La situation évolue : Lourdes est à nouveau ouvert ! Vous et moi sommes désormais autorisés de nous rendre à Saint-Bertrand de Comminges, même si je ne suis pas certain que la messe du dimanche reprenne aujourd'hui. Bientôt, vous pourrez à nouveau admirer l'autel doré de l'entrée-Sud, à la droite de Bartholoma de Donadieu de Griet, évêque de Comenge il y a quatre cents ans ! Je cherche obstinément l'arche ...et ...
... Je vous emmène en Ethiopie ! Pour tout vous dire, facebook m'a passé un article sur la revue National Géographic, d'un voyageur sympa décidé à voyager sur les traces de la reine de Saba. J'apprends qu'elle a séduit Salomon, qu'ils ont eu un fils, et que c'est ce dernier qui, en héritage de son père, aurait hérité de l'arche ! Cette légende expliquerait qu'elle soit toujours sur place, dans une chapelle, le hic est que personne ne peut entrer, personne ne l'a vue, mais tout le monde a fabriqué des copies, et des processions ont lieu avec des prêtres portant sur la tête les tables de la loi, nommées là-bas : tabots !
Sauf que ces tabots sont enveloppés de linges précieux forcément, et que personne n'a vu les dits tabots non plus ! Sauf moi qui en ai trouvé un, sachant que la collection complète est exposée à Londres, au British Museum, avant que ce dernier en restitue un aux Ethiopiens il y a quelques années seulement !
cérémonie à Timket : a priest of Ethiopian Orthodox Church is holding a Tabot in
a Timket (Epiphany) ceremony at Gondar, Ethiopia, Jialiang Gao, Janvier 2002,
By Jialiang Gao www.peace-on-earth.org – |
je recopie pour vous l'article intégral de Stanley Stewart
Je mets les guillemets : "La Reine de Saba est la Greta
Garbo de l’Antiquité. Femme glamour et mystérieuse, mentionnée dans la Bible et
le Coran, célébrée dans un oratorio de Händel, un opéra de Charles Gounod, un
ballet d’Ottorino Respighi et représentée dans des tableaux de Raphaël, de
Tintoretto et de Claude Lorrain, les historiens savent très peu de choses sur
elle, malgré leurs recherches. À travers les étendues de l’Afrique du Nord
d’aujourd’hui, sa légende perdure même si, ou parce que, personne ne sait
vraiment si elle a existé, ni si tel était le cas, où elle a vécu.
"Pour les Éthiopiens cette reine
était bien réelle : ils la considèrent comme la mère de la nation et la
fondatrice de la dynastie des Salomonides qui a existé jusqu’en 1975 et la mort
de son dernier descendant au pouvoir, Haile Selassie. Alors que les opinions
divergent parmi les archéologues, les Éthiopiens croient que c’est depuis ce
palais que leur Reine de Saba partit pour Jérusalem vers l’an -mille.
Le Kebra Nagast, récit du XIVè siècle de légitimation de la dynastie régnante en Éthiopie, propose une version
étendue du mythe. Ménélik Ier, ancêtre revendiqué de la dynastie régnante en
Éthiopie à partir du XIIIèe siècle, dite salomonide, serait le fils de Salomon
et de Makeda, reine de Saba.
Hocine Ziani est un peintre algérien né en 1953 : quel artiste, représentant la reine de Saba visitant Salomon |
Selon ce récit, le roi Salomon, pour acheter les matériaux nécessaires à la construction de son temple, rencontre des marchands du monde entier. Parmi eux Tamrin, grand marchand de la reine Makeda d’Éthiopie. En retournant dans son pays, Tamrin décrit à la reine les choses merveilleuses qu’il a vues à Jérusalem, ainsi que la sagesse et la générosité de Salomon. Elle décide donc de le rencontrer. Elle est chaleureusement accueillie et participe à un grand banquet donné en son honneur dans le palais de Salomon. Makeda y passe la nuit, Salomon jurant qu’il ne tenterait rien contre elle, après qu’elle-même ait juré qu’elle ne lui volerait rien... même pas un verre d'eau ! !
