Il est là par terre, quasi terminé, coincé sur le tapis entre des coussins qui font comme la mer, dommage que leur couleur ne soit pas bleue ! Au-dessus, le Seagull de Brest, derrière, Helle Nice l'égérie Bugatti, on distingue le vélo de dame, quel bric à brac de dingue ! Pourquoi par terre ?
A l'origine, une maquette pareille est présentée sur un socle, on dit un ber. Il est en contre-plaqué, même pas peint, une planche permet de le poser là où il y aura la place, or je n'ai pas de place : l'idée est de le poser sur une console IKEA noire, et pour ce faire, il faut socler. Je dispose de vieux échantillons de grosses barres de chêne destinées à créer des lampes, c'est l'occasion, et c'est l'origine d'une erreur fatale : je construis sur mesure deux blocs, pour le poser dessus.
Il y a pourtant l'amorce d'une forme, et ça parait tenir. Je mets des roues sous chaque montant vertical, en réalité, ce sont de petites sphères venant probablement de Chine et commercialisées par Amazon, mon socle est parfait.... jusqu'à ce que je déplace le tout pour accéder au côté gauche... la petite boule de Chine a du mal à escalader le 1/2 millimètre de dénivelé entre deux lattes du plancher de bois... patatras ! la coque bascule sur moi... tout roule sur le plancher, comme dans toute catastrophe, il y a la période de sidération, je suis sidéré. Et puis je dois relever les morceaux. Et puis suit la période de constatation : désastre, la coque est abîmée. Tous les accessoires dessus ont sauté en l'air, les lourds canots ont cassé leurs amarres, il va falloir tout reprendre : ce sera la période de réparation !
le château s'est désolidarisé du pont, les mâts ont cassé |
et la coque apparait ... énorme... et vide ! |
Et puis se produit un miracle ! Je ne comprenais pas comment le maquettiste avait pu ne pas accéder au moteur, puisqu'il l'avait enlevé, et qu'il restait les traces des trous de vis ! Logiquement, le château devrait s'enlever de la coque, où il devrait être simplement "posé" ? Je tente une fois... dix fois... rien ! Après l'accident, je trouve bien la pièce enlevée : le choc a désencastré l'assemblage trop bien ajusté, et tous les hublots sont sortis, mais il suffit de les reposer un par un. J'accède au fouillis de fils électriques que j'ai posés un par un sans rien voir, en m'aidant d'un long tube comme pour une opération chirurgicale, pour alimenter les 19 ampoules raccordées : ça fait 38 fils, il n'y a pas de masse, la coque est en ABS, renforcée de couples en bois !
Je puis enfin accéder aux entrailles vides, et même poser un moteur : j'ai naturellement dans mes réserves un Jaky N°1, celui qui actionne les vedettes Gil, et le mien est tout neuf, acquis précédemment 15,5€ sur ebay, avec un cardan pile celui qu'il faut : je vais donc pouvoir poser un 3ème interrupteur, et faire tourner l'hélice !
désolé, j'ai oublié de photographier avant le remontage ! |
Le projet définitif devient donc évident : le modèle est impeccable, patiné, ancien dans son jus, un beau modèle d'Antiquaire. Rien n'interdit de le nettoyer, d'enlever la poussière accumulée dans les coins, et de restaurer les lumières, intérieures et extérieures ! Rien non plus n'interdit de pouvoir, en le laissant statique, faire tourner le moteur, pour voir la grosse hélice vrombir, dans un vacarme dû à la résonnance de la grande coque vide, vacarme très ressemblant à celui du moteur diesel d'origine !
manque encore l'interrupteur du moteur |
mais le 3ème est bien là, caché dans l'écoutille arrière |
Tout cela avec l'accastillage professionnel en vrai laiton coulé d'Elde Modellbau, vieilli "canon de fusil" à l'acide bleu, donne une sculpture marine classique, mais très détaillée, illuminée la nuit comme en vrai, avec une passerelle enfin meublée :
D'une part, j'ai posé devant une grande roue de gouvernail qui actionne les chaines reliées au safran à l'arrière. De chaque côté, un télégraphe avertit les matelots dans la cale des manoeuvres à commander au moteur. A l'arrière, autour de la cheminée, à tribord un meuble à cartes avec une carte marine dessus, on s'asseoit sur un tabouret Stool 60 original d'Alvar Aalto, dessiné en 1933, et on lit la nuit avec une lampe Art Déco, extraite de mes vieilles réserves de wagons Wilag du Train Bleu, dont les tables étaient éclairées par une lampe avec un abar-jour de soie rose. A babord il fallait un divan, un peu cabossé, un peu crasseux, il n'y a que des mecs dans cette cabine, et quand un matelot est invité à bord, il faut bien une petite table pour poser la bouteille de rhum dessus, étaler les verres ; et un divan pour s'allonger, une lampe identique à la première pour créer l'ambiance. Sur la cheminée au centre, une grande carte des mers du globe, qui sait avec cet engin où il peut se retrouver, quand il faut aller chercher un naufragé des Vents du Globe par exemple ?
le divan à babord fait un peu "chelou", avec la lampe rouge proche. Un tapis a été posé pour finir |
la cabine est presque complète, toujours avant la pose du tapis en cuir on se douche à l'étage inférieur, où sont les sanitaires |
Sinon, tout l'accastillage a été changé, et de petits détails ajoutent la vraisemblance : petits tuyaux, robinets, chaines de diverses tailles, cordages, un anémomètre dont l'hélice est le ventilateur d'une Bugatti 57 Art Collection Auto, conservée vingt ans ôcazou, et qui a trouvé son destin.
voici l'anémomètre ex Bugatti 57 |
le guindeau a complètement changé d'allure avec ses freins, ses volants, et les chaines aux maillons barrés |
il faut une burette d'huile pour graisser le moteur et un fanal 360°, ôcazou ? |
et s'il arrive un problème avec la remorque, il faut pouvoir la trancher !
l'essentiel était et reste les fameux hublots-Oberlichte sécurisés
j'adore les élingues de câble, j'en ai mis de côté ça sert toujours |
maintenant il est tenu de chaque côté |
et voici la vue tribord !
les mêmes chaines à maillons barrés du Titanic |