afin d'en faire un lieu consacré à l'emploi : il regroupe ainsi locaux de Syndicats et Pôle emploi, devenu France-Travail. À cette occasion, une nouvelle entrée est construite, sous forme de la grande verrière tournée vers la vallée, sur la photo qui précède, afin de symboliser "la transparence et l'ouverture vers un monde nouveau". Vous appréciez le style, ce monde est le nôtre aujourd'hui, en déficit et en déclin, mais ça ce sont les aléas d'une seconde guerre mondiale et de trente glorieuses abandonnées ensuite pour un Etat-Providence où les citoyens ne travaillent pas assez, disent les statistiques du nombre restant élevé des chômeurs.


J'aurai un aperçu de ces activités gigantesques, en arrivant à la DDA de Montauban en mars 1969, le Patron étant Charles Andrieux, né en Aveyron voisin, Forestier lui-même, et en étant invité avec le service du Génie Rural par Pont à Mousson, fabriquant des tuyaux de fonte apportant l'eau potable dans les territoires (comme disent nos Politiques) du Tarn et Garonne. Je découvre le métier de Maitre d'oeuvre, construis des chambres remplies d'azote pour conserver les pommes ramassées par les rapatriés rentrés sept ans auparavant de leur exil africain du nort en 1962, et découvre l'étendue du métier, notamment en réalisant le barrage en terre de Monclar qui fait pile 20 mètres de haut, la limite à ne pas franchir sans vérification des calculs par l'Inspection générale.


je reste fasciné par ces moteurs à vapeur gigantesques eux aussi


Nous sommes donc à la maison de la Formation de Longlaville (anciennement Grands Bureaux des Aciéries de Longwy), ces vitraux exceptionnels de style Art Déco (1928) se répartissent sur 4 étages en 27 verrières qui retracent les métiers de la sidérurgie dans les années 20. Dessinés par Louis Majorelle, ils seront réalisés après sa mort.

L’Art déco débute vers 1925. Dans le vitrail l’accent est mis sur des lignes fortes, avec des figures géométriques, en zigzag voire en chevron et des motifs stylisés.

Ici, les motifs représentés sont ceux de « l’homme du fer au travail ». Même si dans leurs travaux les hommes sont vêtus en bleu de travail avec dessus un tablier de protection en cuir, ils sont ici figurés torses nus « à l’Antique » pour les glorifier en mettant en valeur les efforts physiques, leurs musculatures ainsi que leurs beaux gestes professionnels. Une forme de reconnaissance symbolique sur un fond de paysages d’usines entremêlant hauts-fourneaux, convertisseurs, coulées de métal… dans le rayonnement de l’incandescence de l’usine, dans une éblouissante palette de verres colorés.

Les meubles Majorelle tirent leurs sources d’inspiration dans les éléments de la nature : plantes, insectes… Louis Majorelle est récompensé à l’Exposition universelle en 1900 pour ses productions. Son intention est de travailler à Nancy avec d’autres industriels pour la fabrication d’objets d’Arts décoratifs de haute qualité. Sa renommée est importante en France et à l’étranger.

À partir de 1925 les ateliers  Majorelle vont dessiner leur unique série de vitraux pour la Société des Aciéries de Longwy. Après le décès de Louis Majorelle en 1926, Alfred Lévy, employé depuis 1888, peintre de formation, prend en charge la réalisation de ces vitraux mis en œuvre par les ateliers. Ces verrières seront installées dans les Grands Bureaux (actuellement centre de formation de Mont-Saint-Martin) en 1928, deux ans après la mort de Louis Majorelle.










La fonderie. Trou de coulée sortant du haut-fourneau. La fonte liquide suit un chenal tracé dans le sable ainsi que ses dérivations latérales vers les poches de coulée. Après refroidissement on extrait des morceaux de fonte appelés « gueuses ». Les hommes munis d’un ringuard attaquent les bouchons de terre réfractaire qui peuvent boucher le trou de coulée. 


Dans cet escalier monumental on distingue ainsi, sur les différentes verrières, telle une bande dessinée :

Au niveau du premier palier : l’usine des Aciéries de Longwy, avec en arrière les hauts-fourneaux.







Au second palier : l’aciérie en fonctionnement avec le convertisseur et les laminoirs ;







le haut-fourneau et la fonte liquide de la coulée de métal ;




Train transportant en tonneaux la fonte à l’état liquide à l’aciérie pour être versée dans les mélangeurs puis le convertisseur Thomas pour l’affinage







Au dernier palier : les fumées d’usines dans un style abstrait et répétitif.



on ignorait, à l'époque, que ces rejets seraient nocifs pour notre atmosphère
sensible au gaz carbonique

et que cent ans plus tard on se battrait
pour trouver une autre énergie comme l'hydrogène

pour tenter de s'opposer aux effets violents du récfhauffement climatique

pour une planète qui voit ses ressources consommées 

à la moitié de l'année

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comme les églises sont le témoin de l'Art religieux

Longlaville est ainsi le témoin de l'Art industriel

traduit par Louis Majorelle

dans sa composition verticale









je retrouve mes petits trains préférés, tels que les Anglais les conservent encore



Quel grand artiste, qui a transformé une industrie

en Beauté


comment trouver une citation latine adaptée ?

plus précisément, on dit : "sentence" :

"Nisi ignorantes, ars osorem non habet".

L’art n’est méprisé que par ceux qui ne le connaissent pas.


ainsi donc, il y a un

Art de vivre à la française !

merci pour les photos



c'est ce qu'on appelle un magnifique atelier d'artiste (parisien)
entouré de ses appartements à côté et dessous

il y a un Art de Vivre à Paris

comme

il y a un Art de vivre en Comminges

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cette fois, la citation latine s'impose : 

"Festivitas caeleste donum mortalibus". 

"La beauté est un cadeau céleste pour les mortels"