C'était l'apologie de la mondialisation ! Du commerce international magnifié ! De la mobilité sans frontières ! On épuisait les réserves fossiles pour faire voyager d'immenses navires transportant le pétrole fossile apparemment inépuisable. On se déplaçait en avion pour n'importe quoi, on importait n'importe quel légume à contre-saison de n'importe où, et surtout, on se devait d'habiter une mégapole : la croissance y était permanente, l'immobilier y progressait de 5% par an, on était modeste en achetant, on devenait riche en vendant. In fine, on achetait une résidence secondaire à la campagne, pour profiter des derniers avantages d'un environnement resté authentique, et on combattait le voisin possédant un coq vous empêchant de dormir... aussi bien, le voisin, un rural...on se moquait : il n'a aucun avenir !
la campagne c'était les derniers agriculteurs devenus productivistes dont on n'avait plus besoin puisqu'il suffisait d'importer les fruits d'Espagne et le soja du Brésil
la campagne c'était "les ploucs", ils nuisaient gravement à la quiétude des résidences secondaires
et comme ils utilisaient des pesticides, ils causaient eux-mêmes leur perte en sciant la branche (verte) sur laquelle ils étaient installés ...
... et le covid 19 est arrivé ...
je dis toujours le, car il indique le virus, cause de la maladie
c'est terrible l'avenir proche ... à Toulouse :
voilà la seconde ville du monde, fabriquant des avions, restés au sol et parqués sur l'aérodrome fermé de Tarbes... et d'ailleurs
Les sous-traitants ferment ...
les salariés, des premiers de cordée dans leur genre, souvent dépaysés, Américains, Allemands, Anglais vont vendre leurs villas-piscine qui émaillaient le paysage vu d'avions cloués au sol
le marché immobilier va se déprécier... avec son cortège de conséquences.
c'est ainsi que se délite le tissu économique de la mégapole, contrainte (au niveau écarlate) de fermer les bars qui faisaient sa convivialité
vous me direz, il reste la périphérie
les territoires
la campagne justement !
-"La crise sanitaire, si elle agit comme le révélateur de difficultés plus profondes, frappe malheureusement de plein fouet les territoires ruraux pourtant moins touchés par le virus", s’inquiète Salomé Berlioux dans son nouveau livre, « Nos campagnes suspendues », sorti en librairies mercredi 7 octobre dernier.
Salomé Berlioux "est une abeille",
par sa persévérance à donner inlassablement la parole aux territoires ruraux et
à attirer l’attention sur ses habitants. Dans la préface du livre Nos campagnes
suspendues. La France périphérique face à la crise, qu’elle publie aujourd’hui,
l'écrivain Nicolas Mathieu la compare plutôt à un apiculteur, par « son besoin
d’aller collecter ici et là le miel des vies qui bruissent à peine. »
« Une association des deux, alors, puisque je ne suis plus seule dans cette tâche-là ! », commente la directrice générale de l’association Chemins d’avenirs.
Dans un précédent ouvrage, "Les Invisibles de la République". Comment on sacrifie la jeunesse de la France périphérique (Robert Laffont), cosigné avec Erkki Maillard, Salomé Berlioux avait exposé les inégalités qui freinent les élans de la jeunesse des territoires ruraux.
Ce livre est une fenêtre ouverte sur les inquiétudes des campagnes françaises. Ces campagnes qui, au printemps 2020, ont pu paraître suspendues dans le silence qui les entourait. Mais qui bruissaient en réalité d’énergies discrètes, d’engagements prometteurs, de souffrances trop souvent tues.
« Dès les premiers jours du confinement, j’ai été frappée et inquiète de voir à quel point les récits de la crise se focalisaient sur les grandes métropoles, raconte Salomé Berlioux. On parlait des personnels soignants des hôpitaux parisiens, du quotidien dans les banlieues, des consultants urbains en télétravail dans leur résidence secondaire de La Baule ou de l’Île de Ré. Il était logique de scruter et d’analyser ce qui se passait à Paris, Marseille ou Lyon, où le virus était souvent plus présent, mais loin des soubresauts médicaux et médiatiques de la crise des millions de Français traversaient aussi le tunnel du confinement sans que les médias nationaux s’en préoccupent. Le quotidien de mes parents confinés à Lurcy-Lévis (Allier) n’avait rien de commun avec ce que l’on pouvait voir, entendre, lire ailleurs que dans la presse régionale. Et ce n’était pas forcément plus simple à la campagne contrairement à une idée à la mode ! »
Salomé Berlioux, confinée à Paris "l’abeille Salomé" a passé ses journées au téléphone avant de poursuivre son tour de la France périphérique par des visites sur le terrain, à la fin du printemps et au début de l’été.
