"Rebecca au puits" m'a suivi depuis son emplacement initial de Barsous https://babone5go2.blogspot.com/2020/08/tibiran-est-ce-la-citerne-9.html |
trois ans auparavant, quasi jour pour jour, Il était sur place, à quelques centaines de mètres |
bien sûr, c'est le Mont Saint-Michel des terres, je vous en reparle demain |
---o---
2000 ans auparavant,
Tiberius est chargé du projet d’alimentation en eau de Lugdunum
il s’en tire avec
élégance, et efficacité : voilà l'histoire reconstituée ...
... même s'il s'agit ... d'une fiction ...
.... alimentée par 11 ans d'observations sur place ; des lectures nombreuses ; et des publications multiples
Oui nous sommes bien dans le
futur, plus de deux mille ans ont passé : difficile à imaginer, mais de
même que la poussière s’est accumulée chez nous, le limon a tout enfoui :
ce que l’on entre-aperçoit qui sort de l’herbe, des ronces ou de la terre, quand
on se promène nez-par-terre dans ce secteur rural loin de tout, ne sont que les
sommets émergés « d’icebergs terrestres » enfouis !
le site en 2021, il faut beaucoup d'imagination pour "voir" quoi que ce soit ! |
Il y a 2072 ans précisément nous disent les Historiens, comment les soldats de Pompée (si loin de leur pays natal) se déplaçaient-ils dans ces contrées
vallonées, où malgré le GPS, je me perds dès que je veux retourner sur place,
où pourtant je suis si souvent venu toutes ces quinze dernières années ?
A cheval, des boeufs tirant des charrettes ? Pas si loin, mais loin quand-même, Saint
Béat, où les carrières de marbre fournissent les matériaux, sont capables de fabriquer
puis vendre des plaques pleines, et mieux encore, des rigoles en
forme de U. Elles pèsent lourd, ces pièces de 1,5m de long, il faut les commander, par
des hommes envoyés sur place faute de poste et de téléphone. Les acheminer, peut-être par des bateaux longs sur la Garonne, comme on les a trouvés dans le Rhône, et comme on connait le trajet empruntant la pente proche du port rive gauche de la Garonne permettant de remonter en haut les blocs acheminés par le fleuve depuis les carrières. Mais ensuite, il n’y a que le
transport terrestre, cela monte et cela descend, il faut du monde pour pousser
et tirer. Sans doute déjà les bœufs sous le joug permettent-ils d’obtenir les
résultats cherchés : installer un conduit de marbre dans un trou. D'un côté le raccorder à une veine naturelle émergeant des profondeurs. Le raccorder de l'autre à un puits. Tout reboucher. Caler en bas avec des enrochements.
il suffit au lieu d'un sarcophage d'imposer des cotes précises... et on a une conduite d'eau. Enfoui, le trou de louve latéral servant à lever le couvercle ne peut être vu de l'intérieur |
dessous un U bien poli ; dessus une plaque pleine. Deux longueurs de 1,5m |
Pourtant, il y a un dénommé Tiberius, un Dignitaire, important propriétaire foncier, dont le nom donnera aujourd’hui Tibiran, commune située en Hautes-Pyrénées, qui jouxte la Haute-Garonne, où se trouve Saint-Bertrand de Comminges, plus fréquentée à cause de la cathédrale que des vestiges romains de la capitale du centre des Pyrénées. Je l’imagine puissant, puisque son tombeau donnera lieu à une pile funéraire, semblable à celles conservées de Valentine, et Saint-Bertrand, pile malheureusement détruite. Pour les profanes, Tibiran abrite les célèbres grottes de Gargas aux célèbres mains coupées. Pas si loin, Generest conserve intact un adorable pont romain, dont je n’ai malheureusement pas compris à quoi il pouvait servir ! (1) J’imagine Tiberius entouré de comparses militaires, pas forcément très propres, vraisemblablement barbus, je suppose toujours entourés d’esclaves, des mecs (et meufs) du coin pas très propres non plus, qui ont été soumis(es) lors d’une récente conquête militaire. Ils se tiennent mal à table. Ils sont peu instruits, (quoique…) la