Avec le bi-centenaire de la mort de Napoléon, les choses me sont facilitées car les médias s'y mettent pour ressortir la légende de l'Empereur. L'art accompagne, que dis-je forge cette légende, qui commence avec le célèbre testament, et se poursuit avec des peintures non moins célèbres.
Comme celle-ci, l'apothéose !
je tombe pas tout à fait par hasard sur une vente de Sotheby's, 15 juin 2017
"Napoléon Ier meurt le 5 mai 1821.
L'apprenant deux mois plus tard, le 6 juillet, Horace Vernet, grand admirateur
de Napoléon, exécute aussitôt un tableau Le Tombeau de Napoléon. Le 15 juillet,
Vernet donne à Jazet l’autorisation de le graver. Le 2 août, le tableau est
vendu 3000 F à Monsieur Delessert.
"Vernet peint peu après une seconde version, vendue 3000 F le 26 octobre de la même année à Jacques Laffitte. En 1834, cette réplique est acquise par le 4ème marquis d'Hertford, puis en 1871, dans la vente après-décès de ce dernier, elle est achetée par Sir R. Wallace. Elle se trouve depuis dans la Wallace Collection, Londres.
"Selon Amédée Durande, l’une des deux versions a été présentée lors de l’exposition personnelle que Vernet organisa dans son atelier en 1822, avec une mise en scène spéciale, le tableau étant entouré d’un crêpe noir. Cette exposition, à laquelle le peintre avait invité amis, collectionneurs et journalistes, fut très applaudie et consacra définitivement la réputation du peintre.
"Le tableau que nous présentons ici est, à notre avis, la version originale, peinte par Vernet en juillet 1821 et acquise par Delessert. Selon les inventaires des collections Delessert effectués en 1846 et 1860, le tableau appartient en 1846 à Gabriel Delessert, qui décède en 1858. On retrouve le tableau dans la collection de son frère François en 1860. Dans les deux inventaires, la description et les dimensions correspondent à celles de notre tableau et il est intéressant de noter qu’il n’est pas fait mention de signature. L’inventaire de 1860 note que le tableau a été gravé par Jazet. En 1869, le tableau ne figure pas dans la vente Delessert à Paris qui eut lieu à la suite du décès de François en 1868.
"Le 19 mars 1881, sous le n° 77, une Apothéose de Napoléon figure dans la vente des tableaux provenant des collections de l’Impératrice Eugénie, à l’hôtel Drouot. Là encore les dimensions sont pratiquement identiques à celles de notre tableau ; il n’est pas fait mention de signature et il est précisé dans le catalogue que cette composition célèbre a été gravée par Jazet. Le tableau a été vendu 4900 F, prix le plus élevé atteint dans la vente.
"Le tableau Delessert et celui de l’Impératrice sont à notre avis un seul et même tableau. En effet, Cécile Delessert, fille de Gabriel et nièce de François, était très proche de l’Impératrice Eugénie qu’elle connaissait depuis l’enfance. Elle fut dame d’honneur de l’Impératrice, l’accompagna régulièrement à Biarritz et était à ses côtés lors de l’inauguration du canal de Suez en 1869. Cécile Delessert et son mari, le comte de Nadaillac n’eurent pas d’enfants. Il est tout à fait possible que Cécile ait récupéré le tableau à la mort de son oncle en 1868 et qu’elle l’ait offert – ou vendu - à Napoléon III et Eugénie. On sait que Napoléon III était amateur d’Horace Vernet et collectionneur d’œuvres en rapport avec son oncle, Napoléon Ier.
Lorsque le grand-père des propriétaires actuels a acquis le tableau dans les années 1960, le vendeur lui a indiqué que le tableau provenait de la vente des collections de l’Impératrice Eugénie en 1881.
