vendredi 20 décembre 2013

André Abbal (cinquième partie)


la femme sur le bœuf ?

ultimes recherches !

Comme souvent, les publications posthumes changent quelque peu la réalité, transforment les faits, et mettent l’accent sur une des facettes du sujet : « l’apôtre de la taille directe » a vécu une vie, plusieurs vies "des périodes" dit-on pour Picasso, et a façonné en évoluant plusieurs facettes de son œuvre. Au début en particulier, pour vivre, donc pour vendre, Abbal comme tout le monde a du créer des œuvres plaisant à tous publics.

Ce qui plait (encore) au public, ce sont les bronzes, faciles à présenter, faciles à exposer pour les collectionneurs, et je décide de poursuivre mes recherches sur ce thème. Or qui mieux que personne sait vendre les œuvres des artistes, sinon les Commissaires-priseurs ? Ils sont les grands témoins de la circulation des œuvres et de leur variété. Et mieux, il conservent la trace et la description de leurs ventes.

Et je trouve !

Daté 1911, « le laboureur », deux bœufs de trait, avec derrière le laboureur, la longue badine à la main, qu’il posera sur le centre du joug, pour guider l’attelage. La photo est minuscule, mais la description donne : Le laboureur, bronze avec patine brune, 1911, dimensions 63x27x36cm.

agrandi, c'est un peu flou, mais on devine le bronze fixé sur un marbre.

Je vais faire comme si c’était la sculpture de Daniel Brisebois !

Mieux encore ! Briscadieu, grande maison d’enchères à Bordeaux, 15 décembre 1990. Lot 1980. Le titre est alléchant :
                          Femme sur le bœuf

Il s’agit cette fois-ci d’un marbre, dimensions 68x44cm, les mêmes proportions. Mais il n’y a pas de photos. J’adresse un email à cette vénérable Maison. Peut-être aurai-je une réponse ? En attendant, j'imagine que c'est le même marbre que celui-ci :
photo : Musée de Carbonne, coll Rauffet
Il existe de nombreux livres sur Abbal, en particulier celui édité par Briscadieu encore lui, en vente à Paris, 79 rue de Vaugirard, chez Courant d’Art. La photo serait-elle dedans ?

Et puis Rose Fernandez a pitié de moi : elle m'envoie quelques sépia d'André Abbal lui-même, des années 1931, montrant les premières épreuves d'une oeuvre qui aura ainsi fait l'objet de 14 ans entre les esquisses et la commande, puis dix ans avant l'inauguration. Il fallait bien vivre pendant ces vingt quatre ans !

première étude  en argile 1931
dernière retouche avril 1931
Je fais la même chose : pour vérifier les proportions, Abbal prenait des photos
vérifiant ainsi les défauts

ultime modèle, en pierre de Latoux
                                                                         
                                                                           Je cherche

Je cherche toujours !

Je trouve pour finir cet autre bronze : loin de l’apaisement, le taureau furieux emmène Europe avec violence : elle est ligotée sur le dos de l’animal ! Il s’agit d’une prise d’otage ! Elle est captive…! Ouf ! Un torero au torse puissant, manifestement sûr de lui, vient de se précipiter sur le monstre qu’il empoigne par les cornes. Il est déterminé et puissant, et a commencé de tordre le cou de la bête sauvage. Ouf ! Le preux chevalier va vaincre (on en est certain) la bête sauvage. Il va (à coup sûr) délivrer la princesse. Elle va tomber amoureuse, comme Europe de Zeus, subito presto. Et ils vont convoler, heureux, eux aussi apaisés… !
  

son nom est Ivan : il ne peut supporter que Zeus ne fasse qu'à sa tête et emporte Europe
Evgraf Semonovich Sorokin : "Ivanus movets stopping angry bull"

Encore une fois Europe…

...mais elle n’est pas d’Abbal !