mardi 20 septembre 2016

Patrimoine (2) Da Vinci Code (8)

voilà le vrai
Je viens de vous parler de Patrimoine : n'est-ce pas l'occasion de faire le point de la suite...

                 ....da Vinci Code à St-Gau ? 

Numéro 2 de Patrimoine, mais numéro 8 de Da Vinci Code !

                     Vrai, faux ?

Original ? moulage ? reproduction ? copie ? réplique ?

Eternelle question en Art : qui est le Créateur : Rodin ? ou ses élèves, mettant en forme l’esquisse (géniale) du Maître : Rodin ou Camille Claudel ? Rodin ou le fondeur (génial) mettant en œuvre le plâtre d’origine, transformé en cire perdue, pour devenir fonte, un exemplaire d’abord, six originaux ensuite, les autres étant des tirages identiques. « Tirage », encore un mot de plus.

En édition papier, l’original est un princeps. Ensuite on tire des exemplaires, plus ou moins numérotés, sur du papier plus ou moins de qualité. Dans tous les cas, une dédicace de la main de l’Auteur va mieux que tout distinguer l’exemplaire précieux, surtout si la dédicace (illustre) s’adresse à un lecteur aussi, voire plus illustre encore.

Mes Jouets Citroën sont des répliques des originaux, tirés eux-mêmes à plusieurs dizaines d’exemplaires. Utilisant les mêmes outils de découpe et de presse des tôles embouties, ce sont les mêmes sauf  à être neufs car plus récents. Quand je crée un prototype, c’est bien un véritable original puisqu’en un seul exemplaire, jamais créé. Ce n’est pas une réplique puisque je crée un nouveau modèle. Mais il s’inspire d’un original ancien. Il est lui-même la maquette, ou la miniature, de vraies automobiles anciennes. Elles sont d’avant-guerre, notion décisive qui leur donne davantage de valeur, puisque la guerre a rendu ces objets survivants rares.

voilà le moulage en place

Le buzz du jour est un Antiquaire, parisien donc célèbre (nous sommes dans le pléonasme). Il faisait réaliser de vrais-faux, inspirés des originaux d’autrefois, avec les mêmes pratiques de création. Déjà pas mal, tellement que les vrais acquéreurs les payaient des fortunes, croyant avoir à faire à des éditions princeps. Le marchant s’était fait faire des fers copiés des originaux, qui lui permettaient de reproduire les vraies signatures d’origine. Il a berné son monde pendant des années, malgré le génie de ses originaux, puisqu’il se payait le luxe de créer « à la manière de… », tout en inventant des formes nouvelles et des décors dans le style XVIIIè. J’avoue être fasciné par ce genre de personnage, dans la mesure où il possède un savoir-faire génial.



Je m’amuse beaucoup avec les chapiteaux, dans la mesure où dans notre cloitre reconstitué, cohabitent  des originaux et des moulages. Les originaux sont en marbre, que l’on distingue aux paillettes de mica incrustées dans la pierre. Ils ont été sculptés un par un par un compagnon. Un fortiche, lui aussi « capable de… », une vraie qualification professionnelle, et un vrai goût artistique. Comme le décor est unique, il s’agit bien d’originaux.

Si à partir d’un original je tire un moulage, et que je l’installe sur une colonne de marbre, reposant sur un piédestal de pierre. En incluant le tout dans la reconstitution d’un cloitre, je réalise une œuvre qui restitue à l’identique le décor. Et l’ambiance propre au recueillement des visiteurs. Si au même moment je retrouve l’original, que puis-je en faire puisque le moulage a pris sa place ?

pour vous montrer le plan du Cloitre de la Collégiale
sur ce qui était la Place Royale, devenue Jean-Jaurès

Je vais le mettre en valeur dans une belle salle de notre Musée, pour mettre en évidence sa rareté, à laquelle est attachée un prix : je vous ai raconté que le prix avait été négocié à 90.000 Euros, et qu’il aura nécessité la contribution des plus Hautes Autorités de la République pour réunir la somme, remise au fameux marchand belge, en échange du chapiteau original. Nous attendons l’inauguration du Musée, et j’espère une belle salle romane, avec le chapiteau sous vitrine ?


C’est là que je vous propose une suite tout aussi amusante.

Dans notre cloitre il y a donc des chapîteaux vrais. Et de simples moulages. Quand je dis qu’ils sont « simples », il aura fallu tout le doigté de vrais spécialistes pour savoir créer le moule. Glisser dedans une résine englobant des poussières de marbre ; le démouler après séchage, et le revêtir d’une patine telle qu’elle confonde les simples curieux. Reproduire un original n’est pas à la portée de tout un chacun, ce qui explique le prix des reproductions de qualité telles qu’elles sont vendues par le Louvre par exemple.

ça c'est le vrai.....

Un moulage d’un vrai peut donc contenter, durant des années, des amateurs éclairés : quand ils veulent méditer dans leur jardin devant les Pyrénées, ils s’assoient sur leur banc, et contemplent leurs antiques avec une âme apaisée, prenant du plaisir aux belles choses créées par Dieu et par les hommes. Quand ils veulent voir l’original, ils se déplacent au cloitre, visitent la Collégiale, et donnent à leur âme un supplément de plaisir…surtout qu’ils vont rentrer chez eux et recommencer leur manège. Il s’agit de Pierre et Hélène C. dont je vous ai parlé.

Je me promène comme je vous l’ai dit, le nez en l’air, le nez au vent. Comme les chercheurs d’épaves, sur mer et sur terre, j’ai flairé, écouté les histoires, observé les signes. Je ne marche donc pas tout à fait par hasard, et plus le temps passe, plus les âmes disparues me parlent. Guident mes pas. Me font rencontrer les témoins de l’Histoire. Ils me parlent et je les écoute avec attention.



Je tombe donc là-dessus : le décor est rupestre, des plantes sauvages du printemps : le dépôt est sur palettes depuis un certain temps. Les palettes sont le témoignage d’une manipulation humaine, à l’aide d’un élévateur. Les cassures de la pierre jaune de Furne sont typiques de notre siècle, où des conducteurs d’élévateur sans trop de délicatesse ont arraché sans trop de soins ces pierres, cassant le marbre reconnaissable à ses paillettes de mica.


Si de mémoire je reconstitue l’édifice, je trouve de bas en haut une assise de quatre bases de pierre. Elles supportaient quatre colonnes de marbre, supportant elles-même deux chapiteaux romans. Deux colonnes par chapiteau c’est le montage classique. Ces chapiteaux je les connais : les originaux sont dans le Cloitre sur place. Mélangés à leurs homologues, il faut un effort pour les regarder attentivement. Ici étant séparés, il est aisé de constater que ce sont des moulages, je dirais en plaisantant : « des moulages originaux », tout à fait authentiques.

Deux chapiteaux rectangulaires accolés reconstituaient une base carrée. Dessus il y avait quelque chose ? Attendez un moment...

l'exploration n'est pas terminée...!


Qu’ils soient vrais ou faux

leur histoire est fort amusante

J’ai hâte de les voir rétablis dans le lieu auquel ils sont destinés.

il existe un « Deus ex machina » derrière tout cela !


Je vous en parlerai une prochaine fois !


à quand l'épisode 9 ?



les épisodes précédents :