jeudi 13 juin 2024

Quand les Romains occupaient Cherchell en Algérie (2)

Après Sétif nous voilà à Cherchell, où Rome nous attend, avec ses statues, et surtout ses mosaïques. A l'époque, l'Agriculture occupe évidemment une grande partie des activités, notamment la culture de la vigne, indispensable pour pratiquer le culte de Dyonisos, j'imagine que le vin de la messe catholique provient de cette ancienne pratique ?





on laboure la terre avec les boeufs


2000 ans plus tard, en 1925, ce sont les mêmes

et on sème juste après


on élève des chevaux pour tirer les chars


de bizarres tritons tiennent lieu de transport aquatique




la femme est déjà belle,

on célèbre la mer nourricière




un peu de détente à l'eau



un peu de détente chez soi


pas de télé ? une petite exécution remplace notre thriller du soir



et puis, dans un coin, je découvre ça :






vai-je parvenir à les admirer sans rien qui les cache ?

OUI !

ce sont les baigneuses de l'autre jour, mais avant d'avoir mis leur maillot !

les mêmes qu'à Pompéi !

celle-là a gardé une mini-ceinture

je m'approche :

l'une a ôté son collier ; l'autre tient encore son sous-tif


vous savez leurs prénoms ?

Aglaé, la splendeur ;

Euphrozyne, la joie ;

et Thalie, l'abondance, (justement disparue ... avec l'inflation) ! 

ensemble, elles représentent toujours 

un idéal de Beauté ! 

Ainsi, les Grâces seraient, selon l'opinion la plus commune, les filles de Bacchus dont nous avons déjà parlé (le dieu de l’ivresse) et de Vénus (la déesse de l’amour et de la séduction). Les poètes les décrivent comme un groupe ternaire, indissociable, donc très facilement reconnaissable. Selon la croyance, elles seraient les compagnes de Vénus, et dispenseraient aux êtres humains de bonnes mœurs comme : l’égalité d’humeur, la bonne grâce (d’où leur nom), l’éloquence, la sagesse, et la reconnaissance. Le plus souvent, on les représentait jeunes et nues (ou avec de légères étoffes).

En outre, ces divinités sont considérées comme bienveillantes et aimables. Leur culte était remarquable au sein d’autels et de temples, surtout à Delphes, à Elis, à Byzance ou à Périnthe

Elles ont inspiré plusieurs sujets d'art représentés dans des dizaines de peintures ou de sculptures, depuis l'Antiquité, mais aussi en musique, ou dans la dénomination de bâtiments ou d'arbres remarquables.

elles m'ont moi-même inspiré :


à Salou, dansant avec leurs tresses !




PS ; elles me font penser au poème de Théophile Gautier : les Trois Grâces de Grenade :

Recueil : "España"

À vous, Martirio, Dolorès, Gracia,
Sœurs de beauté, bouquet de la tertulia,
Que tout fin cavalier nomme à la promenade
Les Nymphes du Jénil, les perles de Grenade,
À vous ces vers écrits en langage inconnu
Par l’étranger de France à l’Alhambra venu,
Où votre nom, seul mot que vous y saurez lire,
Attirera vos yeux et vous fera sourire,
Si, franchissant flots bleus et monts aux blonds sommets,
Ce livre jusqu’à vous peut arriver jamais.

Douce Martirio, je crois te voir encore,
Fraîche à faire jaunir les roses de l’aurore,
Dans ton éclat vermeil, dans ta fleur de beauté,
Comme une pêche intacte au duvet velouté,
Avec tes yeux nacrés, ciel aux astres d’ébène,
Et ta bouche d’œillet épanouie à peine,
Si petite vraiment qu’on n’y saurait poser,
Même quand elle rit, que le quart d’un baiser.
Je te vois déployant ta chevelure brune,
Et nous questionnant pour savoir si quelqu’une
Dans notre France avait les cheveux assez longs
Pour filer d’un seul jet de la nuque aux talons.

Et toi qui demeurais, ainsi qu’une sultane,
Dans un palais moresque aux murs de filigrane,
Dolorès, belle enfant à l’œil déjà rêveur,
Que nous reconduisions, — ô la douce faveur ! —
Sans duègne revêche et sans parents moroses,
Près du Généralife où sont les lauriers-roses,
Te souvient-il encor de ces deux étrangers
Qui demandaient toujours à voir les orangers,
Les boléros dansés au son des séguidilles,
Les basquines de soie et les noires mantilles ?
Nous parlions l’espagnol comme toi le français,
Nous commencions les mots et tu les finissais,
Et, malgré notre accent au dur jota rebelle,
Tu comprenais très bien que nous te trouvions belle.