priorité générale est de manger trois repas par jour, ils chassent, pêchent et élèvent chiens, chevaux, bœufs, cochons, et volailles. Gros travail permanent consistant à transporter des pierres, marbres et tous matériaux de construction : on cuit des briques, pour les casser, les piler, et fabriquer le fameux béton romain. Les patrons habitent des maisons de brique justement, dont on verra le faste à Lugdunum avec mosaïques ; tesselles et tutti quanti… et le métier dominant est constitué par la corporation des tailleurs de pierre infatigables dans leur poussière de marbre et le bruit de leurs outils. Une obsession que l’on retrouve aujourd’hui : l’eau, pour boire, faire boire les animaux ... et accessoirement se laver : si l’on veut construire à 4 Km une ville inspirée de Rome et située comme elle entre sept collines, (dont les noms latins sont ceux d’arbres comme Fagus, le hêtre) et inonder le tout de grandes eaux permettant d’abreuver thermes et piscines, il va falloir en faire écouler d’énormes volumes : en Provence on dit toujours :
l’aigo es d’or
Tiberius se voit assigner la mission : faire patrouiller ses troupes dans ce coin perdu, et monter un projet de ce qu’on appellera deux mille ans plus tard : le Génie rural, créé en 1908 : le projet d’adduction d’eau de Lugdunum convenarum. Je l’appelle « Aquae convenarum », appellation contestable et contestée, puisqu'accaparée par Bagnères de Bigorre, (à moins que ce soit Vicus aquensis voire : Aquae bigerritanas) et reprise par Labarthe-Rivière, qui d'ailleurs conserve intactes les sources alimentant autrefois la villa de Valentine, où Séréna a fait graver la célèbre plaque funéraire au musée de St Raymond où elle souhaite à son mari Nymfius la vie éternelle.(4)
avec ma voiture unique "jaugeage des cours d'eau", et mon vieux Phantom-3-advanced qui vole toujours, je puis (presque) tout mesurer et voir depuis le ciel |
Il y a 2072 ans, la nécessité contraint à développer des sens et pratiques oubliés aujourd’hui. Tout est fouillé, le moindre trou, ici ils sont légion, et on en découvre encore de nos jours : on sait que nous sommes dans le calcaire, un véritable karst exploré et décrit par Norbert Casteret, (et Elisabeth son épouse) pour qui je conserve une affection quasi filiale.
https://babone5go2.blogspot.com/2019/05/hommage-elisabeth-casteret.html |
Gustave A. nettoie la parcelle : un trou se forme sous ses pas, on dirait ailleurs (comme à Montmaurin proche) une "doline". L’eau souterraine se promène dans des failles souterraines, reconnues par les spéléologues. De l’eau sous pression peut surgir d’une faille remontant puis effleurant au sol : le gouffre de Generest n’est pas loin, 100 mètres plus haut, (100m = 10Kg de pression) des failles captent l’eau qui y est stockée par infiltration des pluies, et cette eau sourd à grand bruit sous certains terrains, sous certaines maisons. Gustave A. me mène sur place le 24 juillet 2020 : le gouffre de Générest est impressionnant, difficile à photographier un chaos, dont le voisin "la Saoule" inspirera le peintre Rixens pour peindre Don Juan dans le "gouffre d'enfer".
https://babone5go2.blogspot.com/2020/09/don-juan-aux-enfers-2.html |
Au fond de la forge abandonnée, profondeur : 7 mètres ! Dans la propriété agricole de Tiberius, l’eau justement sort d’un trou : il s’interroge : comment capter cette source, qui est sous pression ? Les eaux d’abord abiment son champ, pas si grave après tout, et filent ensuite en partie basse d’un vallon herbu sous un bloc rocheux, petit ruisseau naturel, qui indirectement irrigue des prés situés plus bas, propices à la nourriture des moutons. Ces moutons et autres bovidés seront plus tard vendus au macellum, le grand marché aux bestiaux, à 4 Km, dans Lugdunum les jours de marché. Mais nous n'en sommes pas encore là !
