la rue Baudanoni aboutit au Rhône dont les digues refaites resplendissent au soleil ah si nous avions conservé notre maison ! |
les arènes circulaires ont inspiré Frank Guerhy pour la base de sa tour |
que veulent nos contemporains ?
Je vous l'ai expliqué à Timgad : panem et circences, et surtout : profitare !
"profiter", c'est manger et boire
non !
en langage international, on dit : eating & drinking
Arles romaine devient anglo-saxonne
ce n'est pas que manger : c'est un archipel
première de cordée
MAJA
et
L'ALPH-ART !
je plaisante, mais je kiffe !
la Suisse, la dynastie, l'intelligence, la langue anglaise, et l'argent
guident donc bien le monde
enthousiasmant : je la crois capable de faire revenir en Arles la Vénus ? ?
la Vénus retournant en Arles ...
... ce serait l'Arlésienne ... de retour !
http://babone5go2.blogspot.com/2012/05/la-venus.html
"en Arles avec les Alyscamps" devient
en Arles avec Maja Hoffmann
http://menschmaus.eu/maja-hoffmann-pour-lart-et-les-gens/ |
"pour l'art et pour les gens"
après la découverte de César,
Maja reine des Dieux surpasse Danaé
je suis au sens propre "sub-ju-gué" |
le vase du musée du Louvre, -450 avJC : Emmanuel-en-Jupiter fait ruisseler les pièces d'or du Koikilenkôut sur Danaé qui, faute d'eau, se baigne (telle Piksou) dans l'or qui remplit sa baignoire |
PS : si vous avez le temps d'approfondir, un remarquable article de Marie-France Etchegouin dans Vanity-fair, avec un titre accrocheur : c'est un vrai "vol (organisé)"... en avion à New York !
pouvoir et ... humour !
Vol organisé
« La milliardaire et le communiste »,
ÉPISODE 4 / Un jour, la milliardaire a emmené le maire, et d’autres notabilités
arlésiennes, à New York. Un aller et retour, à la rencontre d’un géant de
l’architecture, Frank Gehry. Après ce voyage, les dés étaient jetés.
« Je serai à la hauteur de votre romanité », avait juré Frank Gehry à Hervé Schiavetti, la première fois qu’ils se sont rencontrés. C’était le 13 novembre 2007. Il faut revenir sur ce moment où tant de choses se sont jouées. On y voit les acteurs de la tragicomédie arlésienne qui s’annonce, tous avec leurs partitions, leurs arrière-pensées, leurs petits ou grands calculs dont les conséquences se font toujours sentir aujourd’hui. C’est Maja Hoffmann qui les a réunis. Et elle ne les a pas choisis par hasard. Ils tiennent le haut du pavé en ville, alors qu’elle est encore considérée comme une personnalité allogène. Et elle a quelque chose à leur vendre. Ce jour d’automne, donc, elle réserve plusieurs places sur un vol pour New York. Dans l’avion, elle embarque le maire, dont les cheveux n’ont pas encore grisonné, mais aussi la blonde Françoise Nyssen et son mari, le bouillant Jean-Paul Capitani.
Outre ses responsabilités aux éditions Actes
Sud (fondées par son beau-père) et ses activités dans la librairie
attenante, cet ingénieur agronome de formation s’occupe d’un cinéma, d’un
hammam, d’un festival de jazz, de soirées de lectures données par des écrivains
et comédiens prestigieux. Il se débrouille pour jongler entre différentes
structures, plus ou moins subventionnées. Plus tard, il créera une école avec
sa femme, le Domaine du possible, dont les méthodes pédagogiques se
revendiquent « alternatives », il agrandira le nombre de ses sociétés ainsi que
son patrimoine foncier. « Françoise et moi, nous ne sommes pas des accapareurs
», m’a-t-il lancé, presque en préambule, en avril dernier. Les mauvais coucheurs
lui reprochent de ne pas toujours bien entretenir son parc locatif et Le
Canard enchaîné, de prendre ses aises avec les règles de l’urbanisme. Une
cabale, selon lui, pour abattre son ex-ministre d’épouse. « Ton passage au
gouvernement nous a coûté cher », lui a-t-il lâché, devant moi, alors qu’elle
nous avait rejoints dans son bureau. « Ne dis pas ça », l’a gentiment sermonné
Françoise. Elle a essayé de le calmer en citant Confucius, puis Gandhi. À
Arles, Jean-Paul Capitani possède aussi deux anciennes chapelles qui
accueillent différentes manifestations artistiques. Il y a quelques années, il
en a mis une à disposition du peintre et sculpteur coréen Lee Ufan,
le maître du vide et du dépouillement, courtisé par les plus grands
collectionneurs, François Pinault en tête. « C’est en exposant
chez moi, dit Capitani, qu’Ufan est tombé amoureux d’Arles. Résultat, il y
installe sa fondation. Elle ouvrira en 2020. » Sous-entendu : Luma et Maja
Hoffmann ne sont pas les seuls à posséder un pouvoir d’attraction. Précision de
Françoise : « Jean-Paul a été le premier, ici, qui a eu envie de faire des
choses. » Sur le boulevard des Lices, presque en face de la tour Gehry, il a
lui aussi implanté un « complexe culturel », la Croisière, sise dans un
entrepôt de fruits et légumes, héritage de ses grands-parents. Dernièrement, il
lui est venu l’idée d’y ériger un campanile. En bois et de « seulement 18
mètres », mais tout le monde y a vu un message envoyé à la Suissesse.
