Tout vient à temps à qui sait attendre… ! La peinture est un art tellement exigeant que j’ai décidé qu’on ne m’y reprendrait plus : un professionnel dispose d’une cabine étanche et pressurisée. De mastic pro. De fixateur meilleur qu’un apprêt. D’un pistolet (propre) diffusant un aérosol ténu comme un zéphyr. Des peintures et vernis adéquats. Ma terreur est notamment le noir brillant car quand ce noir sort de la buse de ma bombe, non seulement il distribue des gouttelettes, mais il peut aussi bien sécher en noir mat, même pas satiné, et c’est raté pour le brillant.
Donc je dépose ma maquette chez mon carrossier, le patron a 82 ans, du diabète et des maux d’yeux et de pieds terribles. Mais il veut absolument travailler car c’est son autorité qui est en jeu, son identité, sa raison de vivre. Il déambule dans l’atelier en chaussons en hurlant de douleur. Il commande une équipe de 6 ouvriers, dont son fils est le premier, et c’est un tournis constant, devant le nombre de bagnoles de toutes sortes qui déboulent à chaque moment de la journée, sans compter les experts car là, le patron ; le client surtout ; les ouvriers sont sous son autorité : l’expert est un oracle, il décide ce qui sera remboursé par l’assurance : c’est lui qui commande en réalité l’étendue du travail à accomplir.
Paradoxe malgré tout ce boulot (qui amène en ce moment à désosser entièrement une simple R25 pour lui peindre tout le châssis, ce qui suppose tout remonter derrière, fils électriques et toute la mécanique), le vendredi est chômé, car il faut bien rattraper les RTT !
le tableau de bord noir laqué |
Autre paradoxe psychologique cette fois, si j’arrive avec ma maquette, le patron (qui me connaît) consent à me faire plaisir, mais je passe après les vraies voitures puisque moi, je joue, les autres, avec leurs « caisses », ils travaillent forcément !
Je viens en passant : miracle, Saïd, qui est le Chef du laboratoire, a commencé de mastiquer. Je repasse : second miracle, il était difficile d’entreprendre de gros travaux un vendredi matin (l’après-midi est donc chômé), et il m’a réservé la cabine de peinture.
Interdiction d’entrer naturellement, et je photographie au travers des vitres de plexi. Un peu ternies, les photos ne sont pas très nettes. Mais Saïd s’amuse à peindre autre chose que des étendues planes de carrosseries, et se fait un honneur de réussir une belle peinture. Il a mis son œuvre précédente, la voiture pompier, comme fond d’écran de son ordi ! Comme un chirurgien, il traque les micro pustules et les ôte une à une. Une heure après on sera hors poussière, et il pourra vernir.
On aura ainsi de vendredi après-midi à lundi soir pour que ça sèche : un gros RTT de trois jours et demie. Je l’aurai dans la matinée de mardi !
Ca tombe bien, il re-pleut !
bientôt les prochaines neiges ?