Attendez, réfléchissez-bien au titre : "le fils de Neandertal" : la nouvelle est plus
extraordinaire que vous le pensez, puisque si le père est Néandertal, la mère
est Sapiens !...ce qui signifie…-vous n’allez pas m’en croire-, que
Néandertal, (qui serait l’ancêtre rural un peu brutal et mal rasé que nous
imaginons tous, vivant en province naturellement dans la France d’en-bas),
aurait pécho une urbaine-bobo-sapiens… !
...connaissant peut-être (sans les avoir
encore formulés), les 38 stratagèmes de Schopenhauer ?
Les bras vous en tombent ?
leur BB serait lui-même Néandertal…
…qui survivrait encore ?
un bébé Néandertal dans le ventre de sa mère sapiens fils de son père Néandertal ? ? |
Dans "Le Fils de Neandertal", œuvre de fiction faut-il le dire, tout commence avec la découverte
d'une étrange sépulture dans le pays basque espagnol. Tout près de chez nous notez le bien ! Une bombe archéologique
sur laquelle tombe le préhistorien Nicolas Darvain alors que, par
extraordinaire, une équipe de télévision a décidé de le suivre à la trace
pour un reportage... qui prend dès lors une tournure pour le moins
intrigante ! Car il s'agit d'un squelette fossilisé, vieux de plusieurs
dizaines de milliers d'années. Or son analyse confirme qu'il y a décidément
quelque chose en nous de Neandertal. Et pas qu'un peu ! Car le pourcentage de
gènes néandertaliens qui perdure chez l'homme moderne peut aller de 1 à 4...
voire 66 % du génome !
le père (reconstitué) |
Pourtant il – a 11
ans Hervé Buschard avait écrit sur ce
thème, de "son frère Neandertal" !
mardi 26 septembre 2006
« Et si l’homme de Néandertal avait survécu ? S’il
n’avait pas disparu il y a 28 000 ans ? Alors nous ne serions pas aujourd’hui,
nous les Homo sapiens, la seule espèce d’êtres humains à vivre sur Terre..
Qu’est-ce qui a bien pu arriver à
Homo neandertalensis il y a de cela
28 000 ans ? C’est encore aujourd’hui un mystère. Mais les paléoanthropologues
ne désespèrent pas de le percer un jour. En attendant les hypothèses vont bon
train. L’homme de Néandertal est apparu sur terre il y a environ 300.000 ans pour
disparaître 272.000 ans plus tard. Sapiens, dont nous sommes les descendants,
n’est apparu, lui, qu’il y a environ 200.000 ans... Il semble donc que
Néandertal soit notre « grand frère » !
Les paléoanthropologues sont
pourtant sûrs d’une chose : si Néandertal et Sapiens ont cohabité pendant 172.000
ans, ils n’appartenaient pas à la même espèce. Nous possédons cependant un
ancêtre commun : Homo ergaster,
apparu lui il y a 2 millions d’années. L’isolement géographique des différents
groupes « d’hommes » qui ont colonisé la planète par la suite les a fait
évoluer dans des directions distinctes. Puis les mutations génétiques ont fait
le reste. Quand ils se sont retrouvés plusieurs siècles plus tard, Néandertal
et Sapiens n’étaient plus interféconds, bien que très proches physiquement. On
a pourtant découvert de jeunes hybrides « probables » entre les deux espèces
mais en nombre très limité, ce qui porte à croire qu’à l’instar des autres
espèces animales, si des croisements étaient possibles, ils produisaient des
individus non viables, ou eux-mêmes incapables de se reproduire.
Mais qui était donc Néandertal ?
