...El Mosaico Cosmológico de la Domus del Mithraeum ....en Mérida
C'est le génie du temps Aion en Arles qui m'a donné le déclic : il fallait absolument que je la voie : la mosaïque qui représente le Cosmos : la Terre ; les Océans ; et le Ciel. De quoi nous imprégner de la conception même de l’Univers par les Romains. Elle se trouve à Mérida, dans une villa romaine, la domus Mithraeum, ou casa Mitreo, un exemple intéressant de l'architecture domestique romaine du IIe siècle. Casa Mithraeo, car associée au culte (en Iran) du dieu Mithra. De là où nous sommes, il suffit de quelques (centaines) de kilomètres d'autoroute...avec un fuel un peu baissé...profitons-en !
C’est à côté de la salle à manger que l’on trouve la salle de la grande mosaïque cosmologique, remarquable pour sa belle polychromie, en particulier pour son bleu et or. Malheureusement, une majeure partie est absente, et il faut la grande science des archéologues pour la recomposer d’abord ; et pour l’interpréter ensuite. J’ai consulté de nombreuses publications pour vous livrer ce qui suit, merci aux experts espagnols et français pour leurs interprétations.
Un gros avantage est que le mosaïste a laissé des inscriptions partout, comme s’il s’agissait d’une grande bande dessinée, et que ces noms à eux seuls suffisent à la compréhension générale.
Il faut décomposer l’ensemble en trois bandes diagonales, en haut la sphère céleste ; au milieu la terre ; en bas l’eau.
tentative de reconstitution |
La terre est figurée par MONS et NIX, personnifiant la montagne (Mons), l'élément terre (peut-être le mont Olympe, demeure des dieux grecs) qui prend la forme d'un homme mature, alors que la neige (Nix) est une jeune fille qui soutient son bras droit autour de son cou. AVTVMNVS , les AESTAS et SEE sont à mi-chemin à travers la peinture, les représentations des quatre saisons (manque HIEMS, l'hiver). N’en reste que deux, avec leurs noms respectifs: autumnus (automne) et Aestas (été). En Autumnus on voit une partie de son bras dont la main tient deux grappes de raisin. Aestas est un enfant qui porte dans sa main droite une poignée de broches et est maintenu par le bras gauche par une jeune fille vêtue d'une tunique nous dirions aujourd’hui topless, qui a été interprété comme VOIR (printemps) avec dans la main gauche un bouquet de fleurs.
NATVRA, la Nature , est située sur la gauche de la composition, avec un grand manteau qui laisse le torse nu. NILVS et EVPHRATES sont l'incarnation des deux grands fleuves de l'antiquité. Le Nil est considéré comme un dieu, fils d'Oceanus . Les deux divinités aquatiques sont assises dans une atmosphère détendue, entourés de joncs, roseaux, navires, sources, enfants et nageurs.
En bas OCEANVS est, selon la mythologie grecque, fils de Gaïa (la terre) et Uranus (le ciel). Le monde a été conçu comme un disque plat et la mer était un grand fleuve qui l'entourait. C’est l'un des plus majestueux de l'assemblée. Ses traits sont ceux d'un homme d'âge moyen avec une barbe. Dans ses cheveux il porte les deux pinces de homard coutumières avec sa main droite un serpent de mer. Son regard dirigé vers les autres personnages qui composent la mosaïque dédiée à la mer. L'image d'Oceanus est complété par une lance et un harpon avec un dauphin. TRANQVILLITAS est la quintessence de la mer calme et est représentée ici par la figure d'une jeune fille nue avec de longs cheveux, ornée de bracelets et colliers. COPIAE , au pluriel, est la personnification de l'abondance et la richesse transportées par voie maritime. Elle est représentée par une figure féminine qui tient dans sa main la corne d'abondance. Un marin de son aviron, lui facilite le passage. Dessous, d’autres femmes laissent derrière le rocher dominé par Pharus. PHARVS peut être vu en bas au centre du groupe, bien que sa tête ait disparu. Il représente les phares facilitant la navigation. Peut-être une allusion au Phare d'Alexandrie ? Il apparaît comme un jeune homme nu, debout sur un rocher, tenant des deux mains une torche ardente. NAVIGIA est l'allégorie de la navigation et est représentée comme une femme, les cheveux tenus par un bandeau et, tout comme Copiae, tenant le symbole de la proue d'un navire.
Mon discours (traduit de l'Espagnol) en dit davantage que les images, peu lisibles, surtout le sommet arrondi de la mosaïque inaccessible aux visiteurs guidés par un chemin maçonné en hauteur, pour qu’ils ne marchent pas sur le site, et ne prélèvent les quelques tesselles restantes ! J'ajoute donc des croquis et même des essais de restitutions, pour que vous parveniez à suivre.
Sans vous en rendre compte, vous êtes peut-être devenus…un tout petit peu…
….Mithraéens ?
…quoique ce soit très compliqué, le mythe de Mithra incluant le sacrifice d’un taureau sacré, symbole sans doute repris dans la corrida d’origine.
Je ne vais pas me risquer d’ajouter cet argument à ceux des aficionados… !
Je ne vais pas me risquer d’ajouter cet argument à ceux des aficionados… !
Comme tout se tient, voici Mithra photographié au Musée d’Arles !
(oui, il est coiffé selon son habitude du bonnet phrygien)
(oui, il est coiffé selon son habitude du bonnet phrygien)