à l'amont, Générest, les spécialistes voient (au centre-droit) l'ancienne forge et son puits emprunté par Norbert |
Pour alimenter en eau Lugdunum,
il faut une altitude supérieure, pour que le futur canal fonctionne par gravité :
toute une technique oubliée de nos jours est nécessaire pour parcourir le futur
tracé depuis la citerne terminale, proche du futur théâtre lui-même installé en
hauteur dans la forte pente donnant accès au futur temple de marbre-rose édifié tout au sommet du mont à la gloire de
Jupiter. La technique ? marcher à reculons en montant toujours, quelque
soit le terrain, plat ou en déclivité. Si la roche à Saint Martin monte trop, tant
pis, on creusera un tunnel. Si un vallon doit être franchi, tant pis, on construira
un pont. S’il faut franchir le Riou Tordu, autre pont. Les galets glaciaires roulés sont légion sur place comme matériau de base. On finira par rejoindre
la source chez Tiberius. Pour cela il faudra contourner la montagne :
un tournant de 90°, un angle droit. Il faut se maintenir en altitude, dominer
le vallon : la place est étroite, et en pente. On finit par situer le
commencement du canal, et le marquer d’un pieu comme on le ferait aujourd’hui :
1er problème : l’eau sort trop bas, il faut qu’elle
remonte de 3 mètres, on parle en pieds romains, au pif cela fait 12 pieds ! Comment (sans pompe) faire remonter l'eau ? 2è problème, le trou dans la veine par
lequel l’eau sourd ne coïncide pas avec l’endroit d’où doit
démarrer le futur canal.
Solution 1 : on va profiter
de la pression de l’eau pour "la faire remonter", on dit en Provence (avec l'accent) « faire regonfle » : on va installer un puits vertical qui va accéder
à l’altitude de départ, 3 mètres au-dessus du trou initial ; 3 mètres
au-dessus du vallon pile dessous. A Paris où ils sont légion, on dirait "un puits artésien".
Solution 2 : on va joindre
le départ de la veine et le bas du puits artésien par une conduite, que l’on va
commander aux carrières de Saint-Béat, je devrais dire Passus Lupi, le
passage du loup, passage qui servira de passage à la Garonne le 21 juin 2013, que
viendra visiter personnellement le Président François Hollande oubliant ses
bottes et salissant ses chaussures vernies, avant que sa suite lui prête une
paire locale de la pointure appropriée.
Commande est passée de la fameuse conduite, deux morceaux en U sont sculptés, un trou de "louve" au milieu de chacun, pour lever le poids mort et le placer sur chaque charrette. Une plaque pleine est découpée, posée sur le U, elle constituera une conduite étanche et lisse. Deux conduites dans le prolongement feront bien 3m. Au débouché dans le puits, on voit aujourd’hui le chanfrein destiné à une vanne, avec des tenons lui permettant de pivoter. Curieux, la vanne s’ouvre (s'ouvrirait ?) dans le puits : on dirait un clapet anti-retour, permettant de conserver, dans le puits et le canal qui suit, l’eau lors d’une coupure d’alimentation : on aurait imaginé le contraire : la vanne fermant l’arrivée d’eau… sauf que l’arrivée étant ultérieurement recouverte de terre, devient inaccessible : on ferme l’arrivée ailleurs, on verra plus tard ! Ce clapet nous renseigne sur un élément que l’on aurait tendance à omettre alors qu’il est prégnant dans tout ce qui relève du temps qui passe :
le temps qui passe
enfouit les vestiges sous la terre
L’archéologue exhume
les vestiges enfouis
que ce soit en Egypte
ou en Provence, les eaux superficielles charrient du limon fin
le limon fin, (qui
crée une eau « turbide »), encrasse peu à peu les canaux
dans la plaine de la Crau, le canal de Craponne charrie la "nite", qui fertilise les calans en apportant chaque année une couche de terreau supplémentaire, provoquant la repousse du foin de Crau |
il est indispensable d’évacuer périodiquement les dépôts limoneux des réseaux d’eau romains
Le plus tôt est le
mieux : Tiberius décide de réaliser de suite une installation d’épuration :
Il utilise le terrain pour, après
le puits de captage, créer un ouvrage régulant le débit trop variable avec des
pointes trop excessives en cas d’orage, évacuant par la même occasion en partie
basse les dépôts intempestifs, et pouvoir ainsi envoyer de l’eau claire à l’aval :
Il crée un bief ;
un premier déversoir large et simple (niveau d'eau faible) ; un second déversoir plus radical (niveau d'eau élevé, il faut vite que cela "crache")
il ferme le tout par
une vanne à l’aval ...
et le canal gravitaire part ensuite, il traverse tout Tibiran et rejoint Saint-Bertrand pour jouer son rôle.