Le 13 novembre 2007, un quinquagénaire aux allures
d’éternel jeune homme fait aussi partie du voyage organisé à destination de New
York : François Hebel, un Parisien qui dirige les Rencontres
de la photographie d’Arles, l’événement phare à l’époque (et encore
aujourd’hui, à l’heure où l’on fête son cinquantième anniversaire, l’un des
plus importants de la ville). Ses relations avec la milliardaire sont encore
plus compliquées que celles que cette dernière entretient avec Jean-Paul
Capitani et son épouse. Car c’est cela aussi Arles, une bataille d’influences,
de territoires, d’alliances qui se nouent et se dénouent. La ville est petite,
mais la densité de personnalités remarquables au kilomètre carré y est
particulièrement élevée. En référence à la corrida, ce microcosme est ici
désigné sous le vocable de « mundillo ». Gare aux banderilles. En général, on
vous les plante dès que vous avez le dos tourné.
François Hebel connaît Maja Hoffmann depuis
longtemps. Dès 1986, il a épaulé celui dont tous deux vont se disputer par la
suite l’adoubement : Lucien Clergue, l’homme qui savait (il est mort en 2014)
si bien mettre en images les sables de Camargue, les mises à mort
tauromachiques, les fêtes gitanes et qui, à la fin des années 1970, a eu l’idée
de célébrer les arts photographiques à Arles. En 2011, Hebel prend sa
succession. Il retrouve Maja Hoffmann qui, entre-temps, est entrée au conseil
d’administration du festival, et réussit formidablement à son poste. Ainsi, il
est généralement admis que, grâce à lui, le nombre de visiteurs s’est
considérablement accru (passant de 9 000 à 100 000). Que chaque mois de juillet
et d’août, il a résorbé 5 % du chômage arlésien. Qu’il a fait du festival «
l’un des joyaux de la France culturelle de l’été »… « Que nous avons fait,
objecte Maja Hoffmann. François et moi. » Elle me rappelle, notamment, que son
argent n’y est pas pour rien. Elle a, par exemple, doté des prix. « J’ai vu ça
en Amérique. C’est comme au poker, on joue pour entrer et on discute après. »
Elle a influencé la programmation, donné des conseils, proposé des idées. « On
se voyait tout le temps avec Hebel. » En résumé et à l’entendre, elle a eu une
« part décisive » dans les succès de ce dernier. « Je ne l’ai jamais vraiment
revendiqué. Et après, tout le monde, et en particulier la presse, a fait comme
si je venais de nowhere. » Après, c’est-à-dire quand elle a
lancé Luma et qu’on l’a accusée d’avoir voulu faire une OPA
sur les Rencontres, qui sont à Arles ce que le festival est à Avignon ou à
Cannes.
Le symbole de
l’exception française qu’elle, la Suissesse, l’étrangère, aurait cherché à
s’approprier ou à écraser sous sa pharaonique tour. L’affaire a laissé des
traces. Dans le mundillo arlésien, qui fait et défait les réputations, mais
aussi à Paris, dans les milieux dits autorisés, on la soupçonne toujours de ces
mauvaises intentions.