"Dans le tableau, d’inspiration très romantique, Vernet tient à montrer l’émotion et le chagrin que les admirateurs de Napoléon ont dû ressentir en apprenant sa mort. Il prend le parti de ne pas représenter Napoléon et de l’évoquer de façon symbolique, au moyen de son bicorne et de son épée posés sur sa tombe qu’entourent le général Montholon debout et le fidèle général Bertrand et sa famille à genoux et en larmes. Contrairement à la réalité, il place la tombe sur la hauteur d’un rocher isolé contre lesquels les flots ont amené les débris d’un navire. Sur un morceau d'épave flottant, sont inscrits les noms des batailles les plus importantes de l'Empereur. A droite de la composition, les maréchaux et généraux morts au champ de bataille, couronnés de lauriers, rendent hommage à Napoléon et, par leurs gestes, semblent l’inviter à les rejoindre. Selon Claudine Renaudeau, on reconnaît Kléber, Ney, le sultan Selim III d'Egypte, Brune, Lassalle, Lannes, Junot et Poniatowski (un tableau représentant La mort de Poniatowski par Horace Vernet est présenté dans la vente, lot 121). Leur présence, hommage aux héros de l’épopée napoléonienne, donne une dimension allégorique à la composition.
"Notre tableau (explique toujours la notice) diffère légèrement de celui conservé à la Wallace Collection, notamment dans le placement des héros morts et l’orientation de la tombe, vue presque de face. On observe d’ailleurs sur notre tableau un repentir dans la position de la tombe et du bicorne qui se trouvait à l’origine plus près de la jambe de Montholon ; un autre repentir, plus important, montre que Vernet a réduit la dimension du promontoire rocheux. Ceci conforte l’idée que nous sommes bien en présence de la première version. Claudine Renaudeau indique que la toile a été peinte très rapidement, ce qui expliquerait qu’elle ne soit pas signée et que Vernet ait hésité sur la composition.
"La gravure de Jazet d’après la première version, reprend exactement la composition de notre tableau, à l’exception d’une différence importante : en haut à droite apparaissent quelques personnages drapés et ailés jouant de la harpe. Claudine Renaudeau pose à juste titre la question : -" La présence d’ailes sur les personnages serait-elle le fruit de l'imagination du graveur, avec l'accord d'Horace Vernet, ou est-ce ainsi que le tableau se présentait ?" Nous penchons bien sûr pour la première hypothèse. En 1821, sous le règne du roi Charles X, les œuvres en hommage à Napoléon n’étaient pas très bien vues du pouvoir. L’ajout des personnages ailés jouant de la harpe renforçait le côté onirique et allégorique du sujet et rendait la gravure, destinée à une large diffusion, plus acceptable aux yeux du pouvoir en place. La gravure a d’ailleurs été parfois titrée Le songe de Bertrand.
"Jean Alaux a peint une
intéressante réplique, commandée en 1837, sous le règne de Louis-Philippe, pour
Versailles. Intitulée "Allégorie de la sépulture de Napoléon Ier à Sainte
Hélène", cette grande toile reprend, pour la tombe et les arbres, le tableau du
baron Gérard conservé au château de Malmaison, alors que, pour les héros morts
au champ de bataille, Alaux copie notre tableau ! Une petite gouache d’après le
tableau d’Alaux, de faible qualité, est conservée au musée Carnavalet, Paris.
"Nommée « Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé », cette aquatinte de Jean-Pierre-Marie Jazet (Paris, 1788 – Yerres, 1871), d’après Horace Vernet (Paris, 1789 – 1863), a été réalisée en 1840, à l’occasion du Retour des cendres, et emprunte ce titre à l’une des phrases les plus citées du testament de l’Empereur. Elle montre Napoléon soulevant la dalle de son tombeau et sortant du caveau, enveloppé dans son suaire et nimbé d’une lumière irréelle. L’allusion à la résurrection du Christ est ici évidente. Certains objets populaires qui en dérivent soulignent ce rapprochement en montrant, sur le côté, un grognard présentant les armes, tel un des soldats romains veillant sur le tombeau de Jésus.
"Le graveur Jazet fit
l’acquisition du tableau original dès le 25 mai 1840, la veille même du vote de
l’Assemblée qui ratifia la décision royale d’organiser ce retour solennel.
L’œuvre fit ensuite partie de la prestigieuse collection Demidoff.
j'ai agrandi pour vous la phrase inscrite sur le tombeau
en prime, pour vous faire plaisir,
voici Sara
une fois encore, la notice est super !
