mardi 25 septembre 2012

Janin verriers Nancy


Art nouveau ; art déco

Je connaissais Joseph Janin, le père : 1851-1910. Maître verrier à Nancy, encore un, de la même période fastueuse qui a enchanté les intérieurs des superbes demeures de Nancy. Même Ecole de Nancy dont je vous ai déjà montré les œuvres, courbes sinueuses ; décors floraux et d’oiseaux, ruissellement des couleurs, de fleurs, d’entrelacs. Verrières ; meubles ; céramiques ; papiers peints, vases et lampes de Gallé, ou Daum, c’est l’Art Nouveau. Il est nouveau car auparavant, c’est la reproduction, un peu sclérosante, des grands styles classiques. Il est puissant puisqu’il connaitra un développement international  : Tiffany (d'après Louis Comfort Tiffany aux États-Unis), Jugendstil (en Allemagne), Sezessionstil (en Autriche), Nieuwe Kunst (aux Pays-Bas), Stile Liberty (en Italie), Modernismo (que nous ne cessons de redécouvrir en Espagne), Style sapin (en Suisse), Style Moderne (en Russie).


S'il comporte des nuances selon les pays, les critères sont communs : inventivité, présence de rythmes, couleurs, ornementations, inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent du sensible dans le décor quotidien. C'est un art total en ce sens qu'il occupe tout l'espace disponible pour mettre en place un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l'homme moderne de ce début du XXe siècle. En France, l'Art nouveau a été également appelé par ses détracteurs le style nouille en raison des formes en arabesques caractéristiques, ou encore le style métro, à cause des bouches de métro parisiennes réalisées en 1900 par Hector Guimard.

Voici le paon de Joseph Janin (1905) à la villa Bergeret de Nancy


Joseph a un fils, Georges (1884-1955). Il embrasse le métier de son père, et devient à son tour Maître verrier. Ce qui m’intéresse dans les rares œuvres civiles que j’ai trouvées de lui, c’est son style, résolument différent : nous sommes en 1910. A Bruxelles, grande ville Art nouveau s'il en est, dès 1905-1911, le palais Stoclet impose ses volumes simples et blancs au bord de l'une des artères principales de la capitale belge. C’est l’époque du peintre Gustav Klimt. En France, les décorateurs André Mare et Louis Süe font évoluer leur style vers davantage de rigueur et de retenue. Enfin, entre 1910 et 1913, le chantier du théâtre des Champs-Élysées confirme l’autre signe du changement esthétique radical que connaît le milieu parisien.

Il faut dire que le béton armé devient d’utilisation courante ; il se prête à toutes les formes. Les architectes s’insurgent contre l’éclectisme caractéristique de l'art du Second Empire et de la IIIe République. Ils revendiquent la simplicité, la géométrie et la cohérence structurelle : la forme doit exprimer la fonction du bâtiment, sans ornements superflus. En Allemagne, le Bauhaus (qui signifie : Bau, construction, de Haus, la maison) imprime sa marque sur le design du XXe siècle. À partir de matériaux industriels réduits à leur forme la plus élémentaire et dénués de tout ornement, les créateurs du Bauhaus tentent de créer des produits débarrassés de toutes références historiques. Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier publie en 1923 « Vers une architecture », recueil de ses articles publiés au cours des années précédentes dans la revue L'Esprit nouveau. Il participe à plusieurs expositions et construit le pavillon de l’Esprit Nouveau, lors de l’exposition de Paris en 1925.


On construit à Nancy : l’Institut dentaire de la Faculté de médecine par exemple. Rue Heydenreich. L’objectif est de réaliser une architecture fonctionnelle. Nous sommes en 1936. Un grand vitrail de 3m30 de haut et de 2m60 de large, réalisé par Georges Janin en 1932, va éclairer et orner le grand escalier qui relie les trois étages de l’aile Est du bâtiment en forme de U. Le détail permet de voir la signature de l’artiste et des détails de son usage des verres.

avec de l'imagination, on distingue deux personnages tenant ou lisant des papiers...une fleur du chardon, et même un albion, (petit aigle) des armes de Lorraine

La différence frappante : Art dans les deux cas. Nouveau, figuratif, documentaire, botanique ornithologie figuratives. C’est Joseph, le père. (Je n’ai pas dit le père Joseph). Déco, c’est l’art décoratif, déjà abstrait. Le cubisme est pleinement présent. C’est Georges, le fils. La génération d’après.



Vous ne confondrez plus ?