TOUS BABA DEVANT «
FRANK »
Revenons au Boeing qui vole au-dessus de l’Atlantique
fin 2007. Dans la carlingue, ce jour de novembre, aucune chamaillerie, ni avec
Hebel ni avec les Nyssen-Capitani et encore moins avec le maire. Hervé
Schiavetti a bien hésité, un court moment, à accepter cette escapade. Il ne
parle pas l’anglais et craint de ne pouvoir se passer de nicotine pendant la
traversée — à l’époque, il fume trois paquets de cigarettes par jour. Surtout,
le président du conseil régional, le socialiste Michel Vauzelle, a
refusé cette invitation tous frais payés. Des élus en goguette avec une
milliardaire, cela pourrait faire jaser, a-t-il expliqué en substance à Hervé
qui, pourtant, s’est laissé tenter. Comment résister ? Maja les amène tous à la
rencontre du « plus grand architecte vivant » : Frank Gehry,
l’homme qui brave les lois de la géométrie euclidienne et les pesanteurs de la
sociologie. À Bilbao, cité portuaire en crise, le monumental et ondulant
musée Guggenheim, qu’il a construit en 1997, a enrayé le déclin. À
Paris, dans le jardin d’Acclimatation, il est en train de dessiner un
incroyable bâtiment de verre qui risque de choquer tous les tenants de la
tradition. Bernard Arnault, le patron de LVMH, le lui a commandé
pour y abriter sa fondation vouée à l’art contemporain. Maja Hoffmann prévient
ses amis arlésiens qu’elle n’aime pas être comparée au numéro un mondial du
luxe, mais elle doit reconnaître que ce que Frank réalise pour lui a de
l’allure. Un véritable artiste. Il conçoit ses bâtiments comme des sculptures
géantes. Lignes irréelles, angles improbables. Elle admire tant ce fils
d’immigrés juifs polonais, parti de rien et arrivé à tout, qu’elle vient de produire,
avec son mari, Stanley, un documentaire à sa gloire, Sketches of
Frank Gehry. Le cinéaste Sydney Pollack tenait la
caméra. Lui aussi est un ami de l’architecte, il a partagé le même psy dans un
groupe de thérapie.
La petite troupe arlésienne dispose de moins de temps
pour approcher le pape du déconstructivisme. À peine une journée. « Frank, se
souvient le maire, nous a fait travailler avec des cubes. » Puis le génie
presque nonagénaire a repris la main. Et sous ses doigts habiles, devant les
Français aux yeux écarquillés, un rêve a pris forme. L’esquisse du projet que
Maja Hoffmann avait imaginé pour Arles. Aujourd’hui, dans la même ville, alors
que l’ambiance est à la démolition du maestro, on se demande pourquoi elle n’a
pas lancé un concours. Ou donné sa chance à un débutant. La milliardaire se
targue pourtant de soutenir les nouveaux talents. Elle prétend aussi réinventer
la démocratie urbaine. Et, sans sommation, elle a parachuté Gehry sur la ville.
« Je souhaitais, me dit-elle, faire cadeau de sa notoriété internationale à
Arles, pour y attirer la lumière. » Quand elle le choisit, elle sait aussi
qu’il a passé son voyage de noces dans la cité camarguaise. Elle est sûre qu’il
saura « écouter le narratif » qu’elle lui propose. Arles et la Camargue sont
chères à son coeur. Hervé, lui aussi, en est certain. Avant de présider le
conseil municipal, il a été adjoint à l’urbanisme. Et en architecture, il est
aussi iconoclaste qu’en doxa communiste.
LE TRIOMPHE DE « MONSIEUR SERRE MAIN »
Aujourd’hui, le maire dit toujours que, comme « Frank
» (désormais, le communiste appelle aussi le starchitecte de l’empire américain
par son prénom), il déteste les lignes droites. Dans l’avion du retour, il est
emballé. Ses compagnons de voyage semblent l’être tout autant. Maja Hoffmann,
elle, veut prendre son temps. Moins d’un mois plus tard, pourtant, le 10
décembre 2007, tous sont assis à la même table, lors d’une conférence de
presse, pour annoncer la bonne nouvelle aux Arlésiens. Sur la photo qui immortalise
la scène, on voit la prudente Maja qui fait la gueule. Hervé, le pragmatique,
m’explique, avoir fait « fuiter » leur équipée new-yorkaise dans La
Provence quelques jours plus tôt, histoire d’accélérer le mouvement.
