Tant qu'à faire des comparaisons, Lucas Fox est le Patrice Besse de Barcelone : ça vole aux sommets ! |
Jusqu'alors, le top pour moi d'un appartement, c'était un Haussmannien, et il se situait à Paris, tant qu'à faire, vue sur la tour Eiffel. Il vaut des millions, un rêve inaccessible ! L'autre jour je vois à la télé notre ex-premier Ministre Manuel Valls, réfugié à Barcelone, visage un peu bouffi par l'excès de bonheur et l'ingestion journalière de copieux tapas. Il évoque son retour (dans l'or des palais présidentiels parisiens ?), et un doute me prend : pourquoi est-il venu à Barcelone ? Jusqu'à ce que je réalise : Barcelone, c'est la Catalunya. La proximité de la mer, un port. Une ville-monde qui bouge ! Et des architectes extraordinaires : Gaudi bien entendu, mais le génie inventeur de la Sagrada Familia a eu des tas d'élèves géniaux eux aussi : je crains bien que notre Haussmann soit battu par Francesc Berenguer i Mestres ! Le concepteur de la casa Burès !
quand on voit du ciel une telle coupole, c'est qu'il y a un énorme vitrail dessous ! |
imaginez l'appartement dans la tour ronde ! |
La casa Burés est donc un édifice moderniste barcelonais, (vous savez que l'on ne parle pas là-bas d'Art-nouveau) œuvre
de Francesc Berenguer i Mestres. Il est situé à l'intersection du 30-32 rue
Ausiàs Marc et du 12-28 rue de Girone. Il fut construit entre 1900 et 1905 sur
commande de l'industriel textile Francesc Burés i Borràs. Encore un magnat du textile ! En 1910, l'édifice
fut agrandi. Des dépendances et services furent ajoutés dans les combles par
les propriétaires. Ceux-ci demandèrent un permis pour avoir l'eau courante et
des water-closets... et aussi l'un des premiers ascenseurs de Barcelone.
Il est maintenant restauré, logique trois ans après mon billet de 2017 (1). De l'avis des architectes contemporains, ils ont dit (en catalan) : -"Nous ne pourrons plus jamais restaurer un bâtiment
aussi extraordinaire"
Peintures féeriques, vitraux
kaléidoscopiques, terrasse avec piscine sur le toit, mosaïques géantes et,
détail people, voisinage d'une ex-star du Barça. Si vous souhaitez vivre dans
un appartement de la superbe Casa Burés, dépêchez-vous, les places sont chères, très chères !
Le soir dépose un voile sombre
sur Barcelone. Quelque part dans l'élégant quartier de l'Eixample, des lumières
vives s'allument dans la Casa Burés, où une armée d'artisans travaille jusque
tard dans la nuit.
Gisela Bosom, conservatrice et
restauratrice, qui vient à peine de terminer la rénovation du Liceu, l'opéra de
La Rambla, consacre toute son attention aux féeriques peintures murales d'une
ancienne salle de jeux de la Casa Burés, dont la scène tirée de "Hänsel et
Gretel" qui décore notamment une grande cheminée en pierre de taille.
avant travaux |
la cheminée maintenant |
Au cours des travaux de
rénovation, les artisans ont mis à jour des colonnes de marbre avec des détails
en feuille d'or, des gravures sur pierre, des murs et des plafonds
gracieusement peints, des sols en marqueteries ou en mosaïques complexes.
A l'origine, les bureaux se trouvaient au rez-de-chaussée tandis que la famille
vivait au premier étage, dans deux appartements de type palatial qui
s'étendaient sur plus de 1.000m². Les appartements des étages supérieurs,
reliés par l'un des premiers ascenseurs de Barcelone, étaient proposés à la
location.
Si, à l'époque, l'ascenseur ne
faisait que monter les occupants aux différents étages, que les nouveaux
propriétaires se rassurent: l'ascenseur a été restauré pour pouvoir les faire
descendre aussi.
Lorsque l'empire Burés
s'effondre, dans les années 1990, le bâtiment se retrouve entre les mains du
parlement catalan. En raison de la crise économique mondiale, le projet de le
convertir en bureaux est rapidement abandonné. Le bâtiment se détériore tant et
si bien qu'à moment donné, il sert même de décor pour des films d'horreur.
