vendredi 8 février 2013

15 heures trente trois de train


J’ai peur des grèves à la SNCF, pas tant sur les grands parcours inter-cités, que sur les lignes secondaires, toujours sujettes à un incident de dernière minute, un mec qui traverse exprès le passage à niveau quand il passe un train ; des salauds qui volent les fils de cuivre ; ou un rustaud qui râle après un contrôleur (qui punit les voyageurs polis en alertant ses copains pour bloquer le trafic). Il me faut donc rejoindre absolument Toulouse si je veux me rendre à Paris, et au cas où le train de 7H31 aurait un incident, je préfère anticiper et prendre le train de 6H50. Je suis timoré voyez-vous, c’est sans doute pour cela que j’ai été fonctionnaire ? Mais ma prudence était excessive, le TER est magnifique, et les trains sont à l’heure.

personne ! c'est rare, ou très tôt ?
Comme j’ai du temps, je puis acheter mon repas chez Monsieur Paul, un mec qui profite de son made in France pour vous vendre très chers ses sandwiches ma foi très bons, avec un dessert et une eau minérale pour 8 Euros soixante. Le même repas fera d’ailleurs vingt centimes de plus à Paris, la capitale étant plus chère que le reste de l’hexagone c’est bien connu. J’adore le sandwich Dieppois, composé de thon écrasé riche en Oméga 3, sur lit de salade et de rondelles de tomate. Sauf que quand on mâche, la crème de thon ressort partout et tombe sur le livre ouvert, ce qui exige une grande pratique et une petite cuiller pour ne pas gaspiller un poisson devenu si rare. Mon bonheur serait parfait si je pouvais acheter le Figaro, mais voilà qu’il n’est pas en kiosque : grève du Syndicat du Livre, je devrai me contenter de la Vie de l’Auto, qui publie sur deux pages le plan de Rétromobile, bien utile pour se diriger dans les halls qui m’attendent à 15 heures. Vous voyez que je n’avais pas si tort : il y a toujours une grève quelque part. Les ouvriers du livre d’ailleurs continuent de scier la branche sur laquelle ils sont assis, dans la mesure où tout le monde ne va pas tarder à lire son journal sur une tablette, alors adieu le support-papier et la distribution monopolisée par certains, on ne pleurera plus quand les journaux-papier  auront définitivement disparu.

Mon TGV qui n’a de grande vitesse que le nom part à 9H04 pour n’arriver à Montparnasse qu’à 14H35, mais que voulez-vous, j’aime le train. Je puis y réfléchir (ce qui ne m’arrive pas souvent) ; écrire ; déguster lentement le repas de Monsieur Paul ; méditer même, et faire des projets, digérer le flan coco ; entasser le repas au fonds de l’estomac à grandes goulées d’Evian ; et m’assoupir en fin de compte, en imitant le boa quand il a dégluti un lapin qu’il va mettre quinze jours à faire disparaitre.

Ce train a été dessiné par Christian Lacroix, les couleurs sont gris ; orange et fuchsia, reposantes et gaies. Les sièges, vu la durée du trajet, sont confortables, et on peut se lever de temps à autre pour se dégourdir les jambes et se rendre aux WC : plus de papier, mais des souffleries pour sécher les mains, quel progrès depuis cinq ans que je n’avais rejoint le Ministère de l’Agriculture pour raisons professionnelles !



L'itinéraire va tout d’abord vers l’Ouest, Montauban ; Agen, puis la grande Ville : Bordeaux. Ensuite, tout change, il n’y a plus d’arrêt, et la vitesse augmente, sans toutefois dépasser des limites raisonnables. On n’a pas d’incident, arrivée à Montparnasse à l’heure.

Quelques escalades d’escaliers, achat de tickets de Métro, recherche de la ligne 12. Tiens, les travaux du tapis roulant sont enfin achevés. Tiens, je l’ai connue à grande vitesse, la rampe centrale ? Retour en arrière, elle a retrouvé sa petite vitesse, décidément, pas facile à Paris de voir les transports progresser !

J’arrive Porte de Versailles sans grande difficulté…Quelques mètres encore à pied dans la foule, un chasseur à réaction devant l’entrée on se demande ce qu’il vient faire là ? je suis à Rétromobile ! Michel L. vient me chercher. Me fait entrer. Je passe devant l’avion (encore un) de Roland Garos, j’y suis !

Je vais vous raconter dans quelques instants !


Lendemain matin départ Montparnasse 9H28, pour une arrivée à 17H16. Je ferai le parcours identique (dans l’autre sens), et calculant bien, j’aurai cumulé exactement 15H33 de transport ferroviaire ; 14 heures d’hôtel ; pour trois heures de visite, je vais vous en parler tout de suite : c’est pour cela que je suis venu !


J’aime le train que voulez-vous !
et je suis prêt à recommencer !

j'ai trouvé un hôtel si mignon... !