à l'étage : déversoir 1 |
vu du rez de chaussée |
la fin de la partie épuration : la vanne terminale, mais avant, à 90°, une 2è vanne commande le déversoir latéral n°2 |
déversoir 2 ; et vanne 2 |
le déversoir 2 dallé vu d'en bas |
Ce tracé décrit par Bailhache en 1972 existe toujours, spectaculairement conservé dans les haies, et aboutit proche du théâtre. Reste à découvrir la citerne terminale sous la route montant à la partie haute de la ville. (2) Une dérivation partait-elle par des tuyaux de plomb, au droit de la muraille de St Martin récemment rapée de son lierre, (sauf sur la partie supérieure canalisée) vers un réservoir circulaire jamais fouillé au lieu-dit "Aigue Berre" (grandes eaux) , précédé d’un énorme décanteur de forme trapézoidale, et susceptible d’alimenter en eau claire la piscine Nord ? Ce pourrait être un objet de fouilles intéressant, qui aboutirait à décrire un réseau d’alimentation en eau type d’une petite ville romaine, se terminant dans le port fluvial sur la Garonne ? Comme disent les commentateurs à la télévision, célèbre commentaire repris par Coluche :
-« seul l’avenir pourra le dire » !
émouvant, l'aqueduc aval conforté par les arbres constituant les haies, reste préservé par les propriétaires privés |
Pour tout vous dire je crois bien être l’incarnation (il me réveille la nuit) de Quintus Candidius Benignus, le grand architecte des aqueducs d’Arles et de la meunerie Romaine de Barbegal, mon CV est donc illustre grâce au sien ! (3) Pas de machine à calculer. Pas d’équations d’écoulement des eaux. Pas de formule de Manning-Strickler (1816-1897). Pas besoin de Van Ens, le pauvre mort en Arles en 1652, spécialiste hollandais des canaux, mandaté par Louis XIII pour inventer la séparation des eaux hautes et basses aboutissant à la création du canal du Vigueirat peint par Van Gogh, pour évacuer les eaux hautes de Tarascon dans les fosses mariennes, en évitant qu'elles submergent la ville romaine elle-même dépendante des eaux hautes du Rhône en cas de crue. Ici aussi, en miniature, cohabitent eaux hautes et basses !
A Tibiran, tout se passe sous
terre, et l’essentiel est, comme souvent, caché aux hommes… sauf les spéléologues. Norbert Casteret raconte dans ses mémoires la forge Fuzeré que je
photographie à 100 mètres d’altitude avec le drone, réveillé du long
sommeil pendant le covid. Cent mètres est l’altitude que j’ai indiquée au drone pour
ne pas aller trop haut, respect de la réglementation (puisqu’il existe une régle
pour voler avec un drone, même dans le paysage rural le plus éloigné des habitations).
J’aurais du m’accorder une dérogation pour voler à 120 m. Je me le suis interdit ! Car à l’altitude réglementaire
je ne vois pas à la fois le puits de Tiberius, et la forge Fuzeré sous laquelle
passe la veine décrite par Norbert Casteret. Il descend dans un trou (noir et
humide). Au fond un passage, Gustave A. l’a emprunté, il circule debout. On descend,
jusqu’à un Y. A droite, une veine rejoint l’endroit où elle touchait terre et
sortait, à l’endroit de la captation du puits que les locaux appellent « le
poudac ». A gauche, direct vers l’exutoire actuel, la fontaine, qui
alimente le lavoir, qui alimente le moulin abandonné.
voici la branche droite de l'Y, en 2 photos à coller entre elles. Celle du bas prise à +100m. A 11 h au centre, le dernier trou d'effondrement découvert par Gustave A. |
la branche principale passe sous les voitures, aboutit à la fontaine, puis au moulin
synthèse par Googlemap : je ne dis pas qu'il est aisé de se repérer !
le cadastre aide à faire la part des choses et des 3 accès, mais il faut être habitué des lieux !
Le départ de la voie droite du Y (à
droite quand on se trouve à l’amont), est un peu plus haut que la veine gauche principale.
