Je persiste et je signe : il y a cent ans, c'était moins bien avant ! En feuilletant les tableaux de Léon Lhermitte, me reviennent des souvenirs d'enfance, des années 50, c'était avant : les femmes lavaient le linge au lavoir... baignaient les gosses dans la Marne... elles allaitaient leurs mômes avec leurs propres seins..., aucune contraception pour réguler les prochains ! Les intérieurs étaient moches, le sol en terre battue comme je l'ai connu à Auvillar en 1969... les moissons étaient faites à la faux, les glaneuses glanaient les derniers épis après la récolte en chars à boeufs... c'était avant... c'était comme dans les séries télé sur les chaines écolo : "retour à l'instinct primaire" : il faut se vêtir pour se mettre à l'abri du froid, il faut manger, il faut se faire payer ... les déserts médicaux, on n'en parlait même pas ! on mourrait jeune... des millions, à la guerre ... comment pouvait-on vivre avant ?
En 1889, Léon Lhermitte est choisi pour réaliser une peinture monumentale destinée à l’Hôtel de Ville de Paris. Le peintre propose de traiter un sujet moderne, l’approvisionnement des Halles, bousculant ainsi la tradition du décor allégorique.
Originaire de Picardie, Lhermitte (1844-1925) est un maître du naturalisme, courant artistique qui se développe en France à la fin du 19e siècle, à la suite de Courbet et sous l’influence des romans de Zola. Le peintre se veut témoin de son temps et dessine sur le vif des scènes de la vie quotidienne, qui lui servent ensuite à peindre de grandes compositions. Il représente ainsi en 1882 « La paye des moissonneurs » (musée d’Orsay), avec laquelle il rencontre son premier grand succès. Il compte alors parmi les personnalités du monde artistique qui prennent part à la défense de l’art indépendant face à l’inertie des institutions académiques.
le SMIC n'a pas été inventé : le faucheur reçoit une pièce |
le travail abrutit et le faucheur est sans illusion, sans espoir, sans Sécu ni retraite |
Le Carreau, où se déroule la scène peinte par l’artiste, est un marché annexe installé en plein air. Il était destiné à la vente des fruits et des légumes livrés dans la nuit par les cultivateurs et les jardiniers-maraîchers des environs de Paris. Le périmètre était ouvert aux clients de 4 heures à 10 heures du matin.
On reconnait parmi la foule les forts qui portent une blouse en grosse toile bleue et un chapeau en cuir jaune à larges bords. Ils assuraient le déchargement des charrettes vers les étals et le contrôle de la circulation des marchandises. De statut inférieur, les porteurs transportaient les marchandises achetées par les clients. Leur costume se différenciait par la blouse, la casquette haute et les deux médailles délivrées par la préfecture de police dont ils dépendaient. Les marchandes de soupes et de café assuraient de quoi nourrir et réchauffer ceux qui étaient arrivés dans la nuit.
L’œuvre fait sensation au Salon de 1895 et à l’Exposition universelle de 1900. En 1904, elle est transférée au Petit Palais qui vient d’être inauguré et présentée dans la grande galerie des peintures située au rez-de-jardin. Entreposée et roulée dans une réserve durant une partie du XXe siècle, l’œuvre est restée à l’abri des regards durant plus de quatre-vingt ans. Sa restauration, qui a bénéficié du mécénat du Marché International de Rungis, a duré quatre mois.
Ayant retrouvé toute sa vivacité,
cette œuvre illustre l’effervescence de la vie parisienne à la Belle
époque. Le tableau de Léon Lhermitte
nous permet de retrouver à l’aube du XXIe siècle l’activité industrieuse et
populaire du Paris de Zola.
Depuis lors, les Halles ont été transférées à Rungis
c'était moins bien avant !
même scène au marché aux poissons de St Malo
Emile Othon Friesz a peint la halle au bout de la rue ste Marguerite en 1938 |
j'ai aussi retrouvé cette toile de Georges Gobo (1876-1958) |
elle est reconstruite en bois
c'est bien mieux maintenant !
... et je retrouve beaucoup de toiles de Léon Lhermitte :
des marchés aux pommes de Bretagne, à Ploudalmezeau ; Landerneau, et Château-Thierry
l'adduction d'eau n'existant pas, elles lavent le linge à la fontaine, ou au lavoir
et puis, elles bossent dans les champs
voyez la triste attitude de cette faneuse : totalement ... désabusée ?
en cent ans, que de progrès : on a inventé les bains de mer
beaucoup râlent : c'est pas terrible aujourd'hui ?
c'était bien pire
avant !
un intérieur rural de l'époque : celle de nos grand-grand-parents ! |
c'est "le vieil homme" de Georges Gobo encore lui |