Voici une Nativité de 1530 : vous voyez, cela n'a pas changé ... depuis près de cinq cents ans ! c'est l'oeuvre de Lorenzo Lotto, (1480-1556) génie de la Renaissance. Tiens ? Il n'y a pas un parti politique, chez nous, qui se fait appeler : "Renaissance" ? drôle d'Histoire qui se répète, non ?
L'épisode exprime le grand événement de la visite de Dieu à
son peuple : Isaiah dit : « L'œil n'a pas vu qu'un Dieu, a
fait tant pour ceux qui ont confiance en lui".
La scène se déroulant dans une étable, je la trouve très émouvante. Remarquez les regards des personnages : ils regardent tous Jésus, sauf l'ange qui fait face au spectateur. Une invitation du peintre à le regarder, comme pour dire : -"ne vous laissez pas distraire, allez à l'essentiel, construisez sur la roche solide et non sur des sables mouvants qui risquent de s'effondrer sous vous".
La lumière crépusculaire enveloppe la scène, mettant en
évidence les figures des personnages. Intéressant effet rétro-éclairage sur
Joseph et l'âne.
Marie, en prière, est à genoux à l'intérieur de la crèche. Elle a une bague à l'annulaire, peut-être Lorenzo fait-il allusion à la relique du Saint
Anneau, conservée dans la cathédrale de Pérouse. Elle est habillée en rouge,
couleur de la terre, de l'humanité, avec un manteau bleu, couleur du ciel.
Marie est une créature habillée, auréolée par la grâce de Dieu.
« Selon la légende, l’anneau nuptial ayant uni la Vierge
Marie et Saint-Joseph a été vendu à un orfèvre de Rome en 989 de notre ère, et
ce, par l’épouse d’un marquis de Toscane. Au fil des ans, de nombreux miracles
furent attribués à l’anneau, si bien qu’il se retrouva « en garde à vue » dans
la Basilique de Santa Mustiola de Chiusi. Toutefois, en 1473 un moine, Vinterio
di Magonza, le déroba avec l’intention d’aller le vendre en Allemagne. Mais, il
ne parvint pas à quitter la région… en raison de l’apparition soudaine d’un
épais brouillard, certainement une intervention divine due à l’anneau. Le
voleur à soutane se retrouva à Pérouse où il offrit l’anneau en cadeau au duomo
de la ville… fort probablement pour libérer sa conscience de son larcin! »
Voici l'anneau, tenu par la bien jolie Diacre Maria Rossi
Jésus tend ses bras à un agneau qui joue, anticipant le thème
de sa passion et de la croix. En réalité cet agneau est lui-même, « agneau de
Dieu qui enlève les péchés du monde », comme dira Jean-Baptiste. Il est venu au
monde pour libérer l'homme de la servitude du mal. Vous réalisez
souvent que le plus grand ennemi est en vous, même si vous le projetez à
l'extérieur. Il est important de comprendre la logique selon laquelle nous
serons ce que nous voulons être ! Aucun obstacle extérieur ne peut nous
arrêter. Souvent, nous sommes le plus grand obstacle à nos idéaux.
On dirait que le crépuscule est dehors. La lumière vient de
l'Enfant pour rappeler qu'il est la lumière du monde qui éclaire chaque
homme.
Les robes sous les manteaux des
bergers, aux visages fortement caractérisés, sont élégantes, typiques de la
mode du cinquième siècle. Le berger reste l'archétype de celui qui vit dans les montagnes, plongé dans la nature, au milieu des animaux : il médite sous le regard des étoiles, en pensant à l'éternité !
En arrière-plan, une fenêtre avec une fermeture en forme de croix est encadrée par des ailes d'un ange et croisée par une aile de l'autre. Le sujet de la passion revient de différentes manières : le même agneau est renvoyé au sacrifice de Pâques et les deux bergers qui le posent dans la crèche sont renvoyés à Joseph d'Arimathie et Nicodème pour déposer Jésus dans la tombe. Ils ont été conduits par les anges, et chacun repose une main sur l'épaule du berger debout devant eux.
Peut-être avez-vous oublié qui était Joseph d’Arimathie ? Un membre du sanhédrin (le plus haut
conseil d’Etat des Juifs), c’était l’un des personnages les plus importants de
Jérusalem. Nous apprenons son existence au moment où l’histoire de l’Evangile
semble s’achever : le Christ a rendu l’esprit sur la Croix. C’est à ce
moment-là qu’apparaît Joseph. Il se hâte d’aller voir Pilate et, se servant de
sa situation, demande l’autorisation de prendre le corps de Jésus. Ensuite,
avec Nicodème, ils le couvrent d’aromates, l’enveloppent dans un linceul (comme
le veut l’usage chez les Juifs) et le déposent dans une grotte que Joseph avait
achetée pour lui-même. Il restait très peu de temps pour les funérailles car le
soleil se couchait, le samedi de la Pâque allait arriver, tout labeur serait
interdit. Heureusement, le sépulcre était situé tout près du lieu du supplice....
... Peut-être avez vous oublié qui était le pharisien Nicodème ? Il était venu voir le Sauveur pendant la nuit pour ne pas être vu de ses confrères, il avait posé des questions et écouté les réponses. Il ne doutait pas que le Christ était un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui. (Jn 3,2). C’est durant cette conversation que Jésus dit à Nicodème que celui qui désirait entrer dans le Royaume divin devait absolument « naître d’en-haut », d’eau et d’Esprit, c’est-à-dire recevoir le baptême (Jn 3, 3-8). Et c’est Nicodème qui entendit le premier : Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (Jn 3, 16).
Le message est clair : la foi a besoin du soutien divin, en fait la foi chrétienne vous dit que Dieu en premier, croit en vous, et en ce que vous pouvez devenir. Nous avons souvent trop une image négative de nous-mêmes.
En regardant cet enfant qui joue avec l'agneau, chacun peut réaliser que Jésus l'aime, non pas à cause de ses succès, mais comme il est, dans sa pauvreté, parce qu'il le connaît mieux que quiconque. Il a la main tendue pour te dire : « Je t'aime dans ta pauvreté. J'ai foi en ton devenir. " Tu dois juste accepter tes ténèbres et te laisser aimer tel que tu es.
« N'aie donc pas peur ! Parce que c'est au cœur de ta fragilité, de ta blessure que tu découvriras la joie de te sentir aimé de Dieu".
pas difficile de se retrouver à ces dates
un Ange noie une Vierge, dessous, sous un flot de pétales (vierges) |
avec l'équerre et le compas, elle mesure les passions pour les contenir au juste milieu |