En 1813, la maison de l'Empereur
lui commanda une série de treize portraits de chevaux, dont fait partie notre
tableau.
Le tableau est décrit dans "Les
chevaux de Napoléon" (op. cit. p. 228) "Entier arabe. Gris brun, quatre
balzanes, tous crins - 1,58m. Entré à l'Equipage de selle en l'an XI, à l'âge
de 5 ans. Il participe à la campagne de Russie et a la chance d'en revenir. [...]
Il est représenté par Swebach en 1808 sur une assiette du service particulier
de l'Empereur qui n'a pas pu être localisé. Le portrait qu'en a fait Martinet
pour la Manufacture de Sèvres illustre souvent des articles sous le nom du
Sahara, y compris auprès des instances officielles. Il s'agit toutefois d'une
confusion due à la phonétique."
Joséphine s'était fait construire un traineau pour se rendre à Moscou
elle ne s'en est pas servi, trop froid !
mais un fan l'a acheté chez Osenat le 5 mai dernier
le prix d'une très très belle voiture (hybride contemporaine) !
Le 10 février 1803, celle qui n’est encore que l’épouse du
Premier Consul mais qui va bientôt devenir l’Impératrice Joséphine, fait
ressortir une dernière fois les traîneaux de Louis XV. Ils rejoindront ensuite
le Musée des Voitures de Trianon inauguré en 1851.
La belle créole s’en fait également confectionner à la mode Empire, et s’amuse beaucoup à ce divertissement. L’un de ses traîneaux, exposé à Lyon en 1894, est une vraie merveille (nota : il s’agit de notre traineau), « d’un style empire très pur, doré, capitonné de velours vert et garni de sonnailles et de grelots cristallins. Un aigle surmonte l’avant du traîneau ; au-dessus des pieds de l’Impératrice, une déesse antique d’or se dresse, deux griffons, dorés aussi, semblant soutenir son siège. »
Après son divorce avec Napoléon Ier, Joséphine continue à se livrer aux plaisirs des lacs gelés. Installée avec toute sa suite dans son petit château de Navarre, que son ex-époux lui a offert en guise de compensation, elle fait venir ses traîneaux de Malmaison. Durant l’hiver précoce de 1810, les innombrables pièces d’eau du château se transforment en autant de patinoires.
Les dames, qui redoutent d’attacher les patins directement à leurs pieds, optent pour un patinage assis, « c’est à dire que l’on prit des fauteuils que les patineurs faisaient voler sur la glace, de toute la rapidité de leurs élans. »
Cette méthode de glisse va laisser un souvenir impérissable à Mlle d’Avrillon, première femme de chambre de l’Impératrice. Pourtant peu friande de ce genre de jeu, elle se laisse convaincre, le 9 janvier 1811, de s’asseoir dans le « fatal fauteuil ». Les messieurs insistent pour lui faire recommencer.
Pendant cette seconde course, le fauteuil poussé par les gentilshommes rencontre le traîneau de Joséphine, dans laquelle se trouvent ses dames, qui en font l’essai. Laissons la parole à la principale intéressée, qui raconte sa mésaventure avec un style savoureux dans ses Mémoires :
« Au lieu de s’arrêter, comme la prudence leur commandait de faire, mes conducteurs, pour éviter le choc, lancèrent le fauteuil dans un chemin qui n’était pas frayé, et extrêmement raboteux ; le fauteuil culbuta et je fis une chute épouvantable. J’eus les deux os de la jambe gauche brisée un peu au-dessus de la cheville, et tellement fracturés, que l’un de mes os perça ma peau et déchira mon bras. J’avais en outre une forte luxation du pied.
L’infortunée doit rester alitée pendant près de deux mois…
L’Impératrice se rend quotidiennement à son chevet pour surveiller son rétablissement.
Bientôt sa fille, la Reine Hortense, et tous les courtisans imitent leur
maîtresse. Ils rendent visite à la convalescente, qui n’est pas la première
victime de ces courses endiablées ! »
Apotheosis !
mais le testament n'est pas à vendre !
(sait-on jamais ??)
l'un des trois exemplaires a été vendu à Drouot salle 5 le 6 novembre 2013 |