Henri Descimon, professeur émérite, Université de Provence. Pas facile de trouver des écrits sur cet éminent professeur, dont nous parle Dany, comme vivant dans la banlieue de Marseille. Simple comme le sont les grands hommes, possédant un jardin avec des bacs pleins de sedum, abritant une serre d'élevage. Et y élevant sept ans consécutifs, des apollons heureux ma foi de se retrouver au bord de la mer, pourvu qu’on donne à leurs chenilles leur nourriture favorite ! Un de ses hobby : les Parnassius apollo, on comprend, tellement ce papillon (des montagnes) est fascinant : voilà quelques publications :
DESCIMON H. (1995). La conservation des Parnassius en France : aspects zoogéographiques, écologiques, démographiques et génétiques. Rapport d’études. Opie. 22 pages.
DESCIMON H. (2006). La conservation des Parnassius de France. Situation en 1995 et situation en 2006, 11 ans après. Bulletin des Lépidoptéristes Parisiens. Volume 15, numéro 33. Pages 34-55.
DESCIMON H. (2010). Observations sur la biologie des Lépidoptères Rhopalocères vivant dans les Hautes-Pyrénées (65). Mémoire présenté en octobre 1957 à la Faculté des Sciences de l’Université de Paris pour obtenir le Diplôme d’Études Supérieures de Sciences. Version revue et augmentée 2010. Opie Midi-Pyrénées. 92 pages.
OPIE signifiait autrefois Office pour l'information entomologique, mais maintenant :"Office pour les insectes et l’environnement" :
Mais Henri voyage aussi : il connaît Gotland, l’ile baltique suédoise, (la Suède , pays de la marque d’autobus Tidaholm). Pourquoi cet intérêt ? Il y a à Gotland un Apollo Parnassius linnei. Et figurez vous que ce papillon produit régulièrement une aberration : wiskotti (le nom d'un gros Allemand-plein-de-sous-qui-achetait-des-papillons : dont (très cher pour eux) un Apollon du Gotland à la femme d'un pasteur). Et cette aberration produit un résultat spectaculaire : les taches rouges des ailes postérieures sont dilatées dans de grands dessins fantasmagoriques.
En juillet 1994 nous raconte Dany, Henri et sa femme Arlette se rendent à Gotland. En avion depuis Marignane. Et chacun son tour (Arlette chasse aussi), ils capturent un mâle Wiskotti (donc aberrant) vivant. Les spécialistes savent qu’on glisse le papillon (vivant) dans une papillote, où les ailes repliées il se trouve emmailloté, coincé, tout en pouvant respirer bien entendu. Henri a emmené une petite glacière faut-il le préciser. Le séjour est donc bref, premier avion pour Marseille !
Pendant le même temps, Vincent Pierrat qui élève Apollo dans le Jura a posté deux femelles vivantes pour Marseille où elles attendent les voyageurs dans la boite aux lettres. Je crois comprendre que ces femelles sont de la sous-espèce : nivatus ?
Le must est qu’Henri fait faire connaissance aux deux couples, les mâles insulaires gotlandiens-suédois tombant subito amoureux des deux femelles françaises. Ca ne nous étonne pas trop si l’on songe que les mâles portent en eux des gênes Vikings qui ont donné en Normandie d’autres descendants blonds-aux-yeux-bleus !
Non seulement les accouplements réussissent, mais les dames jurassiennes pondent des œufs, pour donner des chenilles qui éclosent en juillet 1995, (le droit du sol les rendant Marseillaises). L’idée de croisements successifs entre deux races est d’obtenir des descendants respectant les lois de Mendel, dans lesquels (si la cause de l’aberration réside dans un seul gêne récessif) il y aura un pourcentage calculable à l’avance des races initiales, avec, de temps en temps la réapparition du gêne wiscotti démasqué, reproduisant l’aberration d’origine : non seulement on comprend le rôle des gênes, mai on récupère des exemplaires hybrides, dont des adultes aberrants intacts pour sa collection !
dans un genre tout différent, voici l'aberration "zoro" |
L’embêtement est que Dany ne donne pas précisément les résultats en question : je vais chercher Henri Descimon dans l’annuaire téléphonique : qui sait si je puis le contacter ?
Marseille, décidément
reste une ville extraordinaire…
…d’immigration !