Quoiqu’il fît nuit, le ciel brillait d’un éclat pur,
Cent mille astres, fleurs d’or, s’entr’ouvraient dans l’azur,
Et, de son arc d’argent courbant les cornes blanches,
La lune décochait ses flèches sous les branches ;
La neige virginale et qui ne fond jamais
Scintillait vaguement sur les lointains sommets,
Et du ciel transparent tombait un jour bleuâtre
Qui, baignant ton front pur des pâleurs de l’albâtre,
Te faisait ressembler à la jeune péri
Revenant visiter son Alhambra chéri.

Pour toi les derniers vers, toi que j’aurais aimée,
Gracia, tendre fleur dont mon âme charmée,
Pour l’avoir respirée un moment, gardera
Un long ressouvenir qui la parfumera !
Comment peindre tes yeux aux paupières arquées,
Tes tempes couleur d’or, de cheveux noirs plaquées,
Ta bouche de grenade où luit le feu vermeil
Que dans le sang du More alluma le soleil ?
L’Orient tout entier dans tes regards rayonne,
Et bien que Gracia soit le nom qu’on te donne,
Et que jamais objet n’ait été mieux nommé,
Tu devrais t’appeler Zoraïde ou Fatmé !

Grenade, 1842.




Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille s’installe à Paris. Malgré son jeune âge, il éprouve de la nostalgie et s’habitue mal à son nouvel environnement. Lecteur avide, il a cinq ans lorsqu’il commence à lire. Sa grande passion est « Robinson Crusoe », qui fait sur lui une vive impression, puis « Paul et Virginie » ; il rêve de devenir marin, avant de se passionner pour le théâtre, notamment la peinture des décors.

En 1820, à l’âge de huit ans, il fait un bref séjour en tant que pensionnaire au lycée Louis-le-Grand. Ses parents doivent l’en retirer au bout d’un trimestre puisque il y dépérit. Plus heureux comme « externe libre » au collège Charlemagne, Gautier y rencontre le jeune Gérard Labrunie (le futur Nerval) et manifeste un goût particulier pour les poètes latins dits décadents, les « grotesques » et pour la natation qu’il pratique assidument.

Il est en terminale lorsqu’il commence à fréquenter l’atelier du peintre Louis-Édouard Rioult (1790-1855), rue Saint-Antoine, et découvre à cette occasion qu’il souffre de myopie.

Sa rencontre le 27 juin 1829 avec « le maître » Victor Hugo, auquel le présentent Gérard et Petrus Borel précipite sa carrière d’écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la bataille d’Hernani, vêtu d’un gilet rouge qui marquera durablement les esprits. Le soir même, il quitte l’atelier de Rioult.

Tout en menant « toutes les grandes campagnes romantiques », il écrit un premier recueil de vers, dont son père finance la publication et qui sort chez Mary le 28 juillet 1830, en plein milieu des Trois Glorieuses. Le 28 juillet 1830 est le jour des barricades à Paris et le recueil passe sous silence. Ces premières poésies pourtant montrent un jeune poète fort habile, ayant déjà acquis la manière des anciens et, conscient de leur héritage, il y fait preuve d’originalité par une forme bien arrêtée et une langue précise et nette.

Il continue à fréquenter Victor Hugo et ses proches. C’est dans ce cénacle qu’il fait la connaissance de Célestin Nanteuil, qui trois ans plus tard, lorsque Gautier réimprime ses premiers vers dans un nouveau recueil intitulé « Albertus », récit fantastique, diabolique et pittoresque, l’illustre d’« une eau-forte ultra-excentrique ». Il rencontre également l’éditeur romantique Eugène Renduel, qui vient de publier « les Soirées de Walter Scott », de Paul Lacroix. À sa demande il écrit en 1833 « Les Jeunes-France », qui rendent compte avec truculence de la vie des artistes et écrivains qui forment le Cénacle. Dans cet ouvrage « baroque » pourtant, Gautier se fait le témoin lucide et ironique de ces « Précieuses Ridicules du Romantisme ». Deux ans plus tard Renduel publie également « Mademoiselle de Maupin » (1835), qui fait scandale.