Il a alors en ligne de mire les municipales, prévues au printemps 2008. Et il
préfère passer pour un communiste acoquiné au grand capital mais ayant su, pour
la commune dont il a la charge, saisir une « chance formidable », que pour un
édile timoré et engoncé dans ses principes. Depuis qu’il a été élu, sept ans
plus tôt, Arles est régulièrement menacée de mise sous tutelle par le préfet.
Le taux de chômage frôle les 15 %, le plus élevé de la région. L’Insee aligne
des statistiques tout aussi inquiétantes sur les bénéficiaires du RMI, sur la
multiplication des « poches de grande précarité » dans les quartiers, notamment
ceux où habite une importante communauté gitane sédentarisée, sur les inégalités
de revenus qui s’amplifient en proportion de la « gentrification » qui, à
l’époque, n’en est pourtant qu’à ses débuts.
Pendant les deux décades précédentes, Nîmes a été «
the place to be », son maire Jean Bousquet, le créateur de Cacharel, affrétant
des trains entiers de people pour ferias et corridas. Arles a tenu son rang,
malgré tout, avec ses contingents de touristes, étrangers ou français, dont pas
mal de Parisiens, qui viennent y changer de vie ou investir dans la pierre,
attirés par ses charmes décatis, ses façades non ravalées et ses vieux hôtels
particuliers, à des prix défiant encore toute concurrence. La ville plaît aux
esthètes, aux poètes, aux branchés — certains voudraient la conserver alors, et
aujourd’hui encore, dans « son jus », luxe de privilégiés qui trouvent de
l’exotisme à la misère, quand ils peuvent s’en extraire et se replier dans
leurs résidences secondaires —, mais les entreprises périclitent ou ferment les
unes après les autres. Les papeteries Étienne, les Constructions Métalliques de
Provence, Rivoire & Carret-Lustucru où l’on conditionnait le riz de
Camargue et dont les entrepôts n’ont pas résisté aux inondations de décembre
2003. Une crue quasi millénale. Des milliers de sinistrés, la prison évacuée,
des dégâts atteignant une facture astronomique.
PHOTOS CATASTROPHE
Vaillamment, le petit-fils de Gambino affronte la catastrophe, son élévation au rang de chevalier de la Légion d’honneur en témoigne. Après le déluge, on le voit partout, sur sa petite barque, apportant ici son réconfort, là, la promesse d’une intervention de l’État — qu’il se fait fort d’arracher — pour consolider les digues. Patiemment, il écoute les doléances dans les conseils de quartier, inaugure des lotos et des kermesses. « Monsieur serre-mains » dit qu’il n’a aucun mérite. Il « aime les gens » et donc le peuple. Et le voilà maintenant, au retour de New York, avec une milliardaire, claironnant en clôture de chacun de ses discours : « Vive Maja Hoffmann ! Vive Frank Gehry ! » Et pourquoi pas ? Même Michel Vauzelle, le socialiste à la tête de la région, qui n’avait pas voulu monter dans l’avion, est d’accord. Et il a plus que son mot à dire, puisque la collectivité qu’il préside est propriétaire du parc des Ateliers sur lequel Maja Hoffmann a jeté son dévolu : près de 14 hectares où se dressent toujours les cinq ateliers de construction mécanique de la compagnie de chemin de fer Paris-Lyon- Méditerranée, repris par la SNCF lorsque celle-ci a absorbé la PLM. Le site, qui, à ses belles heures, a fait travailler près de 2 000 personnes, a traversé une longue crise puis a définitivement fermé en 1984. Depuis, une partie de la friche est occupée tous les étés par les Rencontres de la photographie. Voilà aussi pourquoi Hebel était dans l’avion. Et, comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, le terrain — tout sauf un no man’s land de la périphérie, puisqu’il est presque situé en centre-ville — jouxte la nécropole paléochrétienne des Alyscamps, l’un des huit monuments romains ou romans classés au patrimoine de l’Unesco, une qualification dont se rengorge Arles, quand sa voisine Nîmes n’a jamais réussi à l’obtenir.
DEMAIN ON RASE GRATIS
?
