http://luciensimon.fr/lartiste/esquisse-biographique/ |
Sans
le faire exprès, j’ai commencé à vous parler de peinture des côtes bretonnes,
surtout quand j'ai trouvé les peintres de Cancale ! Mais qui dit côtes, dit
plages, qui dit plages, surtout l'été implique ... des baigneuses. C’est comme
cela que je vous ai présenté Maurice Denis, avec ses baigneuses, en observant qu’il fréquentait
Lucien Simon. Qui s'assemble se ressemble !
https://babone5go2.blogspot.com/2016/06/vacances-bretonnes.html
https://babone5go2.blogspot.com/2022/01/maurice-denis-peint-perros-guirec.html
Je vous l'annonce de suite : Lucien Simon devient peintre de la Marine, avec l'ancre, en 1933 ! Il faut donc bien qu'il peigne des marines ! Exceptionnellement lui qui est quasi toujours finistérien, il nous emmène à St Servan, on voit à droite la Tour Solidor. Saint Galonnec, futur évêque du
Léon, quitte sa famille pour aller évangéliser l'Armorique. La scène se passe
sur les côtes de l'Hybernie, en Irlande, mais le décor planté par Lucien Simon
est celui de l'embouchure de la Rance, près de Dinard. On aperçoit à
l'arrière-plan la ville de Saint-Servan et la Tour Solidor. Cette œuvre de
jeunesse de l'artiste, est avec sa version définitive, présentée au Salon de
1891, un des rares sujets bretons traités par l'artiste, qui ne concerne pas le
Finistère. Ces deux tableaux ont été réalisés l'année de son mariage avec
Jeanne Dauchez (1890). C'est à la suite de celui-ci que Lucien Simon et sa
belle-famille découvrirent Bénodet et adoptent le Finistère.
ex-voto et les deux veuves |
battage des céréales en habit et en coiffe |
sortie du bac à Ste Marine |
goélette à Ste Marine |
Lucien Simon fréquente donc la Cornouaille bretonne dès les années 1890, grâce à son mariage avec Jeanne Dauchez, dont le père a une grande maison à Bénodet. Il s’installe à Sainte-Marine en 1902 en rachetant le sémaphore. Il devient le peintre du Pays Bigouden, ce qui ne l'empêche pas au contraire d'être un remarquable portraitiste. Son dessin est vigoureux, sa palette très chaude et colorée.
là j'ai un doute : il a habité le sémaphore, est-ce le phare ? |
Ses premiers envois au Salon des artistes français (salon unique à l’époque), à partir de 1885, n’avaient pas été très remarqués. Son mariage avec Jeanne Dauchez, qui partage son goût pour la peinture et se fera connaître par son propre talent de portraitiste et de décoratrice, lui fait découvrir la Bretagne qui le séduit par ses lumières changeantes, ses paysages, sa population de marins et de paysans aux costumes colorés, dont il tirera toute sa vie une source toujours nouvelle pour son œuvre.
A l’Académie Julian, il est élève de Tony-Robert Fleury et
de William Bouguereau. Il sera à son tour professeur à l’Ecole des Beaux-Arts
de Paris, où il enseignera à Humblot, Henri Jannot, Yves Brayer et Georges
Rohner. Voilà qu'apparait Yves Brayer !
Lucien Simon participe de 1931 à 1934 aux expositions de la Royal Academy de Londres et expose au Salon des Artistes Français de Paris. Ses oeuvres sont présentes dans les musées: Boston – Breme – Brooklyn – Budapest – Le Caire – Chicago – Détroit – Helsinki – Liège – Moscou – Stockholm – Venise et dans plusieurs musées français (...et parisiens).
Du coup, je vous dois quelques peintures académiques
Jeanne Simon et les enfants |
le petit-déjeuner |
soirée à l'atelier à New York 1904 |
Nausicaa est l'un des personnages de l’Odyssée d'Homère, où elle est mentionnée principalement au chant VI, dans l'une des scènes les plus célèbres de l'épopée. La déesse Athéna lui apparaît en songe sous les traits d'une de ses amies, lui enjoignant d'aller laver son linge pour préparer ses noces. Elle se rend donc, accompagnée de ses suivantes, jusqu'à un fleuve voisin ; une fois le travail terminé, elles jouent à la balle, et leurs cris réveillent Ulysse, échoué non loin de là après le naufrage de son navire. Nu, sale et affamé, le héros décide de se manifester …
Le descriptif du Télégramme est dithyrambique : "Les violons d’Ingres de Lucien Simon (1861-1945), Baigneuses bretonnes dans les rochers, 1913, huile sur toile, 144
x 198 cm.
Estimation : 30 000/50 000 €, Adjugé : 155 000 €
"La mer a une couleur bleu-vert tendre, les rochers brillent d’un rare or, la lumière sculpte les corps, ceux nus d’une blancheur nacrée livrée au soleil, comme celui habillé et abrité sous une ombrelle. Et on comprend ce qui a séduit le peintre Lucien Simon et l’a décidé à revenir encore et encore dans cette Bretagne découverte grâce à son mariage avec Jeanne Dauchez. En 1902, il achète l’ancien sémaphore désaffecté de Sainte-Marine ; de là, il ne lui reste qu’à ouvrir les fenêtres pour découvrir le pays bigouden des bords de l’Odet et ses habitants. Ceux-ci, dans leurs costumes richement brodés, l’arrêtent et l’inspirent – il est l’un des premiers à poser un regard sur eux. Depuis ce port d’ancrage, dont il fera un antre familial et amical d’un charme et d’une attractivité magiques, il réalise de grandes aquarelles, saisissant, grâce à sa maîtrise de la technique, la fugacité de l’instant. Ensuite, de retour à Paris dans son atelier moderniste de la rue Cassini, il compose ses toiles, dont celle-ci, "Baigneuses bretonnes dans les rochers", exécutée en 1913, présentée au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1914 et probablement acquise par la galerie Bernheim Jeune la même année. « Ce fut une originalité de sa part d’observer ainsi la Bretagne, tandis que la littérature et l’art contemporain en abordaient l’étude avec une religieuse révérence. »
Jamais ces mots du critique Louis F. Aubert ne résonneront avec
plus de pertinence que dans cette composition. De fait, si l’on y admire la
solidité de son métier, ne s’y trouvent aucun calvaire, patron ou saint de
granit, ni pêcheurs de goémons, ramasseuses de pommes de terre ou femmes
sortant de la messe. Nul soupçon de religiosité dans ces Bigoudènes, oubliant,
le temps d’une pause, la dureté de leur labeur pour accepter de s’abandonner
aux rayons bienfaisants d’un soleil d’un jour d’été. Cet artiste sensible a
aimé leur donner ce quart d’heure de liberté. Pour elles, il s’est inspiré des
grands maîtres du passé qui l’ont tant marqué. Si la filiation avec Rubens est
connue et ici évidente, l’influence d’Ingres se détecte dans le dos de sa belle
odalisque bigoudène. Il a su se départir pourtant de cette antériorité tout en
la revendiquant, lâchant sa palette pour, avec virtuosité, exprimer les roses,
les jaunes et laisser entrer la lumière. À ces quatre jeunes femmes,
indifférentes au peintre qui les fixe, il offre un cadrage particulier, une vie
propre. Son talent robuste à la facture large et volontaire sut trouver en
Bretagne le moyen d’exprimer son exceptionnelle capacité d’observation.