Quand la veine est alimentée en eau, aujourd’hui lors des forts épisodes
pluvieux, elle remplit sa partie principale gauche et se met en pression. Un
peu plus tard, elle rejoint en hauteur la partie droite qui se met à son tour en pression. Le poudac se
raccorde, l’eau monte, toujours en pression, j’évalue (jusqu’aux futures
mesures qui sont prévues cet hiver) la vitesse à 1m/s, ce qui donne compte tenu
de la surface de la section du puits 0,7m3/s. Il faut bien que cette eau aille
quelque part, le canal étant obstrué de limon non nettoyé déborde dès l’origine.
L’eau part où elle peut en bas, affouille les enrochements tenant la terre
rapportée pour enfouir le puits, risquant un futur éboulement. Le but de travaux de
rétablissement serait de retrouver la section d’origine du canal, de redonner
leurs rôles aux deux déversoirs, conçus pour évacuer les eaux excédentaires :
elles seraient excédentaires car la vanne dont les montants sont toujours en place serait obturée,
puisque le canal aval resterait bouché …sauf s’il était souhaité de le reconstituer
à son état initial, du moins jusqu'à la sortie du bois qui le cache toujours du drone et des photos satellitaires.
11 déc 2020 : le puits se met en charge, mais son canal bouché, il déverse avant le déversoir |
le poudac se débrouille comme il peut : une part file direct en bas par la gauche, une partie reste fidèle à l'ancien tracé obstrué |
L’état initial est toujours
surprenant, ici comme au pont du Gard et à Tarragone : autant les ouvrages
d’art peuvent être sophistiqués, comme les ponts et les souterrains, autant les
canaux à surface libre peuvent être simplistes : ici, vu la déclivité du
profil qui est situé sur une pente, la rive gauche exhumée est bien retrouvée.
Par contre, pas de rive droite, constituée par la roche naturelle. Du coup, la
section que l’on imaginerait rectangulaire est triangulaire, verticale rive
gauche, et en diagonale rive droite. Le fond retrouve la roche mère, et n’est
pas régulier comme on l’imaginerait nous qui adorons le béton bien lissé : l’eau se débrouille avec ces
irrégularités, et coulant à assez grande vitesse, "fait-avec" le
revêtement rocheux, bien plus apte à écouler l’eau que les canaux enherbés de
Provence, où la végétation qui freine le débit doit être enlevée en permanence. Ca coule tout seul !
sous le limon, découverte de la roche mère et de la section triangulaire faute de berge rive droite |
J’ai laissé trainer le sujet
essentiel dans toute histoire compliquée :
peut-on aujourd’hui faire fonctionner « le poudac », ou comment
pratiquait notre Tiberius, avec son vacataire, spécialiste des eaux ?
Je questionne Gustave A. entré debout
dans la veine, et dont je suis certain qu’il est capable de passer par un trou
de souris pour percer tout mystère souterrain : il est entré dans les égoûts
Nord de Lugdunum qui reliaient la piscine Nord, et mieux ses latrines, à la
Garonne. Il confirme ainsi le débit d’évacuation important de la ville romaine,
correspondant aux eaux utilisées par les thermes, les piscines, les fontaines,
et les habitants raccordés par le réseau de tuyaux de plomb sous pression,
comme à Pompéi. Tuyaux de plomb identifiés par Sapène dans son carnet de fouilles aujourd'hui encore consultable aux Archives départementales de St Gaudens.
61 ans de fouilles... des tuyaux de plomb... et quoi encore ? |
http://babone5go2.blogspot.com/2020/08/tibiran-la-suite-6.html
Bref Gustave A. indique qu’à un certain
moment, la veine rétrécit : impossible de passer. Si l’on se présente à l’extérieur
de la fontaine, pour tenter d’entrer dedans, impossible d’entrer ! Astuce :
entrer dans la parcelle 445 (mais elle est propriété privée) située de l’autre côté de l’un des trois chemins d’accès
au « complexe » : au centre, dessus ce qui ressemble au plafond poli et engazonné d'une salle souterraine, une dalle permettrait si on l’ôtait (ce
qui n'est pas permis) de voir ce qui existe dessous : une petite salle, qui
recueille de l’eau, on l'entend ruisseler, avant qu’elle sorte à l'air libre précisément à deux endroits. C’est là que doit exister la fente de forme rectangulaire, étroite et verticale, où était glissée la vanne de fer romaine qui obturait le passage :
il ne faut pas parler de « robinet », mais de "vanne" : on la baissait, elle obturait la fente, l’eau de la veine principale « regonflait », alimentait la
partie droite du Y, et mettait le poudac en pression. On la remontait, la fontaine coulait, la pression retombait, le poudac ne coulait plus, le clapet anti-retour se fermait.
la parcelle 445, entourée de 2 chemins accédant au pied, sise sur la roche-mère, et confortée à l'Est et Sud d'enrochements artificiels |
https://babone5go2.blogspot.com/2020/07/tibiran-je-fais-re-couler-laqueduc-2.html
je n'aurais pas du parler de "robinet" : c'était une "vanne" !
