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j'ai mis une femme à la plage car plus intelligente qu'un mec, elle pense davantage |
"Quand j’étais enfant, et que mes angoisses m'empêchaient de dormir, je trouvais parfois refuge dans la lecture de la Bible. (Ce n'est pas moi qui parle, mais un philosophe qui signe in fine et s'appelle Wilfried M.) "Et chaque fois que je lisais la genèse – parmi les mille et un points qui interpellaient mon esprit d’enfant – je ne comprenais pas pourquoi Adam et Eve avaient été punis pour avoir consommé le fameux fruit de l’arbre de la connaissance".
"La connaissance, c’est à priori quelque chose de positif. Pourquoi une telle sévérité ? Pourquoi châtier ceux qui, sans commettre de crime, n’avaient fait que désirer comprendre, accéder à la connaissance ?
"Cette interrogation candide, que j'avais alors plus jeune, ne tarda pas à se muer en certitude un peu plus tard — ou du moins en une conviction intime, tenace. Et si la métaphore d’Adam et Ève, celle de l’arbre de la connaissance, recelait une vérité profonde ? Et si la quête de la connaissance, de la lucidité, ne revenait en définitive qu’à s’engager sur un chemin déjà jonché de ronces et de souffrances" ?
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"Oui, l’homme a acquis la capacité de penser le monde, de se penser lui-même, d’anticiper l’avenir et de méditer sur le passé. Mais ce progrès cognitif n’a pas été (et n’est pas) sans revers".
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voilà un mec cette-fois qui pense. Il n'arrive pas à dormir, s'interrogeant sur le sens de sa vie. |
"En effet, en acquérant la conscience de soi, la conscience réflexive, l’homme s’est certes détaché des autres espèces animales (qui vivent pleinement dans l’instant, guidées par leurs besoins immédiats, sans conscience de leur finitude ni angoisse du sens). Cependant, cette évolution cognitive/de conscience a entraîné avec elle son lot de tourments et de dilemmes existentiels, un fardeau de questionnements sans fin, qui, loin de le libérer, l’ont plongé dans un labyrinthe d’incertitudes et de souffrances".
il suffit juste d'observer ce qui se passe dans la nature.
"Les lions, chiens, chats, moutons, et tant d’autres mammifères, ignorent le sens de la vie, le poids du temps, la mort à venir : ils vivent, tout simplement.
Ces espèces ne veulent pas résoudre le mystère de la vie.
"Elles le vivent tout simplement et l’acceptent sans le questionner, sans chercher à le décortiquer, et trouvent peut-être dans cette ignorance instinctive une forme de sérénité que l’humain a perdue en devenant un être lucide et conscient.
De son côté, l’homme ne cesse de penser. De jour comme de nuit.
Même quand l’être humain dort, il pense.
"Et cette quête de connaissances, cette pensée - qui est aussi son plus grand atout- le condamne à l’angoisse permanente".
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“Qui suis-je ? Pourquoi suis-je là ?”
“De quoi demain sera-t-il fait ?”
“Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?”
“Comment de rien, a-t-il pu émerger quelque chose ?”
“Pourquoi cet être que je chérissais tant est à présent un corps froid, sans vie ?”
"Le reverrai-je simplement un jour” ?
***
"C’est sans doute pour répondre à toutes ces angoisses metaphysiques et ces questionnements que les êtres humains ont ressenti le besoin de créer des mythes explicatifs, des religions.
"Sans cela, ils auraient peut-être été voués à l’inaction, à la mélancolie, voire à une forme de suicide collectif, écrasés par le poids de l’incertitude et le vertige du néant.
"Mais voilà : si les religions proposent des réponses simples et minimales, l’homme, en tant qu’« être pensant », ne peut s’en contenter. Les réponses apportées par les religions, loin de clore définitivement les interrogations, les relancent sans cesse.
"D’où l’émergence des sciences qui vinrent plus tard, de la philosophie, et plus largement de toutes les formes de quête de sens : art, littérature".
"Mais la connaissance est malheureusement un puits sans fond.