Salomon bien que sage est malicieux... ! Il demande à son Chef (je me crois à l'Elysée) de préparer un repas particulièrement épicé. L'effet est réussi : Makeda se réveille en pleine
nuit assoiffée, la gorge en feu. Lorsqu’elle s’empare d'une carafe d’eau, Salomon apparaît, lui
rappelant son serment. Ce à quoi elle répond : « Ignore ton serment. Laisse-moi simplement boire de l’eau. » Tu parles ! Une promesse est une promesse, et Makeda, qui n'avait pas envie de rejoindre le harem de Salomon (60 épouses et 80 concubines), doit bien s'exécuter ! Vous devinez à quoi ! Cette
même nuit, (ses "affaires" faites...) Salomon fait un rêve où il voit le soleil se lever sur Israël.
Méprisé par les juifs, le soleil se déplace vers l’Éthiopie où il rayonne.
Salomon donne alors à Makeda un anneau qu’elle accepte comme preuve de sa foi. (il lui devait bien ça !). En rentrant dans son pays, leur relation n'ayant pas été protégée (c'est là que l'on touche du doigt les progrès accomplis depuis) elle donne neuf mois plus tard naissance à un fils qu’elle nomme
Baina-lekhem (bin al-ḥakīm, « fils de la sagesse »), plus tard appelé Menelik.
on a ainsi la confirmation qu'après avoir bu son verre d'eau,
Makeda a connu Salomon
et réciproquement !
Après avoir grandi en Éthiopie,
le garçon, arborant l’anneau de Salomon au doigt, part pour Jérusalem où il est reçu
avec honneur. Le roi et son peuple tentent en vain de le convaincre de rester.
Salomon rassemble alors ses conseillers et annonce qu’il enverra son fils aîné
en Éthiopie. Il ajoute qu’il attend un troisième fils qui épousera la fille du
roi de Rome afin que le monde entier soit gouverné par les descendants de
David. Baina-lekhem est alors oint par le grand prêtre Zadok et prend le nom de
David. Des nobles de Jérusalem le suivent alors en Éthiopie et aujourd’hui
encore certaines des grandes familles éthiopiennes revendiquent son ascendance.
Avant le départ Azarya, le fils
du grand prêtre vole l’arche d’alliance que Menelik emporte en Éthiopie.
Lorsque Salomon l’apprend, il donne l’ordre aux prêtres de garder le silence
sur ce vol et de placer une copie de l’arche à l’intérieur du temple. Première copie ! Voilà comment on fabrique des copies depuis l'antiquité !
Benjamin West (1738-1820) peintre américain : Josué successeur de Moïse, passe le Jourdain avec l'arche d'alliance : il y a de l'électricité dans l'air ! |
Je poursuis le récit : "L'Éthiopie met à l’épreuve la crédulité des voyageurs. Le pays pourrait appartenir à un atlas de l’imagination. La présence des Dix Commandements n’est qu’une infime partie de ce qu’allait me révéler ce monde de plateaux s’élevant vers les nuages, de gorges vertigineuses, de sommets semblables à ceux de la Terre du Milieu, de déserts de sel brûlants, de monastères formés par les serpents et de châteaux construits à la manière d’un Camelot tropical. Les Égyptiens de l’Antiquité considéraient l’Éthiopie comme le Pays de Pount, un monde exotique où le Nil s’écoulait depuis des fontaines. Les Européens du Moyen-Âge pensaient eux que des licornes et des dragons volants vivaient dans la région, lieu de naissance du prêtre Jean, gardien de la Fontaine de Jouvence, protecteur du Saint-Graal et descendant supposé d’un des Rois mages.
"La géographie remarquablement
inhospitalière de l’Éthiopie, où débute la Vallée du grand rift de l’Afrique, a
complètement isolé la région. « Les Éthiopiens ont dormi pendant près de 1 000
ans, oubliant le monde, qui les a oubliés », écrit en 1837 l’historien Edward
Gibbon. De cette isolation naîtra des mythologies : aujourd’hui, les Éthiopiens
reconnaissent avoir deux histoires, celle à partir de laquelle les historiens
travaillent et celle que le peuple croit. Les preuves archéologiques dont ont
besoin les archéologues sont souvent rares, ce qui rend leurs explications
incertaines.
L’histoire du peuple repose sur ses récits détaillés, grandioses et souvent fantastiques. Mais entre ces deux histoires, le conte de la Reine de Saba pourrait peut-être constituer la preuve que les villageois éthiopiens ont quelque chose à apprendre aux historiens.
L’histoire du peuple repose sur ses récits détaillés, grandioses et souvent fantastiques. Mais entre ces deux histoires, le conte de la Reine de Saba pourrait peut-être constituer la preuve que les villageois éthiopiens ont quelque chose à apprendre aux historiens.
