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l'Administration française a une autre perception de la même chose : "il n'y a pas de problème que l'absence de solution ne finit par résoudre" |
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"Quand j’étais enfant, et que mes angoisses m'empêchaient de dormir, je trouvais parfois refuge dans la lecture de la Bible. Et chaque fois que je lisais la Genèse – parmi les mille et un points qui interpellaient mon esprit d’enfant – je ne comprenais pas pourquoi Adam et Eve avaient été punis pour avoir consommé le fameux fruit de l’arbre de la connaissance".
Ce texte n'est pas de moi. Je l'ai trouvé intéressant, il est signé in fine de Wilfried M, ce qui ne nous apprend rien sur l'auteur. Il lisait la Bible enfant, cela évoque un monde disparu que j'ai connu puisque même nos enfants ont lu la Bible. Avant la BD, les mangas...avant la télé, et surtout les smarphones, où les enfants d'aujourd'hui trouvent toutes les réponses à toute question existentielle...!
je reprends le texte de Wilfried
"La connaissance, c’est à priori quelque chose de positif. Pourquoi une telle sévérité ? Pourquoi châtier ceux qui, sans commettre de crime, n’avaient fait que désirer comprendre, accéder à la connaissance ?
Cette interrogation candide, que j'avais alors plus jeune, ne tarda pas à se muer en certitude un peu plus tard — ou du moins en une conviction intime, tenace. Et si la métaphore d’Adam et Ève, celle de l’arbre de la connaissance, recelait une vérité profonde ? Et si la quête de la connaissance, de la lucidité, ne revenait en définitive qu’à s’engager sur un chemin déjà jonché de ronces et de souffrances ?
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évidemment, ce sont ces lignes qui m'ont conduit à poursuivre !
"Oui, l’homme a acquis la capacité de penser le monde, de se penser lui-même, d’anticiper l’avenir et de méditer sur le passé. Mais ce progrès cognitif n’a pas été (et n’est pas) sans revers.
yes !
"En effet, en acquérant la conscience de soi, la conscience réflexive, l’homme s’est certes détaché des autres espèces animales (qui vivent pleinement dans l’instant, guidées par leurs besoins immédiats, sans conscience de leur finitude ni angoisse du sens). Cependant, cette évolution cognitive/de conscience a entraîné avec elle son lot de tourments et de dilemmes existentiels, un fardeau de questionnements sans fin, qui, loin de le libérer, l’ont plongé dans un labyrinthe d’incertitudes et de souffrances".
il suffit juste d'observer ce qui se passe dans la nature.
"Les lions, chiens, chats, moutons, et tant d’autres mammifères, ignorent le sens de la vie, le poids du temps, la mort à venir : ils vivent, tout simplement.
"Ces espèces ne veulent pas résoudre le mystère de la vie.
"Elles le vivent tout simplement et l’acceptent sans le questionner, sans chercher à le décortiquer, et trouvent peut-être dans cette ignorance instinctive une forme de sérénité que l’humain a perdue en devenant un être lucide et conscient.
De son côté, l’homme ne cesse de penser. De jour comme de nuit.
Même quand l’être humain dort, il pense.
Victor Hugo, qui a quasiment tout dit sur tout, a dit :
sachez...pensez...rêvez...!
Et cette quête de connaissances, cette pensée - qui est aussi son plus grand atout- le condamne à l’angoisse permanente.
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-“Qui suis-je ? Pourquoi suis-je là ?”
“De quoi demain sera-t-il fait ?”
-“Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?”
-“Comment de rien, a-t-il pu émerger quelque chose ?”
-“Pourquoi cet être que je chérissais tant est à présent un corps froid, sans vie ?”
-"Le reverrai-je simplement un jour” ?
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"C’est sans doute pour répondre à toutes ces angoisses metaphysiques et ces questionnements que les êtres humains ont ressenti le besoin de créer des mythes explocatifs, des religions.
"Sans cela, ils auraient peut-être été voués à l’inaction, à la mélancolie, voire à une forme de suicide collectif, écrasés par le poids de l’incertitude et le vertige du néant.
"Mais voilà : si les religions proposent des réponses simples et minimales, l’homme, en tant qu’« être pensant », ne peut s’en contenter. Les réponses apportées par les religions, loin de clore définitivement les interrogations, les relancent sans cesse.
"D’où l’émergence des sciences qui vinrent plus tard, de la philosophie, et plus largement de toutes les formes de quête de sens : art, littérature.
"Mais la connaissance est malheureusement un puits sans fond.
Nos amis - les philosophes sceptiques de l’antiquité- avaient bien compris le lot de tourments qu'impliquaient la quête de connaissances et de vérité.
"À peine croit-on avoir dissipé une énigme, résolu une question, que d’autres, plus vastes et plus troublantes, apparaissent. Etrange paradoxe : plus nous savons, plus nous prenons conscience de l'étendue de notre ignorance. De sorte que notre soif de savoir ne sera jamais étanchée ! Ce qui peut être assez frustrant quand on y pense.
“Je sais que je ne sais rien” disaient l’ami Socrate...et Jean Gabin
"De manière plus terre à terre, et sans convoquer nécessairement les récits fondateurs ou les symboles religieux, les grands questionnements métaphysiques, on pourrait simplement considérer l’expérience humaine la plus banale : celle du regard lucide posé sur le monde.
"Observez seulement autour de vous.
👉🏻N’avez-vous pas remarqué que les êtres les plus lucides sont parfois les plus mélancoliques, les plus tourmentés ? (En même temps, comme disait Krishnamurti « Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade »)
👉🏻Que les êtres les plus lucides peinent parfois à trouver leur place dans ce monde, ne serait-ce que parce qu’ils ressentent un sentiment de décalage avec les autres ? Que leur conscience aiguë du réel, des injustices systémiques, de l’absurde et de la fragilité de toute chose, les empêche de se satisfaire des illusions collectives qui rendent la vie supportable à tant d’autres.
