le papillon de Canova |
...au Louvre !
Vous voyez bien que je suis
accroc à Psyché, mon premier billet sur elle datant de …sept ans ! http://babo-gazettedesarts.blogspot.fr/2011/08/psyche.html.
Nombre de sculpteurs se sont essayés à ce thème, qui représente une femme,
tenant un papillon. Qui est la femme ? Quel est le papillon, toujours
amusant à décrypter !
L'oeuvre fut exécutée au cours du
second séjour de Pradier à Rome, entre juin 1823 et juin 1824 (il a alors 34
ans). Dans une lettre au peintre Gérard dont il était très proche, le sculpteur
lui apprend que le hasard lui a fait acheter « une colonne antique en marbre de Paros, trouvée à Véies, et, pour
m’en servir, j’ai composé une figure grande comme nature. On pourrait la nommer
Psyché. C’est une jeune fille debout qui va prendre un papillon posé sur son
bras gauche ».
La mention à Gérard m’intéresse,
dans la mesure où c'est le peintre qui a peint Psyché, son âme, voletant au-dessus de sa
tête, symbolisée par une piéride blanche, la couleur est d’importance. Psyché jusque
là mortelle, disposant d’une âme immortelle grâce au dieu Cupidon, devient
ainsi déesse, digne de l’amour que lui porte le dieu. Ils sont immortels tous
les deux et accèdent à l’Olympe (1).
le papillon de Pradier fait penser à un ver à soie ? |
Comme dans la plupart des statues féminines de Pradier, on peut reconnaître ici une multiplicité de sources plastiques :
Par son thème (Psyché séparée de
l’amour et absorbée dans la contemplation de sa propre nature) et par sa pose, la statue de Pradier évoque certaines figures de Canova et notamment sa Psyché solitaire.
Par son déhanchement prononcé, elle rappelle la Vénus de
Milo, révélée à Paris en 1821 (soit 2-3 ans plus tôt) : d’ailleurs les
critiques du Salon de 1824 le notèrent.
L'oeuvre de Pradier se réfère
donc à l’Antique mais un Antique nuancé
de références à la sculpture française de la Renaissance comme en témoignent :
•la sinuosité du dessin
•le caractère maniéré de la disposition des bras et des
mains
•l’inflexion de la tête
•l’arrangement de la chevelure relevée en masses symétriques
•le gros bijou central qui la pare
•et la ferronnière qui divise le front, tout cela fait penser au XVI° siècle.
Emeric David, un des critiques
les plus avisés à saisir les déviations de l’Antique, n’a pas manqué de
l’indiquer : « la Psyché..brille d’une
sorte de grâce florentine, qui n’est pas sans attraits : elle rappelle Jean
Goujon »
Par ailleurs, par ses formes
épanouies et sa sensualité, cette Psyché rappelle également la sculpture du
XVIII°siècle.
Comme je cherche toujours, je trouve,
notamment cette version de Carrier-Belleuse. Elle est à vendre sur ebay, et je
pourrais l’acheter mais j’en ai déjà assez, et puis le prix est trop élevé,
celui d’une petite voiture électrique (chinoise). Je sais : aucun rapport !
on peut aussi acheter une pendule !
quoique ?
(1) Gérard : Cupidon et Psyché |