Un service d’entretien romain est nécessaire sur place. Notre Tiberius crée par décret une Régie des Eaux ! Aujourd'hui, notre droit (romain) parlerait d'une "concession". Il reçoit une légitime rémunération en sesterces, rétribution méritée de tous ses efforts et investissements, qui grandit encore sa gloire, et explique que je parle encore de lui. Nous avons exploré avec quelques amateurs sur une hauteur dominant la Garonne le fortin, permettant à ses sbires de contrôler à la fois le fleuve et sa circulation, en même temps que le tracé de l'aqueduc dont toute interruption aurait été sévèrement punie par le Patron de Lugdunum, une ville évaluée à 15000 habitants, un ex-militaire "dur à cuire" se prenant trop pour l'Empereur lui-même, et disons, très autoritaire : on ne badine pas avec un Centurion !
http://babone5go2.blogspot.com/2021/03/mysteres-romains-borde-garonne.html
Tiberius a donc organisé soigneusement sa Régie : il faut accéder à la fontaine actuelle, premier chemin : il faut contrôler qu'elle est (comme dirait plus tard Gide), ouverte ou fermée. Il faut accéder en bas du déversoir, second chemin, celui que l’on emprunte aujourd’hui après avoir garé les véhicules partie haute : les déversoirs fonctionnent ou pas ou en partie. Troisième accès, le plus fréquenté, "à l'étage" : il faut aller directement aux 2 vannes qui isolent le bief amont. Quatre dalles ont été placées par-dessus le canal pour surveiller sans se mouiller les pieds et risquer de tomber à l’eau. Périodiquement, on arrête la nuit (il faut s'y prendre 6 heures avant) le déversement des eaux vers la ville dument avertie par des gardes champêtres hurleurs. On ouvre la vanne générale, et la fontaine en coulant assèche le puits. On ferme le bief, en abaissant ses 2 vannes. On fait déverser l’eau par les déversoirs, et le limon est évacué. Le clapet anti-retour au fond du poudac se bloque sous la pression. Il se relèvera tout seul à l’arrivée prochaine de l’eau, quand la vanne bouchant la veine principale sera baissée. Tout cela sans téléphone ni talkie-walkie exige du monde, il n'en manque pas, les ordres sont aboyés, en hurlant en mauvais latin. Tiberius en réalité a confié la manoeuvre à des aides contractuels, qui font le boulot, sinon, le fouet. La grève n'a à vrai dire pas encore été inventée. Le théâtre, si ! Je précise qu'en Arles le théâtre doit absolument être alimenté en eau, car il y a des fontaines, la véritable raison si je puis préciser ce détail, est qu'il y existe des latrines, indispensables à l'entracte. Le théâtre est indispensable à l'exercice de : "panem et circences", deux fondamentaux toujours incontournables de nos jours pour une société désirant vivre en harmonie. On n'imagine pas un lieu public ou un musée dépourvu de toilettes !
les 3 chemins d'accès, le chemin Sud accédant aux vannes étant prioritaire |
Il est interdit en France aux
particuliers de procéder à quelque fouille que ce soit ayant un intérêt
archéologique. Par contre, la DRAC service de l’archéologie d’Occitanie à
Toulouse dispose d’Ingénieur(e)s archéologues qualifié(e)s pour procéder aux études
de tous ordres, historiques ; cadastrales ; topographiques ; fouilles ; expertises hydrauliques ; datation ... etc… nécessaires
Cette année 2022 post covid voit
la semaine 36, (la semaine de rentrée de septembre), être bien particulière : une équipe officielle sur le terrain, regroupe les têtes de file départementaux : en un temps limité, l'équipe exhume le bief amont. Un tas de limon est exhumé et mis de côté. Les amateurs qui depuis des années soutiennent le projet participent à l’enlèvement
des broussailles et dépôts divers qui gênent la visibilité. Au chaos initial succède ordre et propreté. Le propriétaire a donné son accord, mais reste le propriétaire ! L’ouvrage d’amenée d’eau
apparait au grand jour. Surprise, si la conduite de marbre souterraine, que
chacun(e) emprunte avec un casque allumé, pour aller voir la crépine décrite par Bailhache,
est bien romaine, le puits d’une part ; la berge gauche ensuite,
paraissent ... bien plus récents ! Des morceaux de céramique et de verre ... ! des morceaux... tardifs ! flute !