Voici le patriarche actuel de l'église éthiopienne
"Située dans le nord du pays, la
province du Tigré, lacérée de ravins et aux montagnes escarpées, est considérée
comme le berceau de la civilisation éthiopienne. Selon les Éthiopiens, cette
terre est la terre natale de la Reine de Saba. Une terre où je me lance à sa
poursuite. Ici, l'existence de la reine reste une rumeur tenace, ancrée dans
les contes racontés dans les villages et représentée dans les fresques des murs
des plus de 120 églises reculées et creusées dans la roche qui parsèment les
flancs des montagnes du Tigré et dont l’existence était pratiquement ignorée du
monde extérieur il y a encore 50 ans.
"À Tigré, il est facile d’imaginer
à quoi ressemblait la vie dans les temps anciens : elle a très peu changé au
fil des millénaires. Je vois des paysans labourer et récolter des champs de
sorgho et d’orge à la main. Aucun véhicule motorisé en vue, il faut se déplacer
à dos d’âne ou à pied, ce que je vais faire à mon tour.
"Bem et moi retrouvons deux guides de Tesfa, avant de nous
diriger vers les plateaux du Tigré. Sous nos yeux se mêlent des escarpements
abrupts et des mesas au sommet plat, ainsi que des vallées aux pentes douces,
parsemées de tukuls, des huttes traditionnelles rondes au toit de chaume et aux
murs plâtrés d’adobe.
"En arrivant dans la vallée Erar,
sa beauté nous réduit au silence. Les vergers se dressent sous des treillis
d’ombre et de lumière. Les odeurs de fumée de bois, de foin fraîchement coupé
et de fleurs du printemps se mélangent et parfument la matinée. Près de nous,
des hommes sveltes et leurs bœufs blancs labourent des champs de terre lourde.
Des enfants avancent furtivement à travers les bosquets, nous saluant
timidement de la main tout en rassemblant des moutons. Près d’un tukul, un
homme vanne le blé, envoyant en l’air des fourchetées de grain battu au fléau
pour que la brise emporte la balle qui l’enveloppe. Là-bas, dans le lit d’une
rivière à sec, trois femmes vêtues d’élégantes shammas apparaissent. Leur long
vêtement en coton flotte au vent comme des bannières blanches contre les berges
brun gris. Au-delà de la vallée, derrière les mesas et les escarpements
alentours, les montagnes bordent l’horizon, les nuages enveloppant leurs
sommets en dents de scie.
"Nous sommes restés dans la vallée
plate une bonne partie de notre journée de marche, nos sacs portés par un âne
corpulent. Soudain, en fin d’après-midi, nos guides dirigent l’animal vers un
chemin qui serpente sur le flanc escarpé d’une mesa. Je demande à Bem où nous
allons. « C’est une surprise », dit-il en souriant.
"Notre âne intrépide ouvre la route, soulevant un léger nuage
de poussière sur son passage. Nous finissons par parvenir au sommet de la mesa.
Le soleil de la fin de journée inonde l’étendue d’herbes sèches. Un groupe de
singes gélada à la fourrure marron, emmené par un mâle à la crinière
broussailleuse, passe devant nous à grandes enjambées.
"À plus d’un kilomètre de nous, de l’autre côté de la mesa,
j’aperçois un bâtiment : l’hedamo de Tesfa où nous passerons la nuit. La petite
bâtisse, ainsi que ma chambre comme j’allais rapidement le découvrir, est
perchée tout près du bord d’un escarpement, qui se trouve à plus de 300 mètres
de hauteur dans le vide. Vers l’ouest, une vaste étendue de ravins et de
collines nous sépare des montagnes d’Adoua et du soleil couchant, qui teinte
désormais de rose et d’or la moitié du paysage. Derrière nous, la lumière est
argentée. Dans le ciel, la pleine Lune qui s’élève se détache seulement d’une
autre chaîne de montagne. Pendant un instant, le monde céleste, le paradis de
la Reine de Saba, est en parfait équilibre.
"Dans la pièce principale de
l’hedamo, une femme d’un village situé à quelques kilomètres prépare le café en
vue de notre arrivée. L’Éthiopie est considérée comme le lieu de naissance du
café, qui a soi-disant été découvert lorsqu’un chevrier a remarqué l’effet
énergisant des fruits sauvages sur son troupeau. Toujours réalisé devant les
invités, le service du café est un rituel éthiopien aussi formel que celui de
la cérémonie du thé japonaise. Installée à côté d’un feu de bois, notre hôte
commence par torréfier les grains dans une poêle au-dessus des flammes. Alors
que de la fumée s’élève, elle souffle doucement sur celle-ci pour que nous
puissions en respirer l’arôme.