"Nos amis - les philosophes sceptiques de l’antiquité- avaient bien compris le lot de tourments qu'impliquaient la quête de connaissances et de vérité.
"À peine croit-on avoir dissipé une énigme, résolu une question, que d’autres, plus vastes et plus troublantes, apparaissent. Etrange paradoxe : plus nous savons, plus nous prenons conscience de l'étendue de notre ignorance. De sorte que notre soif de savoir ne sera jamais étanchée ! Ce qui peut être assez frustrant quand on y pense.
“Je sais que je ne sais rien” disait l’ami Socrate...
...affirmation répétée par Jean Gabin, c'est dire !
https://www.youtube.com/watch?v=OEkJ45ZXK-o
"De manière plus terre à terre, et sans convoquer nécessairement les récits fondateurs ou les symboles religieux, les grands questionnements métaphysiques, on pourrait simplement considérer l’expérience humaine la plus banale : celle du regard lucide posé sur le monde.
Observez seulement autour de vous.
👉🏻N’avez-vous pas remarqué que les êtres les plus lucides sont parfois les plus mélancoliques, les plus tourmentés ? (En même temps, comme disait Krishnamurti « Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade »)
👉🏻Que les êtres les plus lucides peinent parfois à trouver leur place dans ce monde, ne serait-ce que parce qu’ils ressentent un sentiment de décalage avec les autres ? Que leur conscience aiguë du réel, des injustices systémiques, de l’absurde et de la fragilité de toute chose, les empêche de se satisfaire des illusions collectives qui rendent la vie supportable à tant d’autres.
"Ainsi - et pour conclure malgré tout sur une note positive - vous voyez donc que la connaissance, loin d’être ce don sans ombre que l’on pourrait imaginer, fut peut-être - et continue à être - à l’origine de notre malaise et malheur existentiel
"La connaissance a arraché l’homme à l’innocence animale, le condamnant à la lucidité, et avec elle, à l’angoisse, à l’insatisfaction, à une forme de solitude intérieure.
"Le mythe d’Adam et Ève ne serait donc pas tant une condamnation divine qu’une allégorie puissante de ce passage irréversible : celui par lequel l’homme devient un être conscient — et, en cela, tragique.
"Mais faut-il pour autant regretter ce choix ? Faut-il envier les animaux ou les ignorants pour la quiétude de leur existence sans conscience, pour leur indifférence au néant, à la mort, au non-sens ?
C’est ici que l’éclairage d’un certain John Stuart Mill peut s'avérer décisif.
"Oui, la conscience lucide expose à la souffrance. Oui, les êtres les plus éclairés semblent souvent les plus vulnérables.
"Et pourtant, Mill nous rappelle que ceux qui ont goûté aux joies de la pensée, de l’empathie, de l’art ou de la quête du vrai, ne voudraient jamais revenir en arrière.
"Aucun être ayant éprouvé ce que signifie “être pleinement humain” ne souhaiterait se transformer en une créature moins complexe mais plus satisfaite, comme un imbécile heureux ou un animal repu.
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le pire est qu'à la fin de mes études au Lycée Corneille, il m'est arrivé cette aventure |
"Pourquoi ? Parce que le bonheur véritable, aussi imparfait soit-il, ne se mesure pas seulement à la satisfaction immédiate, mais à la profondeur de l’expérience vécue. Être lucide, c’est souffrir parfois plus intensément, mais c’est aussi aimer plus profondément, créer, comprendre, s’émerveiller, se révolter, rêver.
"Et si cela nous condamne à une forme d’insatisfaction, c’est peut-être le prix à payer pour ce que nous appelons la dignité humaine. En fin de compte, et comme disait John Stuart Mill - “il vaut mieux donc être un homme insatisfait qu’un porc satisfait ; mieux vaut être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait.”
Wilfried M (je vous avais prévenu que toutes ces pensées étaient de lui)
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draguer à la plage peut éviter de penser permet d'espérer être heureux à deux au lieu d'être malheureux tout seul ? |
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ça aussi, c'est paradoxalement vrai ! |
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l'aigle ; le tigre à dents de sabre ; les requins... c'est tout à fait nous : |