flute alors, en plein radier (présumé) ne me dites pas que vous voyez un morceau de canette ? |
Le moulin en bas aujourd’hui
désaffecté parait énorme, comparé au débit actuel de la fontaine : est-ce
le meunier, soucieux de bénéficier d’un débit maximum, qui réussissait à
faire fonctionner les deux veines, après voir restauré la captation romaine ? La légende fait allusion à des secrets disparus, où en toute discrétion il filait dans le cours de l'Arise, déplaçait certaines pierres, et faisait ainsi jouer les infiltrations alimentant les veines souterraines ! On cherche désespérément le mode d'emploi !
Norbert avait-il percé le mystère ? |
Comme toujours,
commencer à décrypter un mystère, en amène d’autres !
ces recherches par la
DRAC se révèlent tellement riches d’enseignement ...
... qu'elles vont certainement ... se poursuivre ...?
après tout, nous restons bien des Gallo-romains :
ce sont nos racines, ce sont nos ancêtres, on aimerait, comme ils savaient le faire, trouver de nouvelles sources : ... on va manquer d'eau ... !
où est donc ce "présumé" radier ? |
PS (0) : je cite Wikipedia : "une inscription
lapidaire d'époque gallo-romaine a été trouvée à Tibiran, mentionnant une
divinité nommée Ilurberixon, ainsi qu'une autre inscription, mentionnant une
divinité nommée Fagus (le Hêtre en latin), cette dernière au niveau du col
séparant Tibiran de Générest et St-Bertrand-de-Comminges, au lieu-dit la Croix
de l'Oraison".
"Toujours à Tibiran, l'ancien
château (propriété privée) du baron Louis de Fiancette d'Agos : placée
dans le mur de l'ancien château, une spectaculaire statue en terra-cotta de
saint Bertrand de Comminges avec la représentation en miniature de la
cathédrale Notre-Dame de Saint-Bertrand-de-Comminges dans sa main gauche.
http://babone5go2.blogspot.com/2020/07/tibiran-ultimes-revelations-je-rentre.html
"Départ de l'aqueduc qui alimentait la ville antique de Lugdunum Convenarum à la sortie d'un puits de captage49" : voici désormais la note 49 de Wikipedia provisoirement actualisée, en attendant la publication officielle des fouilles semaine 36.
PS (1) : https://babone5go2.blogspot.com/2019/05/jai-retrouve-le-pont-romain-de-generest.html
PS (2) : http://babone5go2.blogspot.com/2021/03/printemps-tibiran.html
https://babone5go2.blogspot.com/2020/08/tibiran-je-cherche-une-citerne-8.html
http://babone5go2.blogspot.com/2020/08/tibiran-7-cest-quoi-aigue-bere.html
http://babone5go2.blogspot.com/2020/07/tibiran-le-poudac-degage-1.html
PS (3) : https://babone5go2.blogspot.com/2020/09/nom-quintus-candidus-benignus.html
PS (4) : http://babone5go2.blogspot.com/2014/09/lenigme-nymfius.html
PS (5) : "omnes sitientes..." est une plaisanterie de votre serviteur, certains y ont cru, je n'aurais pas du, pardon ! cela fait onze ans, et Amélie Nothomb a écrit depuis : "Soif" !
https://babone5go.blogspot.com/2011/01/omnes-sitientes.html
PS (6) : il y a presque quarante ans, les vaches ont fait bien des dégâts depuis !
M Jean Picart a aujourd'hui 95 ans : avec le peu de tirant d'eau du canal en 1985, il a vu le déversoir fonctionner |
"c'est chouette" ... Athènes ... entourée de rameaux d'olivier (avec un seul L) |