« Betam tiru no », lance Bem. « Ça sent très bon ». Les
grains sont ensuite réduits en poudre dans un mortier, avant qu’elle ne soit
ajoutée à une bouilloire d’eau chaude. Le café est servi dans de petites
tasses, avec un accompagnement traditionnel surprenant : du popcorn tout frais.
"Alors que je bois à petites
gorgées, l’odeur d’un ragoût à la cardamome s’échappe de la petite cuisine et
parvient à nos narines. Quelques instants plus tard, nous commençons à manger
un doro wat, un plat épicé à base de poulet, et du kitfo, de la viande hachée
au thym. Tous deux sont accompagnés d’injera, un pain plat spongieux éthiopien
fait à base d’une céréale riche en fer, le teff.
"Le repas terminé, je m’éclipse
dehors. Sous les étoiles froides, le silence est total sur l’escarpement. Au
bord du précipice, je contemple un paysage dessiné à l’encre noir. Je sais
qu’il y a des maisons et des hameaux, des chemins et des champs, je les ai vus
un peu plus tôt, pourtant, je ne vois aucune lumière. Le Tigré dort dans
l’obscurité, comme il le fait depuis l’époque de la Reine de Saba. Après avoir
éteinte ma bougie et m’être étiré dans mon lit au cadre d’adobe sous un épais
édredon, je ne tarde pas à faire de même.
"Pendant un millénaire, les
villageois du Tigré se rassemblaient dans d’anciennes églises qui n’ont pas été
construites en pierre, mais plutôt creusées dans la roche. Bon nombre d’entre
elles ont été taillées sur des façades rocheuses escarpées, afin qu’il soit
difficile d’y accéder. Aujourd’hui, pour assister à l’office du matin dans
l’église Abuna Yemata Guh, qui date du 5e siècle, les paroissiens doivent faire
de l’escalade. Les pèlerins du monastère de Debre Damo, construit au 6e siècle,
sont eux hissés à l’aide de cordes jusqu’à la chapelle.
"Ces lieux sont restés isolés jusqu’aux années 1960. À
l’époque, les historiens ne prenaient pas au sérieux les histoires d’églises
cachées, qu’ils considéraient être des exagérations saugrenues. Dans une liste
dressée en 1963, seules neuf églises creusées dans la roche furent identifiées
dans la région.
"La province du Tigré était trop
reculée pour permettre d’autres recherches, jusqu’à ce qu’un historien
éthiopien, Tewolde Medhin Joseph, prenne connaissance de la liste et des
histoires et décide d’enfiler ses chaussures de randonnée pour se faire sa
propre idée. En 1966, il présenta une nouvelle liste lors d’une conférence sur
les études éthiopiennes. Il déclara qu’il existait 123 églises creusées dans la
roche, que bon nombre d’entre elles se trouvaient dans des endroits
spectaculaires et qu’elles étaient en majorité encore utilisées. Certaines de
ces églises datent du 4e siècle après J.-C. et figurent donc parmi les plus
anciens sanctuaires chrétiens encore existants. Elles sont même plus anciennes
que les églises monolithiques de Lalibela, destination la plus connue
d’Éthiopie, située à environ 400 km au sud.
"Ma longue randonnée dans le Tigré
me conduit jusqu’à une des 123 églises, Maryam Korkor, qui aurait plus de 1 000
ans et dont l’existence est trahie par une simple porte en bois visible sur la
paroi rocheuse. Un prêtre apparaît avec une clef grosse comme une matraque pour
ouvrir la serrure médiévale. Nous quittons la chaleur étouffante de
l’après-midi pour entrer dans un monde frais et sombre. L’intérieur, je le vois
immédiatement, est digne de l’architecture. Un dôme composé de quatre voûtes
est creusé dans le plafond, les coups de burin encore visibles. De l’herbe
fraîchement coupée est éparpillée sur le sol « pour faire entrer la fraîcheur
et l’odeur de la nature dans l’église », explique le prêtre, un jeune homme aux
mains longues et élégantes et à la barbe clairsemée. Les bruits provenant du
village situé en-dessus, les ânes qui braient, les enfants qui jouent, une
femme qui interpelle un voisin, s’engouffrent par la porte ouverte, tous moins
forts, désincarnés et célestes.