L’autre visage du covid
Dans Nos campagnes suspendues, une bonne centaine de voix « invisibles » racontent leur quotidien dans des territoires qui ont subi de plein fouet la crise financière de 2008 et en conservent encore, pour beaucoup, des marques profondes.. Cette France « de l’autre côté du périphérique ». « Là où le coronavirus a eu un autre visage », note Salomé Berlioux.
Les entretiens de ce livre montrent une crise dans la crise. « Cette partie de la France est certes plus éloignée du virus mais, dans un sens, elle est le plus blessée par lui », souligne l’autrice.
"Faire des territoires ruraux une priorité collective"
Ce pays « suspendu » pourrait basculer si l’on n’y prend
garde. « Faisons en sorte qu’il ne se recroqueville pas, mais donnons lui des
ailes au contraire. Il ne s’agit pas aujourd’hui de permettre aux territoires
isolés de survivre mais de s’envoler ! »
« J’ai voulu donner à voir ces réalités pour que la construction du monde d’après, si tant est qu’il existe, se fasse en tenant compte de ces réalités et non pas en priorisant une fois de plus les 12 grandes métropoles françaises ».
"On ne peut plus s’accommoder d’une France où plus d’un
jeune sur deux additionne les moins", affirme Salomé Berlioux
« Je suis loin d’être désespérée, je pense que les lignes
bougent. Mais j’essaie d’être attentive et je suis parfois irritée par certains
réflexes pavloviens qui consistent à regarder toujours les grandes métropoles
en premier et par cette tendance collective à dresser une image d’Epinal de la
campagne pendant et après le confinement. »
« Jeunes des villes, jeunes des champs : la lutte des classes n’est pas finie » titre une note de la Fondation Jean-Jaurès
L’étape suivante est-elle de s’engager en politique à partir
de ce constat ? « Avec Chemins d’avenirs j’ai l’impression de faire de la
politique, mais sans la dimension politicienne, en ayant un impact direct sur
1.000 jeunes bénéficiaires l’année dernière, 1.500 l’année prochaine dans 8
académies. Avec 15 personnes à temps plein, nous sommes presque devenus un
start up sociale. »
Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour Leurs enfants après
eux (Actes sud). Nos campagnes suspendues. La France périphérique face à la
crise, Salomé Berlioux, Ed. de l’Observatoire, 208 p. 19€.
Campagnes … suspendues
Printemps 2020 : dans les grandes
métropoles, les services hospitaliers sont sous tension, la mortalité élevée,
les habitants exposés. Pour autant, les campagnes affrontent, elles aussi, le
confinement. Loin des clichés sur leurs tranquilles espaces verts et leurs
résidences secondaires, les zones rurales et les petites villes souffrent de la
crise. Les jeunes isolés ne peuvent préparer la rentrée ; les agriculteurs se
démènent pour nourrir le pays ; le chômage menace ; les élus locaux déploient
des solutions de terrain malgré les défis structurels de leurs territoires,
parmi lesquels la fracture numérique, les déserts médicaux et le retrait des
services publics.
Cette immersion dans la France
éloignée des centres de décisions donne la parole aux hôteliers de Lozère, aux
employés de lotissements pavillonnaires de la Nièvre, aux ouvriers ruraux de
l'Ardèche, aux chômeurs des bassins miniers, aux petits patrons
d'Ille-et-Vilaine ou aux fonctionnaires de l'Allier. Demain, la France des
"invisibles" sera-t-elle enfin prise en compte ? Sera-t-elle au coeur
de la relance du pays ? Véritable plongée dans cette France au confinement discret
mais touchée de plein fouet, ce livre propose un autre point de vue sur la
crise sanitaire et économique et fait entendre le désarroi et les attentes de
nos territoires.
Préface de Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018
Ils s'appellent Gaëlle, Charlotte
ou Julien. Ils vivent dans l'Allier, sur la Côte Vermeille, dans les Vosges.
Ils sont jeunes, compétents, et cherchent leur voie professionnelle. Pourtant,
leur horizon est bouché. Parce qu'ils grandissent loin des centres de
décisions, au coeur de petites villes, dans des zones pavillonnaires ou des
villages, 60% de nos jeunes n'ont pas les mêmes chances de réaliser leur
potentiel qu'en grandes métropoles.
Ces millions de Français, absents
du débat public et dispersés sur le territoire, ont un point commun : le
parcours d'obstacles qui s'impose à eux. Autocensure, manque d'informations,
assignation à résidence, fragilité économique, absence de réseaux, fracture
digitale, etc. : ce livre apporte un éclairage inédit sur les questions
d'égalité des chances et propose des solutions pour en finir avec le
déterminisme territorial.
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