À l’origine station thermale
devenue station touristique, Aix-les-Bains possède un patrimoine architectural
d’une incroyable diversité, reflétant les strates successives de son histoire.
En particulier tout un arsenal de palaces et hôtels, vestiges de la Belle
Époque, certains désormais transformés en habitations collectives, mais ayant
volontiers conservé leur imposante entrée ornée de l’inévitable marquise en fer
forgé. Le tout dominé par le luxueux casino Grand Cercle, temple du jeu mais
aussi pôle patrimonial de première magnitude, dont je vous ai montré de petits exemples hier... comme le pouf qui occupe la place centrale.
Le point de départ pourrait être la loi du 15 juin 1907, qui
réglemente le jeu dans les cercles et les casinos des stations balnéaires,
thermales et climatiques. Mais depuis longtemps, Aix-les-Bains occupait une
place de choix dans cet aréopage. Très tôt en effet, la station thermale est
devenue, aussi, une station ludique, visant à attirer là la haute société et
les artistes européens, monarques compris. De la reine Victoria au roi Georges
Ier de Grèce, en passant par le poète Lamartine et, bien plus tard, l’acteur
Raimu. Cadre apaisé et distingué, petits hôtels particuliers du meilleur effet,
hôtellerie de luxe, clientèle choisie, tout y est. Autant en profiter. Dès
1824, une assemblée de trente-six notables locaux fonde la Société du Cercle.
Son casino et les jeux qui vont avec sont d’abord installés dans le château des
marquis d’Aix, l’actuel hôtel de ville. Les salles de jeu sont interdites aux
habitants de la ville et réservées aux seuls « étrangers », longtemps uniquement
masculins, reçus forcément en habit. Les recettes sont vite confortables et il
faut envisager un nouveau palais du jeu, dont la construction est confiée à
l’architecte chambérien Charles Pellegrini et qui est ouvert en 1849. On a vu
riche et grand. Le casino comprend en son centre une salle de bal flanquée de
deux salons, l’un pour le jeu, l’autre pour la lecture et la correspondance.
Travaux et agrandissements vont se suivre et se multiplier comme la
construction en 1899 d’un théâtre de 900 places, mais aussi l’installation dès
1883, dans la salle de jeu d’une gigantesque et impressionnante mosaïque, œuvre
d’Antonio Salviatti. Elle est toujours là, superbe et colorée dans les tons
rouge et or, encastrée dans un plafond de cinq coupoles. Au centre se trouve le
nom d’Aix-les-Bains porté par deux génies ailés. Tout autour, figurent les
signes du zodiaque et, aux quatre angles, des figures allégoriques représentant
les quatre saisons. La mosaïque est composée de 3,5 millions de petits cubes de
verre sertis sur fond d’or.
le titre est "gold coins in Israêl" |
ce ne sont pas les mêmes qu'hier ! il y en a de toutes les couleurs ! |
musée du Vatican |
Et je tombe sur ce vieil article du Dauphiné : "Le casino d’Aix-les-Bains, inauguré en 1850 s’est refait, cette année, tout beau tout neuf et plus contemporain :
"Sans faire table rase de son glorieux passé, il a néanmoins demandé au célèbre commissaire-priseur chambérien Me Lafaury de mettre en vente sous le marteau quelques pièces caractéristiques de son décor et de son lustre d’avant : le grand salon, des tableaux monumentaux et des cadres d’époque, un lot de cinq appliques de plus d’1,60 m chacune, des vases, un lampadaire art déco, un lustre, un imposant cartel doré (pendule), époque Napoléon III qui surplombait la salle de jeux à 4 mètres de haut. Tout à la taille d’un casino.
Une quarantaine de lots, soit 80 % de la vente qui aura lieu le dimanche 27 mai 2012 à la salle de Savoie-enchères (en face du Phare) à Chambéry-Bissy proviennent du casino de la cité thermale.
Le numéro 102 aurait déjà attiré les convoitises d’un amateur d’art d’Arabie Saoudite. Il enchérira sans doute au téléphone ce jour-là. Cette importante huile de 1887, de (246 x 325), estimée entre 5000 et 7000 € est signée de l’un des peintres majeurs de l’école française et lyonnaise du XIX e siècle Nicolas Sicard. Elle est entachée de quelques petits “accidents”. Dont un trou de balle de pistolet sur la croupe d’un cheval. Difficile à vérifier 150 ans plus tard mais l’histoire voudrait qu’elle aurait été tirée par un homme ayant perdu beaucoup d’argent au casino et qui se serait suicidé sur place. La balle fatale aurait alors transpercé le tableau…
Un tableau qui représente, comme un clin d’œil, la scène réaliste d’après un duel. Jacques Lafaury regarde son catalogue. Il ne l’a pas fait exprès. Mais le lot 101, sont justement deux armes anciennes de duel issues d’une collection privée. Quelqu’un fera peut-être le lot…
Parmi les autres pièces
symboliques, l’ancienne table du jeu de la “boule” du casino, signée Caro et
début XX e avec sa marqueterie haut de gamme. Jusqu’à peu, elle était sous
verre incrustée dans le sol, et le public du casino passait au-dessus...
... et je découvre la Fortune !
la maison d'enchères de Savoie ne conserve pas d'archives, et toujours rien sur l'auteur !
je cherche ....
... et je finis par trouver ... fortune !
(elle sourit aux audacieux !)
"Moreau Vauthier est né en 1871 et
a exposé au Salon des Artistes Frances en 1895. Il a exécuté de nombreux
monuments publics. Je découvre cette description : "Ce grand bronze doré représente la déesse romaine Fortune
debout au sommet d'une roue au sommet du globe avec deux chérubins ailés au
fond. Dans sa main droite, elle tient une corne d'abondance et un bâton dans la
gauche. A gauche du socle figure le fondeur : "F.Barbedienne" et à
droite le socle est signé A Moreau Vauthier. L'arrière du globe est estampillé
d'un sceau indiquant « Réduction mécanique ». Au bas du sceau se trouve le nom
« A. Collas ». Il est en très bon état. La base reculée en lucite a été ajoutée
pour faire de la statue une partie d'une lampe à un moment donné dans le passé.
Une pièce similaire pour 12 500 $ aux enchères. Base 10" x 10"
Hauteur 25,6"
ce ne sont pas des chérubins, mais Cupidon ailé : la fortune accompagne souvent l'amour ? |
Après ce descriptif, je trouve facilement Fortune : il y a toutes les dimensions, de 50cm à 130cm la nôtre celle du casino est grandeur nature !
et je finis par le commencement : le Salon de 1878
voilà, un sculpteur magnifique, il a aussi réalisé cette allégorie de la peinture
quand je pense à Luchon
notre Aix-les-Bains des Pyrénées centrales
qu'est donc devenue la Fortune ?
https://www.youtube.com/watch?v=Vd52O3EP8ZY&ab_channel=Kaloutch