samedi 12 mai 2012

Aion, génie du temps...

...du temps qui passe !


Je reviens comme vous savez d’Arles, ville romaine, l’une des deux seules villes au monde où l’on peut voir Aion. Le Génie du temps. Du temps qui s’écoule sans revenir en arrière. Du temps circulaire qui tourne inlassablement comme changent dans la voute étoilée les signes du zodiaque. Comme reviennent en permanence les saisons. Les quatre saisons. Comme tournent les sept jours de la semaine. Comme se succèdent le jour et la nuit. La vie et la mort. Toutes ces notions vont figurer dans les mosaïques qui évoquent cet éternel sujet. Et comme précédemment, nous allons faire un tour partant d’Arelate,  se poursuivant en Allemagne, cette fois-ci c’est Munich, pour se terminer à Tunis.


   
Nous sommes en 1914, à Trinquetaille exactement, c’est la rive droite du Rhône, le côté opposé au cirque et au Théâtre, a priori le côté le moins prestigieux, c’est rive gauche que tout se passe, hier comme aujourd’hui. A Trinquetaille il y a une verrerie, elle cesse ses activités, et le chantier abandonné permet les fouilles. Joseph Granet découvre cette mosaïque dans une pièce d’apparat d’une villa romaine de la rive droite donc, et la nomme « la mosaïque du zodiaque ». L Véran la dépose en 1920, je suis toujours admiratif de cette façon qu’ont les experts de dérouler les mosaïques comme on le ferait d’une moquette, et de la transporter sans dommages (quoique…) dans le musée le plus proche.

Elle représente Aion, le génie du temps. Le jeune homme trône le bras droit passé dans le cercle du zodiaque, entouré et c’est là que l’iconographie rejoint l’éternité, par des amours signes des quatre saisons : l’hiver, bébé potelé voilé et associé au roseau ; le printemps, jeune fille portant une couronne de fleurs ; l’été, coiffé d’épis de bé ; reste l’automne, malheureusement très dégradé.

Tout autour de la composition, quatre tableaux représentant des néréides sur des taureaux marins. Et en bas, une scène dont j’avoue je n’ai pas trouvé l’interprétation…mais je cherche…


Alors me direz-vous, et Munich ? Vous savez que les mosaïstes romains aimaient les normes et recopiaient d’un bout à l’autre de l’Empire des ouvrages de facture identique. C’est vrai pour les mosaïques, et l’on peut retrouver les mêmes dessins à des distances phénoménales. Voici la mosaïque du musée de Munich, en réalité trouvée en Italie, dans la villa de Sentinum. Vous reconnaissez bien Aion maintenant, même s’il est debout. A ses pieds à droite, c’est Gaia la terre. Elle est entourée des quatre saisons, amusez vous à les identifier, c’est facile en regardant les vêtements. A gauche le printemps (Eiar). Théron, l’été. Phthinoporon, l’automne, et enfin Kheimon, l’hiver bien emmitouflé dans une chasuble.


J’ai trouvé autre chose, pour les jours de la semaine. Cette fois, nous partons au musée du Bardo à Tunis. Ah quel musée extraordinaire ! Dans la région de Zagouhan a été découvert ce grand tapis : les 12 signes du zodiaque (ils nous manquaient !). Et les sept jours de la semaine.

La figure centrale représente Cronos (la chronologie) ou Saturne, le dieu du temps, représentant Saturday. Je vous le laisse en anglais, car samedi ne fait pas penser à Saturne voyez-vous. Il est entouré de portraits :  Aphrodite (Friday, je vous le remets en anglais), Ares (mardi), Selene (lundi), Helios (dimanche), Hermes (mercredi), and Zeus (jeudi). Tout autour, ce sont les signes du zodiaque avec quelques manques : rien ; rien (Vierge) Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, manque (Bélier), Poissons, Lion, Taureau, manque (Gemeaux), et Cancer.


Je ne résiste pas à la tentation de vous remontrer les quatre saisons. Nous sommes encore en Tunisie. Sept portraits sur cette superbe mosaïque, représentant le soleil (Helios), la lune (Selene), et les quatre saisons. La figure centrale est  Kronos, le dieu du temps, ou bien  Zeus.


En Espagnol, on dit : "Cuatro Estaciones" : proche de Madrid le site de Complutum a abrité cette belle mosaïque aujourd'hui au museo arqueologico d'Alcala :


Vous voyez, à part le calendrier révolutionnaire,
on n’a pas inventé grand chose
pour rythmer le temps !