Quittant le domicile familial, place des Vosges, Théophile Gautier s’installe impasse du Doyenné, à l’emplacement de la place du Carrousel, dans un appartement où il a comme voisins Camille Rogier, Arsène Houssaye et Nerval.

Honoré de Balzac, qui apprécie ces jeunes talents, envoie Jules Sandeau leur proposer de contribuer au journal « La Chronique de Pari »s en 1836. « Balzac, qui daignait me trouver du talent et le dire, m’envoya chercher par Jules Sandeau». Gautier y publie des nouvelles comme « La Morte amoureuse » et « La Chaîne d’or » et des critiques d’art. Il sera fort impressionné par le maître et plus tard, il contribuera à sa légende avec des portraits biographiques d’Honoré de Balzac.

Il travaille également pour le magazine de Charles Malo, « La France littéraire », et pour le quotidien d’Émile de Girardin, « La Presse ». Dans ce journal, Gautier se charge d’abord de la critique d’art. On évalue à plus de deux mille le nombre des feuilletons et articles qu’il aurait rédigés pour ce journal. Un nombre restreint de ces articles est recueilli en volumes : « Les Grotesques », « L’Histoire des peintres », « l’Art moderne », « Les Beaux-Arts en Europe », « l’Histoire de l’art dramatique depuis vingt-cinq ans », « Trésors d’art de la Russie », « Portraits contemporains », « Histoire du Romantisme », « Souvenirs littéraires », etc. Tous ces articles sont allègrement écrits dans une langue nette, souple, impeccable et brillante. Gautier invente à sa manière une écriture de critique d’art qui ne vise pas seulement au jugement, à l’analyse, mais aussi à recréer la justesse du sentiment esthétique. Il cherche à rendre, au moyen de mots, la sensation visuelle, musicale produite par la perception directe de l’œuvre d’art. Cette tâche de chroniqueur l’occupe toute sa vie. « J’ai travaillé à La Presse, au Figaro, à La Caricature, au Musée des Familles, à la Revue de Paris, à la Revue des Deux Mondes, partout où l’on écrivait alors. » Souvent pesante, cette besogne quotidienne ne l’empêche pas de faire du sport (de la boxe et du canotage) et de continuer à créer des œuvres poétiques et dramatiques. Ainsi en 1838 paraît « La Comédie de la Mort », un recueil de poèmes assez différent des précédents où, sous l’influence de Shakespeare, Goethe et Dante, Gautier sculpte avec vigueur le spectre de la Mort. En 1839, Gautier cède à la tentation du théâtre qu’il admire depuis toujours et écrit « Une larme du diable » puis « Le Tricorne Enchanté » et « Pierrot Posthume ». Ce sont des fantaisies, des pastorales féeriques, un théâtre lyrique, impossible et imaginaire qu’il fait vivre encore dans les livrets de plusieurs ballets, dont le plus célèbre est celui de « Giselle », dansé à l’Opéra le 28 juin 1841, avec un succès prodigieux.

En mai 1840, il part en Espagne, qu’il connaît à travers les « Contes d’Espagne et d’Italie » d’Alfred de Musset et « les Orientales » de Victor Hugo. Son « Voyage en Espagne », sorte de carnets d’impressions vigoureux, est marqué par la fraîcheur du regard, l’étonnement de la vision et le souci toujours exacerbé de la justesse du dire. Ces visions donnent lieu à de nouveaux vers, « España », qui paraissent dans le recueil des « Poésies complètes » en 1845. Ce premier voyage en amène bien vite d’autres. En 1845 c’est l’Algérie, en 1850 l’Italie, en 1852 la Grèce et la Turquie, en 1858 la Russie et en 1869 l’Égypte (envoyé par le « Journal Officiel » pour l’inauguration du canal de Suez). Chacun de ces voyages donne lieu à des publications : « Italia », « Constantinople », mais surtout ils nourrissent ses œuvres littéraires, romans, nouvelles ou poésies.


demain je m'interroge :

quand je vois la situation dans laquelle la dissolution nous met,

je me demande si nous avons vraiment progressé depuis les débuts de l'Humanité ?

(à suivre !)

Figaro