lundi 20 août 2012

Bâche posée


Il était temps : les orages s’annoncent, après cette forte chaleur ! Il faut pouvoir protéger les bagages dans la remorque ! Vous avez remarqué ? Autrefois, on disait des pays asiatiques, (je pense à l’Indonésie), que le travail n’y valant pas grand chose, les salariés avaient tout leur temps pour fabriquer des produits d'artisanat même sophistiqués, et nous exporter ainsi de la vaisselle (peinte à la main) ; des meubles anciens patinés (quoique neufs) ; des parasols en bambou, des statues (de Bouddha) ; des faux Van Gogh ; bref toutes ces choses qui envahissent notre quotidien.




J’ai fini (j’ai mis le temps) par comprendre que dans notre cher pays, il en était de même pour les séniors : leur travail n'a pas de valeur marchande, (quoique les retraites coûtent bien cher à la collectivité). Du coup, il n’est même pas pensable de les utiliser pour quelque tâche (d’intérêt général) que ce soit. En réalité, ils disposent de tout leur temps, donc d’un potentiel de création assez fantastique, si l’on y réfléchit bien.

A tel point qu’il devient, pour eux, possible d’entreprendre des tâches à la fois inutiles et extraordinaires : eux seuls disposent de cette ressource inouïe : le temps (qui leur reste) !

l'armature peinte, sont posés l'avant et l'arrière de la bâche roulée

Cette remorque en est un exemple parfait : elle ne sert à rien, sauf à occuper le sénior qui l’a imaginée, et à faire fonctionner ses neurones et ses mains. Vous me direz : -« pendant ce temps, il n’embête personne », ce qui est la moindre des choses.

Voilà donc (sans compter les jours ; ouvrables ; fériés, ni les vacances), le résultat final : rigolo comme je vous l'avais promis.

j'adore les oeillets de 1mm

Cette histoire me fait réfléchir : bâché, un modèle prend du volume, et devient plus important. Cette remorque s’accroche à la Kégresse RTM dont je vous ai déjà parlé (à l'adresse : http://babone5go2.blogspot.fr/2012/06/rtm.html). Je l’avais réalisée volontairement décapotée, parce que je la trouvais jolie ainsi, mais je dois bien avouer maintenant, par flemme de lui construire une capote !





Je me demande si je ne vais pas me lancer ?

Un travail pareil, inutile…et ...extraordinaire…

C’est…pour moi !

vendredi 17 août 2012

encore une bâche !

J’ai fini par comprendre que le modélisme, c’était comme la (haute) couture : d’abord il faut avoir l’inspiration (ça vous prend comme ça et quand ça arrive, il faut tout arrêter et s’y mettre, sinon c’est comme le bonheur dans le pré, ça fiche le camp sans crier gare). Dès que vous avez l’idée, il faut rechercher dans les stocks si on a les fournitures. J’en ai encore un peu ! Et puis après avoir réglé les tâches courantes, il faut s’y mettre. Ca commence par un dessin, (comme Léonard de Vinci le faisait). Et c’est une petite aventure qui s'enclenche…


Donc ça m’a pris, je suis dans la bâche jusqu’au coup, et j’ai décidé de refaire une bâche. Impossible de trouver du nouveau tissu, il faut rentabiliser les chutes restantes. Elément positif, Octant (grâces lui soient de nouveau rendues), m’avait livré du tube de 2,5mm, de quoi construire une galerie de toit qui a été inutile grâce à la rehausse (bâchée) du dernier van. Comme Michel Boullaud m’avait remis en tête ses histoires de Kégresse de la Croisière Jaune, j’ai repris ma remorque (déjà confortée grâce à ses garde-boues tout neufs), et ai décidé de lui ajouter une couverture protectrice, bien utile en ces temps d’orages.

Comme il faut qu’on voie l’intérieur, j’ai prévu de relever les quatre côtés avec les habituelles courroies. Et comme la couturière voulait un patron, j’ai piqué des feuilles A4 dans la photocopieuse et ça a donné cet OVNI.



Je n’ai plus qu’à peindre. La couturière n’a plus qu’à ajuster et coudre. Il reste quelques jours avant la fin août. Parce que là, ce sera la rentrée. Il faudra passer aux choses sérieuses.


Le résultat devrait être rigolo ?



