samedi 21 septembre 2013

Gustave Serrurier-Bovy


Philippe Geluck prétend (en plaisantant) que les meilleurs des Français sont…Belges ! En France, dès qu’on s’intéresse à l’art nouveau, il n’est pas très facile de sortir de l’Ecole de Nancy, sauf à se rendre à Bruxelles…ou Barcelone ! Or c’est à Liège que se passe notre histoire : Serrurier Bovy est en effet  architecte et décorateur belge né à Liège en 1858 et mort dans la même ville en 1910. C’est l'un des principaux représentants belges de l'Art nouveau avec Paul Hankar, Henry van de Velde, et bien sûr Victor Horta.

Après avoir exercé l'architecture jusqu'en 1888, à Liège, il se tourne vers le commerce des meubles et s'intéresse aux productions anglaises. En 1891, il part en Angleterre et s'intéresse au mouvement des Arts and Crafts. Dès 1893, il devient facteur de meubles. En 1894, il présente un cabinet de travail à l'Exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles. C'est immédiatement le succès. Il milite pour la simplicité dans le décor et se fait le défenseur de la beauté à la portée de tous. Beau programme ! En 1899, il décide d'ouvrir un magasin au 54, rue de Tocqueville dans le XVe arrondissement de Paris. Il est soutenu financièrement par son collègue français René Dulong, futur auteur du Pavillon bleu de l'Exposition Universelle de 1900 : ça y est : il est devenu parisien !


Pour cette succursale, qui a pour nom "L'Art dans l'habitation", Serrurier adopte le même principe que pour ses magasins de Liège et Bruxelles. L'acheteur potentiel est placé dans des espaces aménagés comme les pièces d'une habitation privée.

Une chambre à coucher, dont le paravent constitue l'un des éléments du mobilier, est  intégralement reconstituée au musée d'Orsay. Il existait probablement deux possibilités, au choix du client, pour remplir la partie inférieure du meuble : un tissu en accord avec celui de la garniture du lit et des murs ou bien un simple vitrage blanc.








































Le critique Gustave Soulier avait attiré l'attention sur cet objet : "Il faut faire une place à part au beau paravent, véritable objet d'art (...) Les panneaux sont tendus d'étoffes à leur partie inférieure, tandis que le haut est constitué par des écrans de verre où s'enchâssent dans les plombs un vol de papillons et de libellules : M. Serrurier, outre le dessin charmant des insectes, a savamment mis en valeur des verres crêpés et irisés et des verres jaspés comme des agates, qui font ici merveille."

Je suis comblé !


On connaît sa maison personnelle, la « Villa l'Aube », située dans le parc privé de Cointe, à Liège. On sait moins qu’il a réaménagé et décoré le château de la Cheyrelle (à Dienne, Cantal), classé, à ce titre, monument historique.

C’est l’occasion d’un grand voyage : il faut se rendre à Liège, capitale économique de la Région wallonne. Comme il faut bien passer par Paris, on fera un tour au musée d’Orsay, après être allé à Jacquemart-André. (http://babone5go2.blogspot.fr/2013/09/reves-de-beaute.html). Mais au retour, il faudra passer par 15300 Dienne. Pas évident je vous l’accorde ! Surtout si pour finir, vous terminez votre voyage à Toulouse !


Cette ferme-manoir est construite en 1866, dans un style pseudo-médiéval pittoresque. De 1902 à 1905, l'édifice est agrandi et remanié par l'architecte parisien René Dulong pour le propriétaire (son beau-frère), Pierre Felgères, banquier parisien lui aussi. Encore un banquier amateur d’architecture ! Un second bâtiment est accolé au château d’origine, et entièrement meublé en art-nouveau Serrurier.











Il compend les communs (écurie, remise, sellerie, cuisine, cave etc..) et chambres de service. Un pavillon de gardien est bâti en 1905, à l'entrée de la propriété. Une maison de ferme complète l'ensemble. Le parc mesure environ 1,7 hectares. De la terrasse, on a une belle vue sur le village de Dienne, la vallée de la Santoire et le plateau du Limon.


Tant qu’à se rendre à Liège,

Il y a d’autres maisons à voir :

Je vous emmène rue Jean Bury !