Nous nous sommes rendus à
Toulouse dès vendredi soir. Samedi matin, il faudra une heure d’autoroute pour
rejoindre Caussade. Eux, les 50.000 visiteurs, viennent de partout, nous
rencontrerons à déjeuner des gens de Saône et Loire. Du plateau de Langres, et
même du Tar, car n’en déplaise à Mélenchon
on ne prononce pas le n final !
Nous partons dès potron-minet, dans la nuit noire, le froid humide, avec la petite
Fiat, plus facile à garer dans la foule immense qui bloque tout Caussade.
Prudent de faire le plein, entourés de tous ces automobilistes visage fermé, car digérant difficilement le prix de l’essence de base à 1 Euro 52 !
où voulez-vous trouver ailleurs de tels forets ? |
Paris toujours Paris |
Fouille à l’arrivée , on s’est
habitués aux rochers anti-camions-terroristes qui protègent les innocents. Et c’est
la foire immense aux vieux tracteurs, car les neufs n’ont aucun intérêt ici :
on recherche la rouille, les accessoires, les pièces détachées introuvables
ailleurs, engrenages, vieux moteurs, magnétos, chaines énormes, morceaux de
Lanz, tout est trouvaille. Il faut bien dire que les pièces rares sont rares, depuis
le temps toutes achetés : 28 ans ! Mais Caussade offre une
diversification intéressante : vieilles voitures sorties de grange,
automobilia, jouets, voitures à pédales, affiches, déco automobile, motos,
solex, tout devient bon pour attirer un large éventail de population. La population y est, Caussade est plein comme un oeuf !
les Belles des prés de l'an passé on pris un an de plus |
le Pic du Midi d'Ossau, avec la dent brisée |
Au restaurant, impossible de
réserver. –« venez déjeuner à 11H15 »
m’indique la patronne. Nous nous retrouvons entre séniors exclusivement, car en
y réfléchissant bien, qui peut bien s’intéresser à cette mécanique ancienne,
dépassée par l’électronique d'aujourd’hui ? Réponse : les séniors,
les séniors ruraux, qui paient la CSG augmentée et me disent –« Macron ? je l’emmerde » !
Et qui roulent à 80 Km/H et me disent : -« Philippe ?
Je l’emmerde ! ». Je dis à mon voisin d’en face qui vient du Tar : –« Mélenchon vous dirait que vous n’êtes pas Français, comme il
vient de le dire à une journaliste toulousaine ». Et il me répond :
-« Mélenchon, je l’emmerde » !
Tous ces hommes sont accompagnés de leur femme personnelle, venue les
accompagner par amour.
l'échange 15 Euros contre un jeton : je prends une bière en plus, 2 € |
Je suis à côté de Gisèle amie de René, puisque la
patronne nous a mis deux+deux à une table de quatre, et elle me demande, s’agissant
de René : -« combien vous lui
donnez comme âge » ? A vrai dire, elle a un accent rocailleux du Tar, et je peine à traduire ce qu’elle
me dit, mais je me force contrairement à Mélenchon puisque je vis moi aussi
dans le rural profond aux racines occitanes, et réponds en y réfléchissant
à deux fois : « disons :
80 ? ? ».
Toute fière (de lui) elle me dit : -« non ; 84 ! » et ajoute : « on va sortir
tout à l’heure, vous allez voir, vous aurez du mal à courir derrière lui ! ».
Je ne réponds rien car c’est vrai ! Je lui parle d’Hervé Bazin, qui a fait
un enfant à sa meuf à 81 ans, et lui demande si elle y a pensé avec René ?
La conversation prend une tournure grivoise. Elle répond : -« sa femme, à René, est morte il y a
trois ans. On se connaissait depuis l’école ça veut dire 50 ans. Quand sa femme
est morte, je lui ai écrit une lettre, à René. Depuis, nous sommes ensemble ! ».
Je m’efforce de comprendre, en me forçant j’y parviens. Elle passe aux
confidences, nous sommes devenus intimes. Elle précise : -« avant, je portais le bois (de
chauffage) dans une brouette. René, des tracteurs, il en a 5. Pour mon
anniversaire, il m’a offert un tracteur. Pour porter le bois, c’est beaucoup
moins fatigant ! Quel âge vous me donnez » ? Elle a 70 ans !
14 ans de moins que René ! Et ils élèvent des poules pondeuses ! Avec
le revenu des poules, ils fréquentent toutes les foires aux tracteurs, Dieu sait s’il y en
a dans le TAR !
L’an passé, des visiteurs
indélicats sont partis sans payer : aussi la patronne nous donne le mode d’emploi :
on se lève, on fait la queue devant le comptoir, et chacun paie son écot soit
15€, en échange d’un jeton. Menu spécial, car en semaine on a l’entrée en plus
pour 2 Euros en moins, cuisse confite de canard sur lit de haricots tarbais.
