mardi 22 janvier 2013

Scientific illustrations (1ère partie)

chasse des Morphos en Amazonie

Il y a eu (c'est à ne pas croire !) une époque ancienne où les photos n’existaient pas. Même les argentiques ! Du coup, les dessinateurs (qui aujourd’hui s’adonnent à la BD) dessinaient la nature. Les scientifiques parcouraient le monde à la recherche de la Création, et devant les plantes et les bêtes extraordinaires dénichées sur tous les continents, soit ils les mettaient à sécher dans des herbiers ; soit les mouillaient dans le formol (mais alors adieu les couleurs) ; soit les naturalisaient quand la peau se conservant il suffisait de la bourrer d’un contenu aux formes animales. Soit ils les faisaient dessiner, et on sait les artistes merveilleux qui nous ont légué leurs œuvres.

En ces temps où l’on reste chez soi, j’ai ré-ouvert mes vieux bouquins, ou partagé avec mes copains inconnus d’internet leurs trouvailles, le plus souvent offertes généreusement aux spectateurs avertis : super, ils photographient avec leurs appareils numériques les vieux bouquins illustrés souvent introuvables, et nous permettent de les feuilleter.


Je vous fais partager à mon tour quelques beaux dessins, et vous ne vous étonnerez pas que je me concentre sur mes chers papillons, qui en cette saison hivernent le plus souvent sous forme de chrysalide soigneusement protégée, y compris sous le sol enneigé.

 











Quand on commence un inventaire des lépidoptères, on commence généralement par les papillons de jour. Et, sans doute pour allécher le client, on commence par les Papilionidae. C’est l’ordre que je vais prendre moi aussi. Vous allez donc voir tous nos papilio d’Europe, avec de temps à autre, une aberration toujours pour le marketing que pratiquaient donc nos ancêtres pas si bêtes ! Par exemple pour le genre Zerinthia, il y aura honoratii aujourd’hui disparu de Digne, reconnaissable par les taches rouges qui envahissent le jaune.

 




voilà deux vrais honoratii, pour vous prouver que les dessins sont souvent plus jolis !
























Dans d’autres cas, va savoir pourquoi, le dessinateur épris de symétrie, ou d’équilibre des couleurs, aligne côte à côte des espèces différentes, sans doute pour faire joli. Parfois, il rajoute la plante nourricière (ce qui introduit du vert) et les différentes phases de la métamorphose. Quand on détaille, on rapproche le mâle de la femelle pour bien montrer que ce n’est pas la même chose ! Chez Seitz, on publie un véritable dictionnaire des papillons identifiés dans le monde entier. Cela fait des milliers de dessins juxtaposés, ce qui pose un problème de place. Considérant que le plus généralement (à part les gynandromorphes bilatéraux dont je vous parlerai une autre fois) les papillons sont strictement symétriques, et que si l'on voulait être exhaustif on représentait même le dessous, Seitz ne représente (souvent) qu'une moitié du dessus, laissant au spectateur le soin d'ajouter (mentalement) ce qui manque.
























In fine, on arrive à dresser une belle composition naturaliste, que les amateurs nomment souvent une « nature morte », alors que le pauvre artiste voulait justement peindre une nature vivante, pas de bol pour lui (les artistes sont le plus souvent incompris). Vous observerez justement que sur cette planche anglaise, le dessinateur a représenté des Machaons (swallow tail) posés sur des carottes ailes repliées, ce qui fait que astucieusement, il nous montre le dessous. Les esprits grincheux rétorqueront que le dessus plus contrasté est plus esthétique, d'où la nécessité de regarder des tas de dessins pour se faire une idée complète. Moi j'ajoute qu'on a un mâle à droite, et une femelle à gauche. Une petite et une grosse chenille. Même que la grosse sort son appendice malodorant destiné à éloigner les importuns. Et trois chrysalides aussi diférentes qu'on les observe dans la nature, car elles sont programmées pour prendre la couleur du support, vert ou sec, question de camouflage.

                                               Aucune photo n'en dirait autant à la fois !



Si vous avez aimé, j’en ai plein d’autres à vous montrer !