Pire: des squatters détruisirent certains de ses trésors, comme la lampe
embrassée par l'ours en pierre qui ornait le vestibule.
Il était ainsi grand temps de
sauver ce joyau moderniste. Aujourd'hui, la Casa Burés appartient à Europa
Capital, un investisseur immobilier londonien et au promoteur espagnol
Bonavista. Bonne nouvelle donc, car la fin des travaux de rénovation est en
vue.
Les deux appartements dans
lesquels vivait la famille, d'une superficie de 500m² chacun, ont déjà été
vendus. Tout comme les lofts du rez-de-chaussée, avec leurs fenêtres Crittall
de style industriel, leurs murs en briques nues et leurs colonnes en fer. Les
onze appartements -de 120m² avec une chambre à coucher à 189m² le penthouse
avec terrasse de 30m²- sont actuellement en vente chez l'agent immobilier Lucas
Fox, pour un prix allant de 1,65 à 3 millions d'euros.
Les charges sont quant à elles
estimées entre 588 et 2.500 euros par mois. Les résidents peuvent bénéficier de
toutes les infrastructures de la bâtisse, un fait plutôt rare dans les
appartements haut de gamme à Barcelone. Parmi ces aménagements, on notera une
piscine de 18 mètres (chauffée !) sur la terrasse sur le toit et une piscine
intérieure de 24 mètres dans l'ancien entrepôt au sous-sol. Sans compter une
salle de fitness, une cave à vin, une cuisine professionnelle avec une salle à
manger et une buanderie.
Les copropriétaires de la Casa
Burés sont originaires des États-Unis, du Moyen-Orient, d'Argentine, d'Espagne
et... de Belgique.
"La Casa Burés est l'un des
plus beaux exemples d'architecture moderniste de Barcelone", déclare
Marcus Donaldson, associé chez Bonavista Developments. Depuis 1979,
l'édifice est répertorié parmi les sites patrimoniaux de la ville. Il s'agit
d'un exercice unique: nous sommes parfaitement conscients du fait que nous ne
pourrons plus jamais restaurer un bâtiment aussi extraordinaire. À moins que
quelqu'un ne décide de vendre La Pedrera ou la Casa Batlló!", ajoute-t-il
en faisant référence aux deux attractions touristiques du Paseo de Gracia tout
proche.
Comme de nombreux trésors de
Barcelone du XIXème siècle, nombreuses sont les décorations originales de la
Casa Burés qui ont disparu, ou ont été repeintes dans les années 60 et 70.
Au cours des travaux, les
artisans ont fait des découvertes surprenantes, si bien que les deux
appartements de la famille Burés sont un régal pour les amateurs de modernisme:
colonnes en marbre avec détails en feuille d'or, gravures sur pierre, murs et
plafonds gracieusement peints, sols en marqueteries ou en mosaïques complexes.
Le bâtiment regorge d'éléments
inspirés par la nature comme des gargouilles d'animaux sculptés dans le bois et
la pierre, des peintures de paysages catalans sur les plafonds et des scènes
colorées gravées dans les vitraux.
Ce choix du restaurateur de
respecter l'ancien est soutenu par la nécessité du contemporain, comme la
cuisine en aluminium anodisé Bulthaup, aménagée dans la salle de billard des
Burés.
En entrant par la porte cochère,
le regard glisse vers les étages supérieurs et le plafond en vitraux
kaléidoscopiques. "Ce fut la partie la plus compliquée de la
rénovation", témoigne Donaldson. "Le verre a été enlevé pièce par
pièce, restauré et soigneusement remis en place."
Les propriétaires sont
originaires des États-Unis, d'Argentine, d'Espagne, du Moyen-Orient et... de
Belgique. Un Britannique était intéressé par le penthouse aménagé dans la tour,
mais un certain référendum l'a contraint à renoncer... Le joueur du Barça Isaac
Cuenca s'installera dans un penthouse et a acheté un appartement qu'il destine
à la location. "Quand je l'ai vu, je me suis dit que c'était là!",
a-t-il déclaré." C'est comme vivre dans la Sagrada Familia, avec tout le
confort moderne et ultra luxe."
Alors, Manuel quitterait tout cela ?
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