Maurice, Eugénie, le petit chien |
Comme nous sommes proches de Caussade, une petite ballade dans le Tarn s’impose vite, avec ce beau temps. L’idée consiste à se rendre nulle part (je suis méchant) c’est à dire à 81140 Andillac (vous n’en avez jamais entendu parler ?) au Château du Cayla (il n’y a rien d’autre). Le Conseil Général a racheté le domaine, pour en faire le Musée Maurice et Eugénie de Guérin. Le trajet nous fait passer par Puycelsi, un village adorable sur une colline. Puis par Bruniquel (château bâti sur la falaise). Nous passons devant l’abri préhistorique, juste pour saluer nos ancêtres magdaléniens. J’ai acheté autrefois chez Deyrolles un propulseur en os de renne provenant justement de cet abri, qui est donc cher à mon cœur quand je le contemple tous les jours dans mon cabinet de curiosités perso.
Car il y a (aussi) un cabinet de curiosités dans le Château, je vais vous en montrer des morceaux des murs et des vitrines tout à l’heure, mais commencement par le commencement.
Car l’idée du musée est la suivante : nous sommes dans les années 1800, dans ce fin fond du monde qu’est la France profonde. Pour se déplacer : de simples voitures à cheval, on réfléchit que le voyage de l’année doit être se rendre à Gaillac pour y acheter des vêtements. On se rend à Paris en novembre 1838, le voyage d’une vie pour le mariage de Maurice. Pour le reste, on vit en autarcie sur le domaine sans doute très grand à l’époque : quarante hectares. Les distractions ? pas de télé (on ne voit pas aujourd’hui comment on pourrait s’en passer). Pas d’Europe numéro UN à la radio. Pas de portable ni même de fixe pour appeler le médecin. Pas d’électricité, il faut des bougies partout. Pas de chauffage non plus, les cheminées doivent suffire malgré des pièces de quatre mètres de haut, pas spécialement isolées thermiquement. Pas d’électroménager dans la cuisine où couche la cuisinière. Toilettes sommaires et toilette itou. Les domestiques remplissent tous les jours les brocs en faïence des chambres, avec de l'eau puisée au puits.
Alors quoi faire de ses journées ? Eh bien, tout bonnement vivre, réfléchir à la vie qu’on mène. Et écrire, penser, méditer, prose et vers, tout est prétexte au travail de l’esprit. Femme de lettres, Eugénie de Guérin est la sœur aînée du poète Maurice de Guérin, avec qui elle entretient une correspondance. Maurice, ami de Barbey d’Aurevilly, est contemporain de Lamartine. Il est connu pour le Centaure et la Bacchante. Un journal, des notes quotidiennes. Je comprends que mon blog est la reprise du journal des Guérin, et cela me donne de la considération pour le-dit blog, il faut que je pense davantage à l’orthographe, et surtout au contenu.
Nous sommes accueillis par Madame la Préfète du Tarn, j’exagère un peu (comme d’habitude), en réalité elle vient d’inaugurer je ne sais quelle plaque, et sa cour finit un pot avec champagne et petits fours, profitant de ce qu’elle est partie rejoindre sa Préfecture n’oublions pas que nous sommes samedi. Vu la prestance de notre entrée (puisque nous sommes quatre belles personnes à sonner à l’huis), Patrick Galet Costa nous fait les honneurs du logis et nous convie à finir deux desserts délicieux que je partage en quatre avec le Pradel Excellence cri-cri qui ne me quitte jamais. Vous ne connaissez pas ce couteau à cran d’arrêt génial (et français) qui est orné d’un grillon sur le manche). Nous passons d’une cuisine accueillante, avec son tournebroche et ses bain-marie (à nouveau c’est sur une paillasse au sens étymologique du terme que couchait la cuisinière, c’est à dire un sac rempli de feuilles sèches de maïs formant bourrage) aux pièces de réception, puis aux chambres.
Tout le logis tourne autour d’un escalier latéral, à vis, dans la tour ronde coiffée d’un joli toit conique. Dedans les pièces sont chaleureuses, des tapisseries en toile qu’on dirait de Jouy, des armoires vitrées pleines d’atours. Et des pensées, les pensées des hôtes, tapissent les murs, des murs qui parlent. Nous racontent les journées, les pensées, les émotions, les millions de minutes vécues par Eugénie, dans une plénitude de l’esprit (qu’on aimerait retrouver aujourd’hui).
Tout le logis tourne autour d’un escalier latéral, à vis, dans la tour ronde coiffée d’un joli toit conique. Dedans les pièces sont chaleureuses, des tapisseries en toile qu’on dirait de Jouy, des armoires vitrées pleines d’atours. Et des pensées, les pensées des hôtes, tapissent les murs, des murs qui parlent. Nous racontent les journées, les pensées, les émotions, les millions de minutes vécues par Eugénie, dans une plénitude de l’esprit (qu’on aimerait retrouver aujourd’hui).
Je décide au retour de fermer la télé, et de me mettre à écrire.
(et même sur les murs)
J’aurai au moins identifié l’essentiel, l'essentiel de ce que peut être
une vie
une vie
Pour trois Euros la visite (par personne)
La paix de l’âme ici n’est pas bien chère,
mais elle vaut beaucoup !
mais elle vaut beaucoup !