"Ainsi - et pour conclure malgré tout sur une note positive - vous voyez donc que la connaissance, loin d’être ce don sans ombre que l’on pourrait imaginer, fut peut-être - et continue à être - à l’origine de notre malaise et malheur existentiel.
La connaissance a arraché l’homme à l’innocence animale, le condamnant à la lucidité, et avec elle, à l’angoisse, à l’insatisfaction, à une forme de solitude intérieure.
Le mythe d’Adam et Ève ne serait donc pas tant une condamnation divine qu’une allégorie puissante de ce passage irréversible : celui par lequel l’homme devient un être conscient — et, en cela, tragique.
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à Dinard, Ève en bronze 1875 de Gaston Guitton, est appellée par les locaux "Madame Cuverlo" |
Ce nu aux formes très généreuses est tout de bronze vêtu. Ève tentée par le serpent est née des mains du sculpteur vendéen, Gaston Guitton (1825-1891), originaire de La Roche-sur-Yon (Vendée). Toujours propriété du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, la célèbre statue dinardaise retrouve sa place, ce vendredi matin 22 mai 2015 , le long de l'avenue George-V, sur le belvédère au-dessus de l'ancien aquarium, après avoir été restaurée. Un lifting au bout de cent quarante ans, au bénéfice de ce très bel écrin qu'est le nouvel hôtel 5 étoiles Castelbrac, c'est raisonnable pour une séductrice... C'est que la belle en a fait tourner des têtes !
La longue histoire d'Ève débute à Paris, en 1875, lors du Salon annuel organisé par le ministère de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, au palais des Champs-Élysées. D'emblée, l'oeuvre attire les foudres d'un critique, le bien nommé Charles Bigot. Celui-ci a véritablement la statue dans le nez. Il la trouve « médiocre ». L'homme fustige « ces seins énormes et disgracieux, ce ventre ballonné et plissé, ces jambes lourdes... Celle-ci est par trop préhistorique en vérité ! » Un jugement que ne partage pas un représentant du Muséum national d'histoire naturelle, qui tombe rapidement sous le charme de cette sculpture, audacieuse, stylisée et sensuelle. L'honorable institution la place, alors, au coeur du Jardin des reptiles, au Jardin des plantes. Elle ne bougera plus de là durant une soixantaine d'années.
Offerte aux Dinardais
Ève pourrait encore se trouver dans le Ve arrondissement de la capitale, si un certain Jean-Abel Gruvel, éminent professeur du Muséum, n'était pas tombé amoureux transi de la belle, lorsqu'il était étudiant à Paris. Un beau jour de 1935, le jeune homme enlève donc la demoiselle immobile, met le cap sur la côte avec elle dans ses bagages, et installe ce nu sur le toit de la nouvelle station marine de Dinard, dont il prend la direction. Si l'oeuvre avait coulé des jours paisibles à Paris, elle va vite être la cible de violentes attaques dinardaises. Une ligue de vertu, menée par le notaire Louis Richard, dénonce l'indécence et l'immoralité de la statue.
« Horreurs anatomiques »
Face à des actes de vandalisme qui se multiplient, le sang de Jean-Abel Gruvel ne fait qu'un tour. Le biologiste prend, alors, sa plus belle plume pour défendre sa dulcinée de bronze. « Cette sculpture a passé plus de cinquante ans de sa vie dans les jardins du Muséum, à Paris. Il est étrange que ce soit à Dinard, où durant tout l'été on peut contempler des horreurs anatomiques, à peu près aussi nues et certainement plus obscènes que notre magnifique statue de bronze, que l'on trouve à redire sous prétexte de la morale offensée. » Et toc !
À partir de ce matin, Ève va de nouveau étaler ses formes généreuses sur la terrasse du belvédère, à Castelbrac. Sans choquer personne. Bien au contraire !
Mais faut-il pour autant regretter ce choix ? Faut-il envier les animaux ou les ignorants pour la quiétude de leur existence sans conscience, pour leur indifférence au néant, à la mort, au non-sens ?
C’est ici que l’éclairage d’un certain John Stuart Mill peut s'avérer décisif.
"Oui, la conscience lucide expose à la souffrance. Oui, les êtres les plus éclairés semblent souvent les plus vulnérables.
"Et pourtant, Mill nous rappelle que ceux qui ont goûté aux joies de la pensée, de l’empathie, de l’art ou de la quête du vrai, ne voudraient jamais revenir en arrière.
"Aucun être ayant éprouvé ce que signifie “être pleinement humain” ne souhaiterait se transformer en une créature moins complexe mais plus satisfaite, comme un imbécile heureux ou un animal repu.
"Pourquoi ? Parce que le bonheur véritable, aussi imparfait soit-il, ne se mesure pas seulement à la satisfaction immédiate, mais à la profondeur de l’expérience vécue. Être lucide, c’est souffrir parfois plus intensément, mais c’est aussi aimer plus profondément, créer, comprendre, s’émerveiller, se révolter, rêver.
-- voici arrivé le troisième mot de Hugo ! --
"Et si cela nous condamne à une forme d’insatisfaction, c’est peut-être le prix à payer pour ce que nous appelons la dignité humaine. En fin de compte, et comme disait John Stuart Mill - “il vaut mieux donc être un homme insatisfait qu’un porc satisfait ; mieux vaut être Socrate insatisfait qu’un imbécile heureux.”
le plaisir de découvrir un mot combat la souffrance de celui qui pense trop ? |