dimanche 9 juin 2013

Dos au mur


Vous avez en tête cette plaisanterie du mec qui tombe du 125è étage, et qui (pour le moment) est en chute libre : « pour le moment, ça va ! ». Pour le moment, car il va s’écraser un jour (à vrai dire dans quelques instants) au sol. Même une grande toile de pompiers qui viendrait se déployer au pied de l'immeuble n’amortirait pas sa chute. Pour la France, il n’y aura guère que l’Europe pour jouer aux pompiers. Pourquoi passe-t-on son temps à la dénigrer, après avoir co-voté ses décisions en faisant semblant de ne pas être informé des traités que nous avons signé, quel double jeu !

Donc nous, la France, on va…encore ! Et nos médias s’arrangent pour agrémenter la chute (pour le moment ça va) de faits divers, de digressions oiseuses, aujourd’hui Roland Garros ; demain le Tour de France, après-demain (c’est dans un mois) les vacances. Même les Ministres pourtant chapitrés vont (devoir) partir, ils ont été épuisés par une année dense, et ils leur faut le repos, physique et moral nécessaire pour affronter la rentrée, on sait qu’elle sera consacrée à la réforme des retraites ! Quel bazar prochain !

Le titre de mon journal du week-end : « les recettes fiscales rentrent mal, le déficit de l’Etat se creuse ». Grosso-modo, si l’impôt sur le revenu (payé par la moitié de nos concitoyens) a augmenté de 11% depuis 2012, ce qui donne 2 milliards ; l’impôt sur les sociétés stagne. On sait que nos grosses multinationales en paient peu ; la TICPE (indexée sur les carburants) diminue de 6%, un comble alors que le prix du fuel remonte. Et les recettes de la TVA baissent de 2,3% ! Nous sommes passés en légère récession ne l’oublions pas !

Au total le déficit de l’Etat passe de 60 milliards fin avril 2012 à 67 milliards il y a un mois, 7 milliards de plus ! Une paille ! La réforme des alloc’s n’en prévoit qu’un seul…milliard. Alors les 6 autres ?

On reporte le retour à l’indicateur de -3% du PIB  de deux ans, l’Europe nous a accordé ce répit. Ce n’est pas si grave : nous espérons -3,7% en 2013. Mais il va bien falloir (encore) augmenter les recettes, donc les impôts puisqu’il faut rattraper ce dérapage. Et tout est en train d’y passer : allocations familiales des plus aisés (toujours la fameuse moitié : ceux qui paient l’impôt sur le revenu). Allocations départementales des dépendants aisés (les vieux aisés, qui ont accumulé du capital pendant toute leur vie, et on remboursé leurs prêts : l’horreur). Les retraités quel que soit leur niveau vont voir leur CSG grimper. N’oublions pas qu’on est « riche » en France à partir de 4000 Euros par mois. Je parle des Euros déclarés, connus, pas de ceux placés dans les Paradis naturellement.

La fiscalité va donc grimper, alors que nous atteignons 46,5% du PIB en 2014. Dès juillet, les dépenses de l’Etat, dont les retraites, sont payées à crédit, dans l’euphorie de taux d’intérêts encore très bas, qui continuent de nous inciter à continuer de dépenser davantage, alors que nos recettes diminuent. Je ne parle pas du déficit de la Sécu qui a une fois de plus dérapé. Pourquoi alors que mon pharmacien m’impose des génériques ; que le taux de remboursement baisse en permanence ? J’imagine bientôt la suite : les « riches » malades vont devoir payer. Au total, nous consommons moins et les recettes de TVA baissent. Le fameux cycle infernal, les spécialistes évoquent Laffer, le cycle de Laffer : l’impôt tue l’impôt !


Je regarde attentivement la tête de Jacques Attali interrogé périodiquement par les médias (sérieux) : on le dirait atteint d’une tumeur maligne, qui le ronge de l’intérieur, et donne le sentiment qu’il est mal derrière une barbe hirsute qu’il devrait raser. Je partage son inquiétude, et ai mal pour mon pays. Il nous rabâche ses remèdes. Petit à petit, ils s’imposent à nous, mais pas si vite qu’on le devrait.

Bien sûr que comme doit bien le faire un ménage endetté, l’essentiel pour l’Etat serait de réduire les dépenses et de faire la chasse au gaspi ! Erreur : ce serait mécontenter les copains ; les élus dopés au cumul des mandats et aux honneurs républicains. Il va bien falloir la faire pourtant, la réforme des collectivités territoriales, refusée en Alsace ! Et ce serait faire fi du principe de précaution, quand on pense qu’avec une électricité peu chère, on se prépare à l’augmenter drastiquement pour protéger nos centrales nucléaires d’hypothétiques tsunami terrestres !

Nous pleurons tous Pierre Maurois qui avait su imposer la rigueur pour tous.

Nul doute que dans les circonstances qui se préparent dans à peine quelques mois, Jean-Marc devienne à son tour le martyr (relatif) qui saura nous imposer la (juste) rigueur. Va-t-on aligner les régimes de retraites, fonctionnaires et privé ? Ce serait révolutionnaire ! Va-t-on aligner les régimes spéciaux ? Ce serait révolutionnaire ! Va-t-on augmenter les salaires chez EdF ? On pourrait leur faire comprendre d’attendre un peu. Ils détiennent cependant un pouvoir énorme : nous couper le courant ! Va-t-on acheter leur silence ?

La dure réalité des comptes va nous imposer le bon sens dans la gestion.

Cela pourra-t-il se faire sans révolution ?

J’ai peur que non : nous ne deviendrons rigoureux que

dos au mur.

comme j'ai hâte de le voir sourire !

PS : voir précédemment : notre chère dette : http://babone5go2.blogspot.fr/2013/03/notre-chere-dette.html