Un homme, oui, assurément. Et bien loin de l’image de brute épaisse qu’on lui a
collée depuis sa découverte en 1856. Il possédait des capacités cognitives
identiques aux nôtres, était un excellent chasseur et même enterrait ses morts,
prouvant par là qu’il s’interrogeait sur le devenir de
l’être après la vie. On a d’abord pensé que Néandertal était « inférieur » à
Sapiens qui l’aurait supplanté grâce à sa plus grande adaptabilité et à son
intelligence. On a la certitude aujourd’hui que Néandertal était un être au
moins aussi intelligent que Sapiens (le volume de son cerveau, légèrement
différent du nôtre, était même supérieur !) et pour ce qui est de
l’adaptabilité, on sait que Néandertal a été le premier à coloniser le Nord de
l’Europe et qu’il s’en est très bien porté pendant plus de 100.000 ans ! Il
semble aussi que des « échanges » culturels aient eu lieu entre les deux
espèces. Certains outils en effet leur sont communs, même si chacun avait des
outils ou des armes qui lui étaient propres. Enfin tous deux possédaient un
sens artistique certain et reconnu. De toute façon, même s’il y a eu des
périodes « d’alternance » d’occupation de l’Europe en particulier, au gré des
changements climatiques, Néandertal étant plus adapté au froid et Sapiens au
climat tempéré, on peut sans risque imaginer que les deux espèces se sont
croisées à plusieurs reprises pendant les plus de 1700 siècles où elles ont
occupé la Terre simultanément !
Alors guerres tribales ? Rivalité
territoriale ? Ou plus probablement épidémie virale rapportée des climats
tropicaux par Sapiens et qui aurait décimé la population néandertalienne qui
n’était pas immunisée ? Toutes les hypothèses sont envisageables, et aucune à
ce jour n’emporte l’unanimité. Pourtant Néandertal ne s’est pas éteint
subitement. Sa population a dû décliner, sans doute à cause des changements
climatiques qui l’obligeaient sans cesse à migrer, ce qui l’aurait affaibli,
éparpillant les groupes d’individus et rendant les rencontres entre eux de plus
en plus aléatoires.
Qu’en serait-il, s’il avait
survécu ? Le monde aurait-il pu supporter le poids de deux espèces d’hommes
distinctes ? Sapiens a évolué dans des voies parfois très différentes, mais les
hommes qui occupent la Terre partagent tous le même patrimoine génétique (n’en
déplaisent à certains...) formant une seule et unique espèce. Ce qui fait dire
à la communauté scientifique aujourd’hui que la notion de « race » est tout
simplement impropre à l’espèce humaine qui ne connaît pas de subdivision. Même
si des différences physiques (uniquement dues à notre adaptation aux climats
dans lesquels nous avons vécu depuis des dizaines de milliers d’années) apparaissent
parfois entre nous (couleur de peau, forme des yeux), notre génome commun fait
que nous sommes interféconds, et que nos descendants le sont tout autant que
nous. Pour bien assimiler cette notion, souvenons-nous par exemple que les
tigrons (ou tiglons) sont les hybrides du tigre et du lion, mais qu’il sont
stériles. Les tigres et les lions sont donc bien deux espèces distinctes
appartenant à la même famille, celle des félins. De même pour Néandertal et
Sapiens. Deux espèces d’hommes distinctes.
Néandertal ? Sapiens ? un rôle de composition dans tous les cas ? |
Dans quel monde vivrions-nous
aujourd’hui aux côtés de Néandertal ? Un monde encore plus xénophobe et
ségrégationniste ? Ou au contraire un monde plus tolérant ? Car qui nous dit
que Néandertal, ce « frère » que nous n’avons plus et qui a pourtant passé sur
Terre plus de temps que nous, n’était pas, après tout, plus tolérant et
philosophe que Sapiens... ?
En étant pessimiste, il serait
tentant de croire que les difficultés seraient accrues du fait de la présence
sur notre planète d’une autre espèce humaine. Mais rien n’empêche d’être
optimiste, et de penser que notre savoir, notre cheminement intellectuel auraient
été bien différents grâce à Néandertal, et qu’il nous aurait peut-être menés à
plus d’amour et de respect de la vie humaine, quelle qu’elle soit. On peut
toujours rêver !
Hervé Buschard
un habitat (sapiens) du XVIè arrondissement, (à l'époque) |
PS : les fois précédentes :
vous y retrouverez les six épisodes précédents !