"Je remarque un rideau suspendu
contre le mur grossier à l’est qui barre le passage menant au sanctuaire. Le
prêtre explique que ce dernier abrite une copie de l’Arche d’alliance et des
Dix Commandements et répète ce que j’ai souvent entendu : les véritables Dix
Commandements se trouvent à Axoum, prochaine étape de notre longue marche
débutée il y a trois jours. Pendant un millénaire, Axoum a dominé les routes de
commerce entre l’Afrique et l’Asie. Les légendes évoquent une grande ville où
l’or, l’argent et les perles étaient abondants, où les obélisques venaient
chatouiller le dessous du ciel et où se trouvaient la Reine de Saba et son
immense cour. L’histoire est moins catégorique.
"Comme je m’en suis aperçu, les vestiges de cette grande ville sont bien réels, éparpillés dans ses rues poussiéreuses. Les obélisques colossaux qui commémorent les dirigeants axoumites sont particulièrement connus. Ils ne chatouillent pas vraiment le ciel et gisent malheureusement en grande majorité sur le sol. Toutefois, l’obélisque le plus long, qui mesure plus de 30 mètres, aurait 1 600 ans et est aujourd’hui cassé en plusieurs morceaux, serait le plus grand monolithe que des Hommes aient tenté d’ériger. Ces stèles signalent le site des tombes souterraines royales que Bem a hâte de me montrer. Il m’emmène vers un passage qui devient de plus en plus étroit au fil de la descente et qui débouche dans une succession de chambres souterraines au plafond bas, aux murs nus, dépouillés il y a des siècles de leurs riches décorations. Nous trouvons le Tombeau aux arches de brique, qui abrite des chambres funéraires dotées d’arches en forme de fer à cheval. Nos voix résonnent contre la pierre. Dans le Tombeau de la fausse porte, nommé ainsi en raison de la porte creusée qui dissimule l’entrée, le silence est si écrasant que nous nous mettons à chuchoter.
"Un grand mystère entoure l’Arche
d’alliance, qui, selon les Éthiopiens, aurait été transportée jusqu’à Axoum par
Ménélik depuis le Temple de Salomon alors que les Babyloniens envahissaient
Jérusalem. Bien que cela n’ait pas été vérifié, l’Arche et les Dix
Commandements se trouveraient dans une chapelle située dans le domaine de
l’église Sainte-Marie de Sion. À travers la grille, je regarde les deux moines
qui gardent la porte de la chapelle : on dit qu’ils ont été entraînés pour tuer
à mains nues. Les historiens et archéologues aimeraient beaucoup examiner le
trésor, mais la chapelle est interdite d’accès, à l’exception de quelques
membres de la hiérarchie de l’église chrétienne éthiopienne, qui empêchent
toute confirmation indépendante de son authenticité.
"La nuit tombe et je n’ai pas
encore vu le palais de la Reine de Saba. Je me dépêche d’aller sur le site
situé à l’ouest de la ville, où je me vois escalader le mur arrière pour me
balader seul parmi les ruines hantées. Mais hantées par qui ? Les archéologues
ont daté avec hésitation le palais au 6e siècle avant J.-C. : à cette époque,
la Reine de Saba, si elle a existé, était déjà morte depuis plusieurs siècles.
Les chercheurs ne sont même pas sûrs que Shéba, le nom historique du royaume de
Saba, se trouvait en Éthiopie. Le Yémen semble être une piste toute aussi
convaincante.
"Toutefois, les dernières
découvertes archéologiques pourraient venir à la rescousse de la légende de la
reine. En 2012, Louise Schofield, ancienne conservatrice au British Museum, a
débuté des fouilles à Axoum au cours desquelles elle mit au jour des preuves
considérables de la culture sabéenne, dont une stèle en pierre sur laquelle
étaient gravés un soleil et un croissant de lune, « la carte de visite du
royaume de Saba », précisent les spécialistes. Des inscriptions en sabéen ont
également été mises au jour et Louise Schofield a découvert de l’or provenant
de ce qu’elle identifia comme une ancienne et vaste mine d’or, certainement la
source de la fabuleuse richesse de la reine.
évidemment, il ne reste que les fondations du palais |
"En 2015, des fouilles ont permis
la mise au jour de deux squelettes de femme qui portaient des bijoux précieux
et qui avaient été enterrées comme on inhume des membres de la royauté. Les
archéologues ont encore beaucoup de travail car seuls 10 % d’Axoum ont fait
l’objet de fouilles archéologiques, mais les preuves historiques des légendes
éthiopiennes qui entourent la ville et le palais dans lequel je me trouve
commencent à nous parvenir. L’histoire et les légendes ne divergent peut-être
pas tant que cela.
