dimanche 19 août 2018

Jura island & Orwell 1984


Le Figaro, vendredi 10 août : je tombe, page 18 consacrée au thème "l'été du Figaro", sur une grande page, consacrée à George Orwell écrite par Adrien Jaulmes : au lieu de passer ses vacances dans les îles grecques, ce grand reporter a osé affronté les brumes du Nord, pour se rendre dans une ile, nommée Jura, une ile écossaise un peu perdue, sauvée uniquement par sa production de whisky, et où George Orwell a écrit son fameux livre : 1984.

Première découverte : 1984 vient de l'inversion des deux derniers chiffres de la date : 1948 !

La seconde : il vivait dans une ferme en location, nommée Barnhill, pas loin de la mer, dans une solitude totale, un univers spartiate, propre à la méditation...et à l'écriture !






Pour s'y rendre il fallait deux jours de voyage depuis Londres : se rendre d'abord dans l'ile voisine d'Islay, à Port Askaig, où prendre le ferry pour Craighouse, la principale bourgade de Jura. De là il faut parcourir 40 Km par un chemin à peine carrossable. Sur place, l'électricité est fournie par un groupe électrogène, encore faut-il l'approvisionner en carburant. On se chauffe au charbon. L'eau dite potable a une forte odeur de tourbe à cause du puits qui s'enfonce dedans : c'est avec cette même eau que la distillerie du coin, dite Jura, à côté de l'hotel Jura, fabrique son whisky tourbé appellation Jura.

arrivée à Jura


Craighouse


George a perdu son épouse, et vit avec sa soeur Avril, et un jeune vétéran de la guerre Bill Dunn qui lui cultive le potager, source de l'alimentation familiale avec quelques lapins.


Une particularité du coin que comprendront les habitués du Golfe du Morbihan, connaissant le goulet entre Port Navalo et la pointe de Kerpenhir, où le flot montant et descendant crée des courants de 9 Km/H ressemblant à des torrents : le même phénomène existe avec le Corryvreckan : un puissant tourbillon entre Jura et l'ile en face de Scarba : dans les deux cas, on pense au Maelstrom norvégien. Le 19 aout 1947, je cite cette anecdote parce que cela fait 71 ans pile, Orwell se trompe dans les horaires des marées, et est entrainé dans le tourbillon. Le petit moteur hors-bord est arraché par les vagues, et il n'est sauvé aux avirons que par un passager le jeune Henry Dakin, pour rejoindre un ilot voisin le Eilean Mor.




Heureusement que le progrès technique nous permet d'accéder à Google-map, et aux images alimentées par nos contemporains-amateurs d'Ecosse : je puis vous montrer tout cela, sans jamais m'y rendre : pas de citrons, pas d'antiquités ni grecques ni romaines, seul intérêt : la solitude, alimentée par le whisky local...Jura !

...parfait pour relire dans son contexte : 1984 :



ni Google ni Facebook
ni pub incessante coupant les programmes télé
ni caméras-visio dans nos villes
ni radars routiers...

...n'existent encore

par contre deux fois par jour, les deux minutes de la haine permettent de déverser la haine collective contre un ennemi commun : 

"le traitre Emmanuel Goldstein" (1) 

Sympa non ?

sur la plage (abandonnée) :

relisez 1984 !


j'ai pris il y a quelques mois une grande décision : depuis qu'Amazon utilisait mes coordonnées bancaires pour m'imposer un prélèvement mensuel (non requis) afin de me faire payer le port d'achats-non-commandés
j'ai décidé de boycotter cette firme internationale, pour reprendre mes achats auprès de fournisseurs moins cupides



(1) ce n'est pas un hasard si Orwell lui a donné le prénom d'Emmanuel "Dieu avec nous". Notre Président fortement harcelé ces dernières semaines évoquait avant de partir à Brégançon : "la République de la haine". Peu ont (sans doute) compris qu'il citait Orwell. Espérons (sans trop de certitudes) que la rentrée prochaine lui sera moins hostile ? ?