Voir un lavabo cistercien en état de marche c’est bien, mais
peut-être un peu juste ? Santes Creus était tout près. Poblet est à 70Km,
ce qui n’est pas une distance infranchissable avec les routes modernes :
on se décide à visiter.
l'entrée de l'église : du pur baroque |
à gauche Saint Benoit, à droite Saint Bernard |
au centre, l'assomption de la Vierge |
Le comte Raymond Berenger IV était prolifique et a fondé
Poblet aussi, en 1150, en y important des moines du monastère de Fontfroide, du diocèse de Narbonne. La
nouvelle abbaye devient un foyer de culture, d’humanisme et d’activité
économique. Elle devient surtout un foyer de vie spirituelle où, sous le regard
de Dieu (et de la Vierge) l’homme apprend à se situer sagement dans la
réalité. On devine le rôle joué quand il s’est agi d’affermir le pouvoir
chrétien sur la Catalogne reprise aux Maures. Dès le début, le monastère
comptera avec la protection royale, jusqu’à devenir le panthéon de la dynastie
catalo-aragonaise et avoir un rôle important dans la vie politique de la nation
catalane.
A peine arrivés, billets payés, je me précipite dans
l’ouverture de la porte de gauche (à droite c’est l’église on y entre après) et
tombe directement sur le cloitre, envahi par un groupe harangué en catalan par
la guide. Tout le monde se lave les mains, la règle de Saint Benoit est vite
retrouvée. Le lavabo est nettement plus chic qu’à Santes-Creus puisqu’il a deux
étages, le supérieur faisant carrément douche (mais uniquement pour la vue).
Le Paradis représenté dans le cloitre est très différent,
composé de plantes médicinales typiques des jardins de simples. Les cistes sont
plus chics, avec une tache sombre proche du centre. Il y a des absinthes ;
des iris bleus magnifiques ; des centranthes. Les cyprès énormes ont-ils
mille ans ?
Les chapiteaux sont moins ornés, pas d’animaux
fantasmagoriques, de simples entrelacs.
On peut s’asseoir tout autour, se laver les mains avec le touriste voisin ; se
les sécher. Bavarder avec sa voisine, méditer, ne rien faire, c’est un lieu de
paix, on est bien dans le bruissement des micro-cascades.
On ira dans l’église après, somptueuse, on nous recommande le
rétable du maître d’autel, sculpté dans l’albâtre par Damià Froment en 1527, en
pleine Renaissance catalane. Et le panthéon royal, avec les tombeaux gothiques
des comtes-rois de la couronne catalano-aragonaise, projet personnel du roi
Pierre III le Cérémonieux.
Je vous donnerai la liste de ces rois, qui nous sont inconnus, régnant entre 1213 et 1500.
(à suivre)