mardi 24 juin 2025

Las Violetas et ses vitraux français, à Buenos Aires

 



C'est chaque fois une énigme policière : quelqu'un, quelqu'une, poste sur facebook une photo, un commentaire, on sait à peine où la scène se passe quelque part dans le monde, et vous signale un truc qui vous intéresse. A partir de là, il faut chercher d'autres vues, où la scène se passe, et s'il devient possible de reconstituer l'histoire, dans mon cas il s'agit de vitraux énormes, situés dans une confiteria, à l'autre bout du monde, en Argentine.... "où le diable a perdu son poncho" ! Comment ont-ils une fois encore transporté tout cela ? Qui sont-ils ces verriers exportateurs ? Je ne trouve que cette notice : nous sommes en 1884, inauguration le 21 septembre en présence des plus hautes autorités locales évidemment. Les Maitres verriers français sont-ils présents ? Vous verrez que non, en réalité ce sont les fournitures seulement qui ont été exportées, mais ça n'est pas rien : 80 m2 de vitraux, les trois fenêtres principales, cinq derrière le bar, une dans la salle de bains et plusieurs plus petites



Wiki me dépanne une fois encore : Inauguré le 21 septembre 1884 par MM. Felman et Rodríguez Acal, l'immeuble fut rénové dans les années 1920, avec des vitraux, des portes en verre incurvé et des sols en marbre italien. Vendu aux enchères en 1933, il passa aux mains de Mateo Figallo et de sa famille. 

On dit que son nom vient des parterres de violettes qui ornaient sa façade. C'était toujours une confiserie haut de gamme, contrastant avec l'épicerie située en diagonale, juste en face. À ses débuts, on y arrivait en train depuis la gare Del Parque, située à l'emplacement actuel du Théâtre Colón, et en descendant à la gare d'Almagro, à un pâté de maisons de la confiserie. On pouvait aussi prendre un tramway tiré par des chevaux qui longeait Rivadavia.

Concernant les vitraux emblématiques, on dit souvent, à tort, qu'ils proviennent de France, mais en réalité, seuls les matériaux proviennent de France. La conception et l'assemblage ont été réalisés à partir d'aquarelles et d'encres de Chine réalisées par un décorateur dans un atelier situé à Buenos Aires, au 1019, rue Piedras, et installés en 1928. Ces esquisses, conservées, ont été réalisées en accord avec l'architecte catalan chargé de la rénovation des locaux. Antonio Estruch, qui avait déjà réalisé ces vitraux pour le Café Tortoni, en avait déjà réalisé pour le Café Tortoni (son fils et son petit-fils, également appelé « Antonio », ont continué à travailler dans le même domaine et, depuis 1987, ils occupaient les locaux du 263 Solís)(1)

À l'occasion du centenaire, l'Infante de Bourbon, arrivée dans le pays le 18 mai 1910, s'y rendit. Elle inspira des écrivains comme Roberto Arlt, qui la décrit dans son récit « Noche Terrible », et fut également fréquentée par des chanteurs comme Carlos Gardel , qui la fréquentait avec son ami Irineo Leguisamo , ainsi que José María Contursi et Azucena Maizani . Un voisin du quartier, ancien président de la nation argentine , était également présent : Arturo Frondizi . 

Les Grands-mères de la Place de Mai se réunissaient là, clandestinement, sous prétexte de fêter un anniversaire, pour chercher des moyens de récupérer leurs petits-enfants kidnappés et disparus , pendant la dictature militaire qui s'appelait Processus de Réorganisation Nationale (1976-1983). 

Las Violetas a servi de décor à des films tels que La Mafia , de Leopoldo Torre Nilsson , de 1972 et Soleil d'automne , d' Eduardo Mignona , sorti en 1996. 

En 1998, il a été déclaré Bien d'Intérêt Culturel par le Conseil municipal de Buenos Aires . Plusieurs années avant sa restauration, en 2001, le site est resté fermé et semi-abandonné.

on entre par des portes galbées, décorées de l'écusson Argentin






on monte à l'étage pour voir les salles de haut








et voilà les verrières, très dans le style XIXè












les lampes ne sont pas de la même qualité















voilà, on achète ici des patisseries ; on déjeune ; on  dine ; on se rencontre, dans une ambiance française ressemblant un peu à l'Opéra Garnier.

et puis on sort par où l'on est entré, par la salida



les voilà les violettes



Gérald Franzetti me disait l'autre jour au téléphone que la France comptait à elle seule la moitié des vitraux d'Europe. Et à une époque, elle exportait partout dans le monde notamment aux Amériques

Toulouse était-elle dans le coup ?

si d'aventure vous retrouvant à Buenos Aires vous vous trouviez dépaysé

rendez-vous à las Violetas, vous vous retrouverez un peu chez nous ! 



écoutez : Gabriel's Oboe uit The Mission van Ennio Morricone  



PS (1) : j'ai retrouvé pour vous le café Tortoni




et j'ai aussi trouvé Luisa pour vous accompagner