dimanche 31 juillet 2022

Louis Floutier, Toulousain au Pays Basque (1)


marché aux fleurs à Ciboure

Je tombe une fois encore sur des peintres du Pays Basque, et leurs toiles m'enchantent, quand elles montrent Ciboure ; Saint-Jean de Luz, la Rhune, et la manière dont nos anciens, dans les années 1900, cultivaient la terre à la force de leurs boeufs, et pêchaient les thons avec leurs bateaux à vapeur : justement, j'en ai trouvé d'autres, peints par Louis Floutier. Demain, je vous montre ceux peints par George Masson, ce sera le 2ème épisode. Le Troisième, je découvre grâce à ... la marine Suisse du lac Léman, que les "vapeurs" sont... des "chaloupes" ! ce sera le numéro 3

Louis Floutier est né en 1882, non pas au Pays basque mais à Toulouse, où il suit une première formation artistique de cinq ans à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier d’Alexandre Laborde. Il intègre l’Académie des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Fernand Cormon en 1903. Il obtient le titre de « Premier Logiste » au Grand Prix de Rome en 1905. Voilà un "Toulousain-malin" ! 

Il participe à la Première Guerre mondiale (engagé volontaire), comme "camoufleur". Il décide de ne pas rester à Toulouse, et figurez-vous qu'il s’installe ... au Pays basque où il participe en 1919 à la fondation des Poteries de Ciboure avec son beau-frère Etienne Villotte (ébéniste de profession, 1881-1957) et Victor Lukas (Edgard Marcel Lucat, tourneur, 1883-1953), deux artistes qu’il a connus dans les tranchées. Floutier y travaillera deux ans, à décorer des poteries en grès et à créer un nouvel art-déco basque mêlant formes et inspirations de la Grèce antique à un régionalisme basque moderne.

 

En 1922, il s’installe seul dans un atelier de Saint-Jean-de-Luz et se consacre à la peinture du Pays basque, ses paysages, ses coutumes et ses habitants. Floutier s’intéresse beaucoup aux personnes : il dessine et peint de nombreuses scènes de rencontres, de danse, comme le fandango, ou de jeux, avec les quilles, la pelote, ses frontons et ses pelotaris… Mais il est surtout renommé comme paysagiste.

la Rhune, depuis la croix de Bordagain à Ciboure

autrefois, on se donnait rendez-vous à la fontaine

maisons à Sarre

église Biriatou



Louis Floutier n’est pas venu au Pays basque par choix, mais par hasard. Et l’attachement n’est pas immédiat : "Les circonstances seules m’ont amené dans cette région privilégiée, il dit lui-même qui ne s’offre point, qui ne vous fait aucune avance, et que l’on n’apprécie et que l’on aime vraiment qu’à la longue : j’y avais été appelé pour donner un essor artistique aux poteries de Ciboure. Pendant deux ans, je me suis surtout consacré à cela, mais j’avais tout de suite goûté le caractère très spécial et les incomparables beautés de ce Pays basque, qui m’est devenu à ce point cher que je ne veux plus le quitter. J’avais compris très vite qu’à l’envi il me fournirait l’occasion d’essayer d’en répéter le charme multiple, flexible et dense. À la lettre, séduit par le cadre qui m’environne, je tente de l’exprimer sur la toile". 

Promener son chevalet d’Urrugne à Ascain, de Saint-Jean-de-Luz à Mutriku, étudier les nuances des couleurs de l’ajonc ou vérifier si en amont d’Arnaga « la Nive est plus bleue » l’auront vite fait évoluer. Amoureux de la lumière comme beaucoup d’artistes du mouvement impressionniste, il est rapidement conquis par la mer, la montagne, avec la Rhune omniprésente, et les façades blanches des fermes du Labourd. Il peint de nombreux ports basques, des ponts, villages, marchés et maisons, des vues de la campagne et des collines basques, des paysages de Ciboure, de Socoa, Hendaye, Saint-Jean-Pied-de-Port, Olhette, Espelette, Ainhoa, Sare… 




tout un programme : deux boeufs, leur joug, les chasse-mouches en tissu basque, la remorque aux roues pleines, la maison basque avec le "sau" pour abriter la récolte en cas d'orage...

... toute mon enfance ! 





 

À sa mort en 1936 à Saint-Jean-de-Luz, Louis Floutier laisse derrière lui plus d’un millier d’œuvres, aujourd’hui dispersées dans des collections privées ou publiques. Une première édition d’un Catalogue Raisonné a vu le jour en juin 2017, présentée sur le site www.floutier.com (le livre n’est plus disponible à la vente). Cette édition comporte 300 pages et 970 illustrations, et précède la publication d’un ouvrage grand public d’une centaine de pages sur l’œuvre prolifique d’un peintre devenu basqje teue.

je tente ici bien modestement à donner envie de se plonger dans son oeuvre ...

... et de manger dans ses assiettes !

 attendant, vous aurez eu envie de toutes ces toiles et faïences toujours en vente chez les grandes maisons, dont Proantic...et même... sur ebay ! ! 


Le service “Cerbitzua” est en faïence fine à décor de scènes traditionnelles basques avec sur le marli une frise rouge et noire avec svastika. La svastika est une figure ornementale très ancienne. Depuis le néolithique dans différentes civilisations indo-européennes, le svastika a de tout temps été un symbole solaire. Il s’agit d’un symbole d’action, évoquant la notion de cycle, de régénération perpétuelle qui parle de l’éternité de la vie. Au Pays Basque, on les trouve sur des stèles funéraires et dans la décoration d’objets domestiques, meubles ou services de table en faïence. Les couleurs de ce service sont à majorité noir et rouge sang de bœuf, ce rouge foncé si spécifique de la région.







attelage sur la plage de Bidart : on ne ramassait pas le goémon uniquement en Bretagne !


et Louis a peint les bateaux de Ciboure et Saint-Jean de Luz


et ce que j'appelais "des vapeurs" dans le port de Ciboure ...


... sont en réalité, des "chaloupes" :

à suivre !

dans le port de Ciboure

demain... et après-demain !