Michel Louvet, président du Musée (privé) et "La poissonnière", qui n'a rien à envier à sa consoeur de Marseille pour l'aplomb et le bagout ! à gauche, "séduction à la sortie de la messe" |
Sans le faire exprès, j'ai engagé une recherche personnelle sur les peintres des années 1900 venus visiter Cancale, séduits par la baie, les paysages, les bisquines, et ... les cancalaises ! D'abord, c'est le hasard qui m'a fait découvrir Sargent ; Lathange ; Chadwick (1). Et puis je tombe, grâce à facebook, sur des amis des peintres bretons, tels Madeleine Bruchet, qui publie cette photo de famille : formidable, la falaise n'est bâtie que d'une seule maison !
on retrouve les filets à crevettes au fond à droite |
les enfants ont trouvé une pieuvre (détail) |
... et voici les parisiens en goguette : tout comme aujourd'hui 120 ans plus tard, ils débarquent "dans les territoires", s'amusent des moeurs locales, consistant à pêcher dans la mer les coquillages qu'ils achètent, eux, à l'étal des poissonneries. Ils s'étonnent que l'on puisse vivre sans métro, sans magasins, sans le progrès qui leur est familier, c'est "retour à l'instinct primaire" ! Vous avez remarqué ? si le Parisien a les pieds nus, les dames, elles, ont acheté des sabots pour mieux "faire peuple" ! Mais si les sabots se remplissent dans une flaque, elles pataugent dedans !
étonnant et vrai : à l'époque, ce sont des ostrea, des plates ! |
les paniers pleins d'ormeaux ! |
Notre peintre d'aujourd'hui est donc Eugène Feyen (1815-1908), qui est Lorrain d'origine, né le 13 novembre 1815, six ans avant la mort de Napoléon, ce n'est pas hier ! Il se forme au Beaux-Arts de Paris dans l’atelier du peintre Paul Delaroche (1797-1856), notamment connu pour être à l’origine de ce que l’on appelle « l’anecdote historique » un genre à vocation documentaire, avec une sensibilité remarquable. Il approfondit ses connaissances auprès du peintre d’histoire romantique et néo-classique Léon Cogniet (1794-1880).Toutes ces précisions à la fois illusoires et précieuses, voilà le fil d'Ariane qui me permet de rechercher les oeuvres de tous ces artistes oubliés !
L’artiste expérimente à son époque le nouvel outil révolutionnaire qu’est la photographie, inventée en 1839. Il initie également son frère cadet à cette discipline. Ce dernier devient, de cette façon, peintre et photographe, ce qui explique que l'on évoque plus tard "les frères Feyen". (2)
Eugène expose au Salon (exposition d’œuvres d’artistes reconnu par l’Académie Royale de Sculpture et de Peinture) dès 1841. Dix ans plus tard, il est contraint d’arrêter de peintre et par conséquent d’exposer à cause d’une faiblesse oculaire qui le handicapera dix ans. Il part s’installer à Cancale en 1861, nous y voilà ! la même année ou il est de nouveau exposé au Salon ou il y sera jusqu’en 1880, durant cette période il y sera primé deux fois : en 1866 et 1880. Une année plus tard il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Dès son arrivée en Bretagne, il
se passionne pour les paysages de la baie du Mont-Saint-Michel et de la récolte
des huitres et plus généralement de toutes les activités autour de la mer. Il
représente de manière fréquentes des jeunes filles. Son style naturaliste singulier
plait au-delà des frontières françaises.
Vous pensez si je cherche ses toiles, au-delà de celles exposées au Musée de Cancale qui, vu la durée de ses fermetures supérieures à celle de ses ouvertures, reste compliqué pour moi à explorer. Voici des merveilles :
si je distingue les bisquines derrière, impossible de trouver le Mont St Michel |
la pêche aux crabes à marée basse |
le lavage des pieds, après le lavage des huitres |
Nous sommes le 21 août 1911. Lors d'une de ses rondes, un gardien du Louvre constate la disparition du plus célèbre tableau du monde : La Joconde. Contre toute attente, l'employé ne donne pas immédiatement l'alerte. En effet, la simple idée du vol du portrait de Mona Lisa semble si incongrue qu'il pense que l'oeuvre a simplement été déplacée par les conservateurs. Ce n'est que le lendemain que les responsables s'alarment, et que la police est tardivement prévenue. L'affaire est si grave que les autorités renforcent les contrôles aux frontières. Les soupçons portent d'abord sur le poète Guillaume Apollinaire, mis en cause quelques années plus tôt dans le vol de statuettes ibériques que son ami Géry Pieret avait revendu à Picasso. Apollinaire est emprisonné à la Santé du 7 au 11 septembre 1911, avant d'être blanchi.
Deux ans durant, la presse internationale spécule sur l'affaire. l'incroyable histoire de cette disparition achève de porter au pinacle la célébrité de Mona Lisa. La revue L'Illustration promet cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les locaux du journal. L'écrivain italien Gabriele D'Annunzio revendique le forfait au nom de son nationalisme italien. Il n'est pas pris au sérieux.
Pourtant, le mobile était le bon : le voleur était un ouvrier italien nommé Vincenzo Perugia, qui travaillait au Louvre. Il conserva le tableau pendant deux ans, caché dans sa chambre, avant de le proposer, contre 500 000 lires, à Alfredo Geri, un antiquaire Florentin. Ce dernier examina le tableau le 11 décembre 1913 en compagnie d'un ami, Giovanni Poggi, directeur du musée des Offices. Et ils prévinrent la police.
Mais la place de la Joconde était vide !
impensable !
seule solution, la remplacer !
une réplique ?
puisqu'Eugène peint des Cancalaises...
et même qu'il en a déshabillées quelques unes...
comme "le remords", toujours à Cancale :
je vous renvoie au poème (PS 4) |
Le 13 décembre 1913, jamais en retard d'un scoop, le New York Times publie la première déposition de Perugia : "Souvent, pendant que je travaillais au Louvre, je m'arrêtais devant la peinture de Vinci, et j'étais humilié de la voir ainsi en terre étrangère. La subtiliser fut très simple. Je n'avais qu'à choisir le moment opportun. Un matin, j'ai rejoint mes camarades décorateurs au Louvre, j'ai échangé quelques mots avec eux, puis je suis entré dans le salon où la peinture était accrochée. Il était désert. La peinture souriait devant moi. En un instant, je l'avais décrochée du mur. J'ai déposé le cadre dans l'escalier et glissé le panneau sous ma blouse. Tout s'est fait en quelques secondes. Personne ne m'a vu, personne ne m'a suspecté…" Tenant compte de ses intentions patriotiques, le tribunal condamna Perugia a un an et quinze jours de prison, peine qu'il n'accomplit pas dans sa totalité. Le 4 janvier 1914, La Joconde retrouvait le Louvre, sous une plus étroite surveillance, semble-t-il.
pour moi il n'y a qu'une explication :
La Joconde de Léonard est enfermée dans le noir d'un coffre-fort en Suisse
et celle désormais vitrée
que l'on voit, masqué, quand on visite le Louvre
est celle d'Eugène Feyen !
le peintre des cancalaises