à suivre…

lundi 13 août 2012

Cœur de beuf d’été


Il y a plein de variétés de tomates, et comme c’est la saison, on peut s’amuser à les collectionner. Je fais les courses, et dois satisfaire pour ce midi la commande suivante : 6 cœurs de bœuf (pour 6 personnes) destinées à des tomates farcies.


les tomates sont farcies, et la cuisinière verse dessus le coulis


Comme Michel Edouard Leclerc revend à prix coûtant le fuel déjà grevé de son prix d’extraction, auquel s’ajoute le raffinage, la distribution, et la TIPP flottante, je vais maintenant chez lui pour ravitailler mon véhicule, forcément un Citroën. Du coup, Michel-Edouard m’a astucieusement amené à rentrer dans son magasin, et je m’y rends donc à la recherche de la fameuse tomate. Je réalise que Michel-Edouard se procure des quantités de variétés issues de la mondialisation, je vous cite par exemple : la Chris Ukrainian ; la Chilo della Cafargnana ; la Chianti rose ; la Clario purple ; la Cleota pink ; à ne pas confondre avec la yellow ; la climbing trip ; la cœur d’Albenga (tiens, on se rapproche) ; la Cœur de bœuf blanc (on chauffe) qui bénéficie d’une IGP en Italie. La cœur de bœuf de Jérusalem, en forme de cœur, jaune. Ce n’est pas encore tout à fait ça. La cœur de bœuf jaune, finement côtelée, elle, est rouge. Pourquoi alors la nommer jaune ? Les fruits dépassent 300 g. Je crois que ça ira. J’en prends 7 pour 6, il y aura du rab. Michel-Edouard n’en fait pas cadeau, c’est la plus chère (la marge qu’il ne prend pas sur le fuel il la reporte sur la tomate). J’en ai pour 13,95 €. « Quand-même » comme on dit à Toulouse. C’est la Toulousaine qui rentre chez Lacroix à Toulouse, elle est parée comme un arbre de Noël. Elle demande à la vendeuse : -« combien cette écharpe » (Lacroix en soie). – « 800 Euros, Madame ». –« Ah quand-même ! » rétorque la cliente. Et elle fuit le magasin !

Je rentre donc en héros avec mes 7 tomates, et voici la transformation.


Je me suis aperçu à force de lire les magazines féminins que nombre de photographes, en mal d’inspiration, photographiaient les plats, ce qui suscite toujours de la part du lecteur une sollicitation des papilles, le conduisant à apprécier sinon la photo, du moins ce qu’elle représente comme plaisirs-gustatifs-putatifs.


la vérité oblige à dire qu'ayant des ados à table, on leur avait préparé aussi
des sarladaises, qui ont (comme prévu) disparu instantanément

Je me lance donc dans cette voie

prometteuse de petits bonheurs

(comme ceux de Philippe Delerm)

sans apéritif, ce serait un peu "austère..."

"nous récusons l'austérité, au profit de l'effort juste" !

...mais qui donc a dit ça ?

Jeux de bâches, couleurs, et cuir

 Mêmes matières pour réaliser les bâches ; capotes ; tendelets de tonneaux. Mêmes assortiments de couleurs, bordeaux-noir ; bordeaux-gris. Un jeu pour l’été d’assortir travail et sorties. Le plaisir d’une collection, où chaque pièce en appelle une autre…






J’aime beaucoup les petites bâches ; les œillets, et autres courroies


les photos ont ceci d'implacable qu'elles mettent en avant les défauts !
Il y a 7 ans, je ne peignais pas le radiateur en noir !
il suffisait d'une heure pour démonter ; peindre et remonter !


du coup les torpédo sont plus homogènes !
Des radiateurs non peints, j'en ai d'autres...

...mais ça ne va pas traîner !

Camionnette RC bâchée : finie !


Voilà la transformation terminée : il aura fallu quatre mois, décidément, je traîne ! Les parois de lattes ont rejoint l’intérieur de la caisse, avec deux ampoules bien cachées pour procurer une lumière indirecte. Dessous, c’est une usine à gaz, qui cumule les appareils de la radio-commande, et surtout les fils destinés aux éclairages. Comme je ne me fie pas au neutre, car les raccords de peinture provoquent tout le temps des défauts, chaque ampoule est raccordée avec deux fils, cela en fait pas mal !


Je viens de rédiger le mode d’emploi, et reconnais que c’est bien compliqué. Mais après tout, ce genre de Jouet (je mets une majuscule) est destiné aux hommes du sexe masculin, adultes et dépassant quarante ans, justement parce qu’ils peuvent réfléchir  :

interrupteur en arrière = ON

D’abord on actionne l’interrupteur dans la caisse, pour mettre le contact général. Led vert au tableau.
 

Premier cas : on est casanier, (vous verrez, on le devient tous un jour) : on cherche simplement à allumer phares ; feu rouge arrière ; et éclairage de la caisse : on se rend au tableau, et (avec l’ongle, en effleurant les leviers fixés (souplement) au plancher, on pousse (vers la droite) l’interrupteur. Miracle : le témoin rouge s’allume au tableau (à côté du vert déjà allumé). Ca c’est ce qu’on voit dans la cabine. Ressortant la tête, on voit bien les phares allumés (devant) ; le feu rouge (arrière). Et la caisse déjà ouverte puisqu’on a actionné l’interrupteur. Ouf !