Tarte aux pommes maison. Vin. Café. Les haricots mêlés de couenne de porc ne
conviendraient pas à un frère halal, mais nous, sommes autorisés par notre
religion et en profitons (tant qu’il en est temps) avant qu’on se soumette. Le
voisin Monsieur de Langres qui vient du plateau du même nom a obtenu, lui, des
frites. Je lui demande comment il a fait ? –« J’ai demandé, me dit-il, jusqu’à ce que je l’observe se goinfrer
des haricots piqués à sa meuf. Il est en short, et répond qu’il vit dans cette
tenue toute l’année. Il a un petit accent de Langres, et me dit qu’il emmerde
Mélenchon. Ce dernier ne s’est pas fait des amis chez les ruraux, malgré qu’il
s’habille de vestes de cuir gaufré issu de vaches, faites sur mesure, qui doivent coûter aux
contribuables que nous sommes un paquet de pognon. On rigole tous qu’il ait
prétendu être sacré, comme une vache dans ce pays sympa qui s’appelle l’Inde,
où on ne parle pas Français non plus ! Ploucs de toute la planète, ça fait
quand-même une palanquée de ploucs pour niker Mélenchon !
Gisèle qui a su ça je me demande
comment (mais ils ont mangé là l’année dernière) m’explique qu’il y a plein de
jolies filles en cuisine, et précédé d’elle pour ne pas passer pour un
harceleur, je demande l’autorisation de photographier. Etchebesse n’a pas
besoin de leur donner des conseils : pour faire manger une quantité
impressionnante de séniors des deux sexes, elles sont totalement au point :
il faut dire que Caussade fait manger durant ces deux jours au
moins 100.000 personnes, majorité séniors, je ne vous dis pas la quantité de canards qui
ainsi trépassent pour le plaisir de tous !
la place du grand Hall Aimé Bonnaïs, avec un prénom pareil, ça facilite l'amour |
la place centrale |
Il y a deux parties d'exposition dans Caussade :
la place de la gare, l’endroit historique, limité par les rails et la SICA SCS
où autrefois j’ai installé les fours à séchage de maïs, le combustible étant la
rafle au centre de l’épi ainsi débarrassée gratos par le feu. Il faut dire qu’à
Caussade, j’ai été maitre d’œuvre du goudronnage de la place centrale, et l’auteur
du premier système de collecte des ordures ménagères. Et il y a le second
endroit, la place justement, derrière le monument aux morts, et autour de
Marianne, « envoi de l’Etat », une Marianne que j’adore. (j’adore
Marianne, c’est à ces détails que l’on voit que je suis totalement ringard). Ici, je suis chez moi depuis 1969.
Sur cette place centrale, ont peu
à peu été rassemblées les nombreuses locomobiles à vapeur. Des moteurs Duvant
dont le spectacle est le laborieux démarrage, lent, silencieux, rotatif, marqué
par l’éjection spasmodique de fumée par le gros tuyau vertical coudé, le
souffle odorant de la fumée, puis l’éveil, la vie qui s’installe et prend le
dessus : les jeunes mécano qui ont forcé les engrenages à prendre de la
vitesse, s’extraient de là couverts d’huile, hilares, heureux d’avoir dompté la
bête humaine : que de bonheurs collectifs à admirer ce spectacle !
L’assistance (des séniors) perplexe, haletante, tous regards tournés vers la
bête, pousse un souffle d’apaisement collectif quand le moteur démarre. Il y a des
masselottes cachées, je n’arrive pas à me les faire montrer, cachées qu’elles sont
par une cloche opaque.
justement, la cloche qui cache la masselotte est pile devant vos yeux (ébahis) : l'écrou du haut se dévisse à la main, mais je n'ai pas eu le droit de terminer, le Chef étant pris par une urgence |
Il y a des voitures forcément, dont le vernis est parfait. La guêpe, autrement dit le petit autobus Citroën de Laguépie dont je suis la reconstruction depuis 8 ans, est maintenant finie du moins à l'extérieur. Ne restent plus que les sièges à poser : l'année prochaine elle sera complètement terminée. Des Panhard partout, et je suis fasciné par
cette jolie décapotable, noire laqué à l’intérieur rouge, volant inclus. Une
perfection et une sobriété de lignes, je la voudrais bien, vous pensez bien que le propriétaire la garde pour séduire sa meuf.
huit ans de bénévolat obstiné de Gérard Laurens www.bus-rosalie-laguepie.blogspot.fr |
Cela fait quatre heures chrono
que nous sommes debout, l’heure du repas assis ayant coupé une journée commencée tôt. Il est
encore tôt, ballade à Saint-Vincent d’Autejac pour fignoler la Land Rover d'Antoine, c’est
le moment de la mettre en vente, jamais elle n’a été aussi propre. La voici
pour 3500 Euros… à débattre ! Dites moi si vous la voulez, parfait pour
faire les courses en ville, elle a 24 ans, et peut durer encore autant… et on
met dedans ? … de l’huile de frites (après usage), la seule contrainte est
de la filtrer (pour ôter les derniers débris) ! Economique, non ? Pour votre moitié, pour qu'elle vous cuisine ... des frites ! !
ils ont arraché toutes les haies, ça fait moche |
A Saint-Vincent, les Vulcains se font chauffer au soleil, sur les graviers de l'allée.
l'automne a du bon
en lisière du Pays des Merveilles !
PS : l'an passé : https://babone5go2.blogspot.com/2017/10/tractomania-le-retour.html
pour revoir les Belles des prés : https://babone5go2.blogspot.com/2017/10/belle-des-pres.html
déjà en 2012 : https://babone5go2.blogspot.com/2012/10/tractomania-2012.html
et même en 2011 : http://babone5go.blogspot.com/2011/10/tractomania-2011.html
avant ? nous sommes venus la première fois en 1990
ce blog n'existait pas ! quel dommage !