Ces sarcophages et ces vestiges éparpillés le long
d’allées bucoliques ont été célébrés par Mérimée, peints par Van
Gogh. Et Gehry veut construire près de cette aire sacro-sainte ? Une partie
du cimetière a déjà été éventrée, il y a un siècle et demi, lorsque la PLM s’y
est installée. Mais au moins, c’était pour la bonne cause. Le progrès était en
marche et, jusqu’au début des années 1980, grâce aux chemins de fer, plusieurs
générations d’Arlésiens ont pu se former à l’industrie. C’est donc aussi sur la
mémoire ouvrière de la ville, encore fraîche, que planent les francs suisses de
Maja Hoffmann. Le père de Rolande, la volcanique femme du maire, a été embauché
aux Ateliers dès l’âge de 14 ans. Elle a souvent raconté combien il avait été «
en colère » lorsque, « malgré sa lutte et celles de milliers de camarades », ce
lieu « avait été plongé dans le silence ». Jusque-là, la ville avait vécu au
rythme du grondement des locomotives qu’on y réparait et du mugissement des
sirènes. Christian Lacroix, petit fils de cheminot, dit s’en
souvenir encore. C’était en plus à un poète que les prolétaires devaient leurs
ateliers, Alphonse de Lamartine. En tant que député, il avait
bataillé devant la Chambre pour obtenir que le tracé du premier chemin de fer
de Méditerranée passe par Arles, alors que des projets concurrents avaient rayé
ce bourg, négligeable disaient-ils, de la carte. Mais la cité du delta, plaida
Lamartine, devait rester le « grand déversoir du commerce et des produits
agricoles de notre pays ». Ce petit port fluvial bénéficiait d’une « position
admirable » ! En dernier argument, à ses adversaires, il avait fini par lancer
: « L’Antiquité ne jetait pas ses essaims, ses colonies au hasard. »
Est-ce que Maja Hoffmann connaît cette histoire aussi
bien que Michel Vauzelle, le patron du Conseil régional ? Fin
lettré, cet avocat socialiste, ancien grognard de François Mitterrand,
se plaît souvent à rappeler le choix judicieux que fit la ville jadis : « Arles
a rejoint le camp de Jules César quand Pompée fut sottement choisi par
Marseille ! » On en revient toujours à cet empereur, posé dans le bureau, à
côté de « Maja » et « Frank ». Et comme les Arlésiens sous l’empire, comme
Schiavetti le communiste, Vauzelle le socialiste a lui aussi choisi son camp.
Celui de la bâtisseuse suisse presque aussi entreprenante que le général
romain. Lorsque la mécène lui propose, en 2007, de racheter une partie du parc
des Ateliers, il n’hésite pas à donner son accord de principe. Car si sa
collectivité a pu financer la rénovation du principal bâtiment, la Grande
Halle, tout le reste se délabre. Et la Région est à sec. Quant aux
investisseurs privés, ils ne proposent que centres commerciaux ou magasins
d’usines. « C’est une foire aux chaussures qu’on aurait pu avoir à la place de
Luma », disent aujourd’hui, à juste titre, les partisans de Maja Hoffmann. À
l’époque, elle est la seule à avoir les moyens financiers et surtout le courage
de s’engager dans ce pari culturel et architectural. À ses côtés, François
Hebel ne cache pas sa joie. S’il a sorti la friche du silence de l’après-SNCF,
avec son festival, certains photographes ne veulent plus y exposer leurs œuvres
tant les murs menacent de s’effondrer. En outre, Maja Hoffmann veut faire de
lui l’un de ses conseillers attitrés. Il rejoint tous les grands spécialistes
de l’art qu’elle a déjà réunis autour d’elle pour donner vie à Luma. Les
Nyssen-Capitani sont tout aussi coopératifs. Ils acceptent même de racheter
l’un des bâtiments pour y déménager le siège d’Actes Sud (ce qui ne se fera pas,
à cause, disent-ils, du retard pris par le chantier). Par la suite, ils
tenteront d’y installer un cinéma. C’est l’une des raisons de leur brouille
avec Maja Hoffmann, laquelle se fâchera aussi avec Hebel. Mais pour l’heure,
tout va pour le mieux. Une pluie d’éloges tombe sur la miraculeuse mécène. Tout
le monde lui déroule le tapis rouge. Les roitelets et les petites reines du
mundillo arlésien, les politiques, de droite comme de gauche, les représentants
ministériels, les autorités préfectorales. Tant pis si l’argent vient de
Suisse.
« La milliardaire et le communiste » est une enquête
exceptionnelle de Marie-France Etchegoin parue en livre diffusé en édition
limitée avec le numéro de juillet 2019 de Vanity Fair. Découvrez chaque jour un
nouveau chapitre sur vanityfair.fr.