Cela devient une tradition : début mai : séjour sur la Costa daurada, huit jours, de dimanche (midi) à dimanche (petit-déjeuner). Plus tard, la chaleur est insupportable, et la foule déjà omniprésente…n’en parlons pas ! Le prix augmente en haute-saison, il faut donc choisir très précisément ses dates : trop tôt, trop frais. Trop tard, chaleur caniculaire, la foule débarque en masse, et le prix grimpe. Le must, c’est en effet de séjourner à l’hôtel, en pension complète : plus de courses ; de repas ; de vaisselle. Plus à s’occuper de la chambre, plus de lit à faire ; d’aspirateur à passer ; plus aucune tâche matérielle. Nous avons repéré ce coin spécialisé dans la villégiature au sud de Tarragone, à cinq heures pile de chez nous, une matinée de route, de route (normale) sans péage, la traversée des Pyrénées se faisant par le col de Vielha, pile sous le pic d’Aneto. Je regarde TF1 en écrivant, un reportage sur des chambres d’hôte dans le Périgord. Prix 75 Euros la nuit, avec petit-déjeuner, mais sans repas : nous sommes en France, et les vacanciers doivent payer le prix de prestations forcément formidables (puisque françaises), même si la décoration est faite à base d’objets chinés pas toujours de bon goût. J’observe que le prix d’un appartement de 300.000€, financé sur 20 ans, atteint la même somme de 70 Euros par jour !
Nous, nous sommes en Espagne, et le prix inclut tout : l’hébergement et les trois repas : 38,5 Euros par jour. 250 Euros la semaine ! Le prix d’un hôtel chez nous est, pour les moins chers, d’au moins 35 Euros sans petit-déjeuner, parfois sans WC, cela existe encore ! J’avoue ne pas obtenir un tel score à la maison ! La chambre est l’une des mille et quelque d’une résidence gigantesque, d’un pays qui a tout misé sur le tourisme. Grande, belle salle de bains, télévision, le confort est parfait. J’ignore pourquoi on n’accède pas à TV5 en métropole : ici on a des nouvelles du monde entier. Le petit-déjeuner est servi dans les vastes salles du rez-de-chaussée, où le cuisiner en toque vous grille les œufs sur la plancha enduite d’huile d’olive. Le bacon grillé attend plus loin, avec les ananas, les pastèques (roses) et le melon (vert). Café à volonté, on mange presque mieux qu’à la maison, un repas gargantuesque.
Qui explique l’embonpoint général. Le midi et le soir, buffets à profusion, à la proportion d’une clientèle venue d’Europe et de plus en plus de Russie. Les gros ; les grosses ; obèses et boudiné(e)s pullulent. Sans complexe. Espace entrée, avec les légumes d’ici : tomates ; poivrons ; oignons ; carottes, et les éternelles pastèques et melon vert (on en mange matin ; midi et soir). Espace plat principal avec poisson et viande. Le chef (le soir il y en a plusieurs) cuit devant vous : agneau ; jambons ; poissons divers et frais. Tout à la plancha, les mets posés sur la tôle inox arrosés d’huile. Un régime très spécial ! Les desserts sont un peu exotiques, crèmes, pâtisseries, et le best, ananas frais à volonté.
Comme on est ici pour se reposer, le programme alterne ballades à la plage ; et piscine. Quand on est fatigué de nager, les bulles du spa vous secouent dans tous les sens. Et les trois repas constituent des rendez-vous impérieux, car quand on a choisi la pension complète, il faut être à l’heure.
C’est extraordinaire comme ce pays s’est construit, couvrant le maximum d’espace libre, alignant côte à côte les immeubles. Mais étonnamment, il reste des espaces verts ; des pinèdes encore non incendiées ; de grandes allées piétonnes mènent aux plages. Désertes le matin. Des plages fleuries, flore méditerranéenne, des vivaces, des couleurs vives, je ne me lasse pas de photographier.
Nous mélangeant un peu entre les autoroutes parallèles, direction Barcelone, nous finissons par atteindre Creixell. Une fois arrivé, ne surtout pas bifurquer à gauche vers le village en hauteur : il faut patienter, entre deux camions, direction à droite : platje ! Un pont en dos d’âne nous fait sauter la voie ferrée, elle aussi va vers Barcelone. Ouf on atteint la bande côtière qui longe la dune. Ravissant lotissement, tout de maisons blanches juxtaposées, étroites, deux étages. Comme nous sommes bien avant la saison, tout est fermé, mais les fleurs sont épanouies, sur une plage de sable comme on l’imagine au Paradis. Quelques unes sont à vendre : une voisine parle français, et me donne fièrement le prix : 300.000€, pas vraiment bradé ! Des maisons qu’on dirait abandonnées donnent directement sur le sable, à peine séparées de la bande littorale par une petite dune, toute fleurie de plantes grasses, et d’énormes bouquets jaunes. Ensuite c’est le sable brûlant. Et puis la mer. Je souffre de ne pas avoir emmené ma flore, tant pis pour les noms latins !
Après-midi : bain à bulles, alterné avec la piscine, presque trop chaude. Après ce choc thermique, difficile de ne pas dormir : on comprend pourquoi ici on ne se réveille qu’en fin d’après-midi. Pour une nouvelle ballade en ville.
Voilà les vacances : dépaysement. Suppression des tâches ménagères. Plus de gazon à tondre ni de courses. Tout est différent, sauf l’Euro (qui nous rassemble) naturellement… !
Comme dirait Trintignant :
efforçons-nous d’être heureux…
…ne serait-ce que pour donner l’exemple !
une plage privée, accessible par un micro sentier, avec au bout 2 places pas davantage ! |