"Le lendemain matin, je visite un
autre palais, celui du riche Roi Kaleb, un dirigeant axoumite du 6e siècle dont
l’histoire est plus documentée, qui a régné lorsqu’Axoum était à son apogée.
Mais ce n’est pas son palais qui m’intéresse ; c’est un simple chemin.
Celui-ci, qui n’est rien de plus qu’un chemin de terre, passe devant le palais,
descend puis traverse une vallée agricole. Il s’agit de l’ancienne et
principale route du commerce d’Axoum, une route aussi chargée d’histoire que la
route de la soie. Elle reliait Axoum à Adoulis, le port de la mer Rouge, et au
monde extérieur. Durant l’âge d’or impérial d’Axoum, des caravanes de toute
l’Asie et de toute l’Europe passaient par ici, transportant de la soie de
Chine, des épices d’Inde, de l’huile de la péninsule italienne et de l’or des
célèbres mines d’Axoum.
"Aujourd’hui, c’est plus calme. Je
n’ai vu qu’une seule femme sur ce chemin, accompagnée d’un âne qui portait un
sac de farine à destination du village situé derrière la colline et non pour la
Perse ou l’Inde. Un berger vêtu d’une cape blanche et muni d’un bâton apparaît
avec son troupeau. Il s’arrête pour me saluer. Tandis que ses moutons se
dirigent vers leur pâture pour la matinée, il s’assoit à côté de moi sur un
muret du vieux palais. Il me demande ce qui m’amène ici et pourquoi je suis
venu de l’autre côté de la planète pour m’asseoir sur un vieux mur.
« La Reine de Saba », je réponds et son visage s’illumine.
« Elle est allée à Jérusalem et a emprunté ce chemin
lorsqu’elle est rentrée », me dit-il avant de tracer une ligne dans la
poussière avec son bâton. « C’était la route pour rentrer de Jérusalem. Elle
est passée devant ce mur, là où nous sommes assis. »
"Soudain, balayant du regard ce paysage et son chemin
sinueux, je me suis senti plus proche de cette illustre reine que si j’avais lu
des centaines d’histoires à son sujet.
"Puis, ayant fait apparaître la reine dans l’air matinal, le
berger se lève pour aller s’occuper de ses moutons avant qu’ils ne commencent à
manger les cultures d’un voisin. Il me serre la main poliment et me dit à quel
point il a apprécié notre rencontre.
"Je ne sais toujours pas comment la reine a acquis sa
réputation de femme hautaine, mais ses descendants dans l’Éthiopie actuelle ont
tous été chaleureux et accueillants et ils ont cette sorte de politesse
traditionnelle que ma mère aurait admiré. La reine légendaire est peut-être
vivante après tout, présente à travers la dignité de son peuple et dans la
mémoire collective de cette terre si fière sur laquelle elle a autrefois régné.
Auteur récompensé, Stanley Stewart explore dans ses livres
des sujets allant des sources du Nil aux steppes de la Mongolie. Il partage son
temps entre Rome et le Dorset, au Royaume-Uni.
Quelques vues des cérémonies annuelles, où sont portés les tabots
J'airais aimé vous montrer les tables de la loi remises à Moîse. Je n'ai trouvé que ce tabot, les autres sont exposés au British Museum, l'un a été restitué à Axoum il y a quelques années.
alors, un épisode n°3 :
"où se trouve donc l'arche d'alliance" ?
"où se trouve donc l'arche d'alliance" ?
oui, et même deux,
je vous parlerai dans le numéro 4 du peinture James Tissot !
... et bon dimanche !
je vous parlerai dans le numéro 4 du peinture James Tissot !
... et bon dimanche !
qui retrouvons nous au centre de l'autel de St-Bertrand entre les religions juive et catholique ? Saint-Jean-Baptiste ! ! |
PS 1 : je vous ai déjà parlé de la reine de Saba dans :
http://babone5go2.blogspot.com/2020/03/le-papillon-qui-tapait-du-pied-2.html
PS 2 : si d'aventure, vous manquiez de lecture vous pouvez parcourir la vie aventureuse de Barthelemy de Donadieu de Griet parue en 1639, sachant qu'il a connu la maladie... et la peste tant dans le temporel que le spirituel !