la Gloire de Bordeaux, détail, le tableau entier in fine |
Au centre, la jeune femme nue représente la forêt landaise, son bras gauche enserre une jarre. Peut-être est-elle remplie de résine ? Je plaisante ! Elle est assise sur une charrette dont la roue est énorme, attelée de deux mules habillées d'une couverture à carreaux rouges ...basque, conduite par un muletier au béret ...basque typique, et ornée de branches d’aiguilles et de pignes de pin. Lentement, l’attelage se dirige vers la droite.
Sur la gauche, un berger landais juché sur ses échasses et entouré de son troupeau de moutons regarde la scène. Il marche ainsi comme un géant dans les marais reposant sur "l'alios". Des pins incisés s’écoule la résine recueillie dans des pots en terre cuite, ceux-là même qui vont alimenter la jarre ? A droite, Pan, le Dieu des bergers (pieds et queue de bouc, torse velu d’homme, face barbue surmontée de cornes) joue de la syrinx, caché derrière un arbre, près d’un jeune homme rêveur - probablement un poète - en quête d’inspiration.
Le côté enchanteur de la forêt est suggéré par la présence
du faune et de la jeune femme, sorte de nymphe des bois des années 1920, défilant sous nos yeux dans une mise en scène très théâtrale.
voilà une scène typique de l'Art Déco, la mythologie revisitée à l'aune des années 20,
Jean Dupas, le troisième artiste, est le Maitre en la matière, avec "la vigne et le vin"
une Bugatti 40 noire devant, c'est le symbole parfait de l'Art Déco !
la joie, la force, l'esprit, l'appel, le vin, les hommes, l'invitation, les vendanges, la sorcière, la divine liqueur, l'alcool |
Jean Dupas est né à Bordeaux le 21
février 1882 et mort à Paris le 6 septembre 1964, est un peintre, affichiste et
décorateur français, représentatif de l'Art déco.
Je reprends la notice détaillée de Wikipedia, dans la mesure où elle détaille les amis de Jean qui sont tous des artistes célèbres, et les oeuvres des uns et des autres notamment celles qui décoraient les paquebots comme le Normandie.
Jean Dupas est débord élève à l'École des beaux-arts de Bordeaux dans l'atelier de Paul Quinsac, et des décorateurs Artus et Jean-Gustave Lauriol, il entre ensuite à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Gabriel Ferrier. Il remporte le prix de Rome de 1910 dont le sujet est Éros vainqueur du dieu Pan. Son style très personnel est qualifié d'académique ou de néoclassique. Il part à la villa Médicis à Rome, sous la direction de Carolus-Duran, puis d'Albert Bernard, où il retrouve le sculpteur Alfred Janniot et plusieurs amis dont Jean Despujols, (voir précédemment) Robert Poughéon et Pierre Bodard. Il y invite son ami Roger Bissière. Mobilisé en 1914 pendant la Première Guerre mondiale, il est libéré en 1919, année où il retourne à Rome pour faire une dernière année, pendant laquelle il présente une dizaine d'œuvres à Bordeaux au bénéfice des blessés de la Grande Guerre.
Nommé conservateur du musée Marmottan à Paris en 1940, il devient membre de l'Académie des beaux-arts en 1941. Nommé professeur de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, il compte parmi ses élèves : Jean-Pierre Alaux, Jean Monneret, Jean Joyet, Gabriel Deschamps, Roger Forissier, Roger Festernaz et Geoffroy Dauvergne. Il quitte son poste en 1951 pour subir une intervention chirurgicale et est remplacé par Edmond Heuzé. Il termine sa carrière comme directeur du musée Marmottan.
Il intervient, comme nombre d'artistes de l'époque, dans les domaines les plus variés. En 1923 et 1924 il travaille à des commandes de la Manufacture nationale de Sèvres, ainsi qu'à des cartons pour la Manufacture des Gobelins. Il dessine pour de grands magazines de mode comme Vogue et Harper's Bazaar. En 1925, il envoie une huile sur toile, "Les Perruches", à l’Exposition des arts décoratifs où elle est très remarquée.
En 1927, il conçoit le catalogue des fourrures Max chez l'imprimeur Draeger. Il est membre des Ateliers d'art sacré, après 1919, dans le sillage de Maurice Denis et George Desvallières, et participe au renouveau de la fresque. Il travaille à ce titre à la décoration de l'église du Saint-Esprit à Paris, collaborant, entre autres, avec le peintre lyonnais Louis Bouquet, ordonnateur du salon de l'Afrique aux Palais des Colonies (Paris). Il réalise également des affiches pour les Magasins Dufayel. Il demeure à cette époque au 19 boulevard de Port-Royal à Paris.
Il garde toutefois une prédilection pour les œuvres monumentales :
« Plus grand est mon travail, plus je suis heureux »
Il reste très attaché à sa ville natale pour laquelle il réalise notamment la grande composition, "La Vigne et le vin" destinée à l'Exposition des arts décoratifs de 1925. Il exécute par ailleurs de nombreuses commandes publiques et privées. Voici à nouveau quelques détails :
Il reçoit commande du ministère de la Justice en 1940 d'un projet de tapisseries pour remplacer celles de l'hôtel de Bourvallais à Paris, alors abimées. Il présente un carton intitulé "La Marseillaise" en 1945. Ces tapisseries ne seront jamais réalisées
C'est l'époque des grands paquebots : Jean collabore à la décoration de plusieurs paquebots comme l'Île-de-France et le Liberté, avec Alfred Janniot et Jacques-Émile Ruhlmann. Un de ses tableaux figure dans la chambre de l'héroïne du film américain d'Ernst Lubitsch, Haute Pègre (1932). Il travaille avec le maître verrier Jacques Charles Champigneulle, qui exposera dans son atelier du boulevard du Montparnasse les dessins préalables à la décoration du grand salon du Normandie, réalisée en 1935, dont une feuille est conservé au musée national de la Marine à Paris. Pour la décoration de ce grand salon du Normandie, il peint quatre-cents mètres carrés de peinture sur glace de "verre églomisé". Une partie de l'ensemble, "l'Enlèvement d'Europe", est conservée à Escal'Atlantic, dans la base sous-marine de Saint-Nazaire, dont un panneau de laque est exécuté par Jean Dunand d'après les dessins de Dupas. (1)
Maurice Denis dont je vous ai déjà parlé |
le grand lounge |
le Normandie réquisitionné par les Américains, les panneaux sont démontés juste avant l'incendie |
le char de Poséidon l'un des quatre panneaux |
il y avait quatre scènes, le char de Poséidon ; la nymphe Thetis ; la naissance de Vénus, et l'enlèvement d'Europe |
j'ai retrouvé le carton du char de Thetis, et un minuscule morceau du panneau cassé |
Il participe en 1936 au chantier
de la bourse du travail de Bordeaux, y réalisant deux fresques. Il termine la
même année la décoration d'un panneau mural pour le salon de l'argenterie du
palais royal de Bucarest. En 1938 il participe avec Yves Brayer, Jean Dunand,
Paul Landowski et les photographes Marc Vaux et John-Adams Davis à la
réalisation du pavillon de la France pour l'Exposition internationale de New
York de 1939, dont les architectes sont Roger-Henri Expert et Pierre Patout et
ses collaborateurs Michel Dufet et Claude Ferret. Il reste à New York où il
rencontre un grand succès.
en voilà des noms dont il faut rechercher les oeuvres !
la femme Art Déco a une silhouette reconnaissable entre toutes
voici "la tête idéale" |
la danse |
salle Ambroise Croizat Bourse |
on finit par retrouver l'emplacement des trois morceaux ! |