On referme l’interrupteur (pour économiser la lumière, en tous cas c’est ce que je fais en permanence à la maison). La led rouge s’éteint. On referme les portières : on va partir !


On en arrive au second cas : on va faire mouvoir le véhicule.

Alors ça se complique : d’abord, il faut allumer l’émetteur, antenne déployée. C’est là que l’on se rend compte que les piles sont déchargées, c’est toujours agaçant car il faut les recharger, et on en a pour un moment. On va cependant faire comme si vous aviez prémédité la manœuvre, donc comme si la nuit précédente vous aviez rechargé les batteries. L’émetteur est donc allumé, toujours en premier. Led rouge et verte.


Maintenant on trifouille (avec le doigt) sous le longeron droit : c’est là qu’est incrusté l’interrupteur du récepteur. Je sais, ça fait le troisième interrupteur. C’est comme ça, ce Jouet n’est pas destiné à n’importe qui. Pour l’allumer, il faut aller en arrière, je reconnais que j’aurais pu le mettre à l’envers (il n’est pas trop tard), mais la torsion des fils qui sont fixés de construction ne le permettait pas, du moins pas aisément. La manœuvre étant faite, le servo de direction doit tressauter. Quand on l’a fait une fois, on reconnaît pour toujours le tressautement de la direction, petit réflexe rassurant qui dit que ça fonctionne.

l'avant étant à gauche, le longeron droit est en bas !
à gauche, la barre de direction. à droite, vous voyez l'interrupteur sur OFF ?
dessous, le récepteur, à droite le variateur

Alors maintenant commence la partie de plaisir, car en actionnant le levier droit à droite la direction tourne à droite (remarquez elle aurait pu aller à gauche, dans ce cas, il faut actionner le bouton d’inversion que Monsieur Futaba, dans sa grande sagesse, a imaginé pour résoudre le problème, ça prouve qu’il existe assez souvent, en tous cas au Japon). On peut aussi tripoter le trim pour régler la ligne droite parfaitement. On peut aller à gauche. Enfin on va pouvoir y aller quand on aura démarré. Mais déjà le fait que ça remue est très, mais très réconfortant : on a bien un Jouet radiocommandé ! Et le volant tourne tout seul : avec le conducteur invisible ! Le coup du volant qui tourne représente une grande satisfaction pour le propriétaire !















Pour démarrer (il n’y a pas de clignotant, ça sera pour le prochain projet), on avance vers l’avant le levier gauche, celui du moteur. Miracle, la voiture démarre doucement, dans la mesure où le conducteur averti manie les manettes avec douceur, sinon on casse tout, voilà pourquoi je ne conseille pas de confier l’objet à des gamins. Elle démarre et peut faire des virages, si l’on synchronise la main gauche (accélérateur) et la droite (direction). Le levier en arrière elle recule ! On n’arrête pas le progrès : on peut faire un créneau !

Je propose qu’on en finisse : on fait demi-tour, on revient (attention de face la voiture se conduit à l’envers car en mettant le volant à droite elle part sur votre gauche, vous comprenez que l’on ne puisse faire confiance à une femme pour exécuter ce genre de manoeuvre ? ). Et on s’arrête aux pieds du conducteur (attention il n’y a pas de pare-choc faites donc attention). Il n’y a pas de freins non plus sauf le frein-moteur.

Fatigués (déjà) de ce petit jeu, on re-tripote le dessous du longeron droit, en poussant vers l’avant. Le récepteur est déconnecté. On ouvre les portes arrière (puisqu’on les avait précédemment fermées), et on pousse l’interrupteur vers l’avant. Ouf : véhicule déconnecté. Et seulement maintenant, on ferme l’émetteur. En dernier. Puis les portes arrière.

voyants éteints

Ouf, on peut remettre la voiture dans sa vitrine (qu’elle n’aurait jamais dû quitter ?). On se contentera la prochaine fois d’allumer les phares. Ca suffira pour éviter un trop grand stress.

Mais ce n’est pas la même chose de ne pas la faire fonctionner alors qu’elle le peut. Et de ne pas la faire fonctionner tout bêtement parce qu’elle ne le peut pas. Dans ce dernier cas, il lui manque la « capacité de ». Dans l’enseignement, c’est justement cette capacité de que l’on sanctionne par un certificat (de capacité). Ce Jouet Citroën l’a.

CA CHANGE TOUT.

Vous suivez ?

