c'est bien plus qu'une vente de plus : un hommage à Eric Deschamps, amoureux des croisières Citroën
et aussi des Kégresse !
Je suis pris d’une intuition ce
vendredi 11 juin, qui aurait du voir s’ouvrir l’exposition annuelle des « bielles
du Comminges », étonnamment interdite à cause du Covid, alors qu'elle se tient en grande part dehors, et que toutes
les autres manifestations s’ouvrent enfin, dont les élections locales en "présentiel", boudées justement par des électeurs contraints depuis 15 mois à rester confinés, ne comprenant plus qu'ils doivent faire la queue en masque dehors pour accomplir leur devoir civique ? En cherchant les journaux du
week-end, dans le journal la « vie de l’Auto », un article consacre
deux pleines pages à Eric Deschamps qui vend sa collection. Ils sont comme cela
les collectionneurs, ils passent une vie à collectionner, puis l’âge aidant la
passion devient relative, ou alors ils changent de passion, et vont pouvoir
réaliser la suivante avec l’argent de la précédente…
Eric a non seulement reconstitué
deux voitures, la première de la croisière Noire (1923), la seconde de la Jaune
(1931), mais surtout, il a rassemblé des tas de souvenirs de la Noire,
notamment des photos en quantité de l'expédition, des objets, le bloc-notes du mécanicien en
Chef Maurice Penaud, de quoi remplir un musée, identique à celui qu’il avait
créé et promené dans toute l’Europe.
Je pense souvent que les ventes
aux enchères constituent un Patrimoine digne voire supérieur à celui des
musées, c’est bien le cas, en consultant la liste proposée par Drouot.
à tout seigneur, tout honneur je commence par le lot 208
ensuite, on saute deux décennies et on passe à la croisière jaune
là encore, tous les accessoires sont là
avec dans les deux cas les archives photo des expéditions
et même cette tenue d'apparat en soie trouvée sur la route (de la soie)
Je fouille toujours dans le
catalogue, espérant trouver une maquette, elle est là sans problème : les
commissaires priseurs sont tous pareils, ils reflètent le goût des acheteurs,
ou bien les maquettes connues sont hors de prix, ou bien elles ne valent
rien ! Pourtant, il s’agit de « Jouets Citroën » qui ont une
cote ? Eh bien je trouve non seulement un attelage d’une Kégresse
croisière noire remarquablement réalisé, estimé 300€, alors que le "jouet" passe souvent à 10000 !
Mais s’y ajoute un châssis de voiture à chenilles comme je n’en ai jamais vu,
avec une paire de chenilles ma foi bien réalisée ! S’il ne s’agissait de
1/10è, je serais tenté, mais moi aussi j’accumule, et si c’est pour tout
revendre, ce n’est pas la peine !
cela m'énerve toujours que les estimations soient si ridicules, pour un objet pareil ! |
il est autrement moins bien fini que le précédent ! |
je n'avais jamais vu le châssis de C4 échelle 1/10 équipé de chenilles ! |
Au milieu des objets proposés, il y a (je m’y attendais) les allusions à cette fameuse princesse Nobosudru, rencontrée en plein centre du Congo alors belge, la favorite de Touba, chef de la tribu des Mangbetu. Elle est passée à la postérité, à la fois par son extraordinaire poitrine pointue et aérodynamique qu’a ensuite immortalisée notre couturier Jean-Paul Gaultier ; et par la mascotte de radiateur sculptée par François Bazin. La mascotte est souvent coupée sous le cou, sans doute pour éviter que les enfants se posent des questions ? Mais pour les messieurs (adultes), il arrive qu’on leur propose le buste incorporant les seins, de manière à ce que la poitrine soit visible ! Je sais, nous sortons du strict domaine automobile…. encore que … ? ?
pour vous ménager progressivement, voici deux versions, celle pour les enfants, puis celles pour la (récente) fête des papas
Je me suis demandé cent ans après
à quoi ressemblait une princesse Mangbetu, qui sait si avec le produit de sa
vente, Eric Deschamps ne va pas faire un tour au Congo, pour voir de (très) près
une belle personne, descendante de la princesse des années 20 ?
la célébrissime photo de 1925 de la princesse Nobosubru, commentée en Anglais par Jo Pearl qui est sculpteur |
These photographs were taken
around 1925 by a French anthropologist traveling in the Congo, formerly Zaire.
With hindsight, the photos represent an objectification of this beautiful
Mangbetu tribes woman, treating her like a convict by taking mugshots. It is
shocking. I confess that I am torn. Showing the two views is extremely useful
visual reference for me as a basis for a sculpture. But in so doing I am making
use of this de-personalised view of the woman. There is an uncomfortable
parallel between how Africa has been exploited by colonialism and
post-imperialism and how I use the simple, dignified gaze of the woman as a
starting point for my sculpture. I hope that my head does her justice to make
my use worthwhile.
The Mangbetu tribes people had the practice of binding the skulls of babies from birth in order to elongate their shape to be able to accommodate the dramatic head-dresses that they traditionally wore. To a modern eye this practice would be deemed a form of torture. The practice has now largely died out. Probably due to Western influence and the migration of rural people to urban centres and the pressures of globalisation.
I recognise my British gaze is
also influenced by a 21st Century perspective on this subjugation of women.
Like FGM, and feet binding I do not condone the practice of the Mangbetu. It
makes me feel queasy when I think what pain the women and children must have
gone through to achieve this aesthetic. But neither is that to say that I don’t
admire the graphic elegance of the effect that the headdress creates.
à l'époque, voici comment les explorateurs montraient la tribu Mangbetu