Vous en voulez un ?

dimanche 12 août 2012

Ca chauffe à Villeneuve Lecussan


Vous ne trouverez pas grand chose sur internet concernant Villeneuve-Lécussan, petit village de Haute-Garonne : nous sommes entre gens « normaux » du 31 (pas du tout sur leur 31, et les silhouettes rondes sont majoritaires), locaux, mécaniciens et agriculteurs, et tous les ans a lieu le premier dimanche d’août la fête des battages : occasion de ressortir de leurs granges les vieilles remorques de bois, tirées par les vaches coiffées du joug. Les vieux moteurs. Les vieux paysans qui parlent encore à l’oreille des vaches. La consécration étant la sortie par Gilles Monill de sa dernière machine à vapeur.

Lui, parle à l’oreille des locomobiles.


chacun reçoit dans la paume un coup de
tampon de l'Avenir sportif !




Comment vous dire : vous connaissez le musée Schlumpf, à Mulhouse, le temple de la belle voiture d’avant-guerre, et de la marque Bugatti ? Vous savez nos amis britanniques fans de live steam, chez nous de machines à vapeur-vive, qu’ils réunissent dans des fêtes immenses, après s’être baladés sur les petites routes (en roulant à gauche qui plus est) avec d’immenses tracteurs à vapeur, des locomobiles ?

Le père de Gilles était ferrailleur. Un métier permettant au fil du temps de récupérer toute machine obsolète, faite de métal, pour recycler la matière première. C’est comme cela qu’ont disparu presque toutes les locomotives (sur rail) et locomobiles (sur route)  françaises, « à la ferraille ». Figurez vous que le père de Gilles aimait les machines routières ou fixes servant aux travaux agricoles. Et dès qu’il en trouvait une à « ferrailler », il l’achetait, mais au lieu de la démonter, l’entreposait. Serrée contre la précédente dans un premier hangar. Puis un second. Un troisième. Il m’est arrivé dans une vie antérieure où je pratiquais la « live steam », et vivais dans le Gers, de visiter Gilles à Laas où il réside, d’escalader, en grimpant sur les rayons des énormes roues, la cabine d’une locomobile, c’est à dire très haut, pour  dominer le rassemblement inouï de machines juxtaposées, serrées, et finalement sauvées.























  















Car le défi de Gilles, qui a succédé à son père, est de préparer tous les ans une machine nouvelle. Il a acquis au fil du temps tous les outils vendus à la casse, des tubes de chauffe ; des pièces détachées ; des clés ; des tarauds parfois immenses. Qui ne valaient plus rien. Non seulement il dispose ainsi du musée Monill de la machine à vapeur, mais de tous les accessoires qui vont avec. Vous savez que notre fabrication française était réalisée par la SFV, la société française de Vierzon, dans des hangars conçus par Eiffel, et que nous produisions de petites machines fixes Merlin, qu’il fallait tracter sur place.

Pas comme les gros tracteurs anglais ou américains. Justement, il possède plusieurs de ces fabrications étrangères conçues spécialement pour l’exportation vers la France, vers les vignobles de Bordeaux par exemple, ou pour de gros labours dits « au treuil », et qui n’existent plus dans leurs pays d’origine ! On vient lui marchander sur place, pour rapatrier le John Fowler notamment ! Il résiste !

Quel homme !




























Et tous les ans, il exhibe sa dernière restauration à Villeneuve-Lécussan. Les connaisseurs se rassemblent autour de la machine. La chaudière alimentée au chêne sec s’enflamme. La vapeur commence à sortir. Et la machine qui est gigantesque et pèse des tonnes se met en route avec aisance, dans un silence extraordinaire, de simples chuintements, des respirations, des soupirs cadencés, le merveilleux bruit de la vapeur, dans l’odeur enivrante de l’huile chaude !  On est fascinés comme devant les engins du Royal de Luxe à Nantes. Mais ce n’est pas Nantes, nous sommes à la campagne, et il n’y a pas de journalistes !

Pas besoin de célébrité pour être heureux, l'ambiance avant-guerre suffit, et après avoir bien admiré les locomobiles, les mille visiteurs font la queue en attente du banquet (je me demande si la majorité ne vient pas que pour ça), pour partager l’amour d’autres vapeurs : le clou, reste le repas du midi (il y en a un autre le soir pour les récidivistes) avec force vins ; canards ; poules et confits. Le légume roi, est le haricot, dont on se gave, avec une certaine malice, en en assumant toutes, je dis bien toutes, les conséquences, fussent-elles collatérales comme on dit dans le langage des armées ! Les tracteurs font assez de potin pour camoufler les pétarades de ce grand orchestre mécanique !


On s’amuse bien à la campagne ; on chauffe les poules au pot ; on chauffe les chaudières pour faire de la vapeur ; on chauffe l’ambiance ; l’orchestre joue « Hello Dolly, c’est magnifique », et sous le hangar, il fait très, mais très chaud.


on fête les copains, on boit du vin… !

on se frotte aux grosses dames…

…et de temps en temps, on entend le sifflet :

tiens, c’est le Fowler de Gilles qui chauffe !



c’était l’année dernière :