Longtemps que je ne vous avais pas parlé de mon copain Pythagorus : il poursuit ses recherches avec son robot sculpteur, une gigantesque imprimante 3D qui utilise non pas du plastique, mais de la "liqueur de marbre" : un polymère de son invention qui est liquide à l'application, et devient dur comme du marbre après six heures de séchage : parfait pour "imprimer" des objets en trois dimensions. Voici son dernier article, sur la peinture minérale, car il donne ses recettes, comme le faisaient Tournesol, Fantasio et autres inventeurs géniaux :
Je développe un peu : "Le terme de peintures minérales désigne les peintures
contenant des liants minéraux".
Ces peintures sont de deux sortes selon la nature de leur
lien minéral principal: la chaux et le silicate.
Alors que les liants à base de
chaux carbonatent au contact du dioxyde de carbone et de l’eau (formation de
carbonates), les liants silicatés (généralement silicates de calcium ou
silicates de potassium) font leur prise avec le CO2 et forment des silicates de
calcium hydratés au contact d’autres minéraux comme la chaux qui se trouve dans
le support.
Aujourd’hui les revêtements à
base de chaux sont principalement employés dans le domaine de la restauration
de bâtiments anciens, notamment des monuments historiques. Leur résistance aux
intempéries reste limitée (à l’exception des techniques de fresque).
Quand on parle de peintures minérales, c’est en
général pour évoquer des peintures aux silicates, dont le lien est le silicate
de potassium. On parle également de peintures au verre liquide ou de peintures
Keim (du nom de leur inventeur Adolf Wilhem Keim 1851-1913 ).
La composition particulière des
peintures aux silicates confère à ces dernières des propriétés très spécifiques
de résistance au vieillissement et aux intempéries. Leur durée de vie peut
largement dépasser une centaine d’années.
Histoire
Les alchimistes à la recherche de
la « pierre philosophale » ont découvert dans des foyers des
perles brillantes vitreuses. Le sable mélangé à la potasse et porté à chaud fond pour former des perles de verre liquide (silicate de potassium). Des
premiers petits disques ronds de silicate de potassium ont été utilisés pour
fabriquer les premières fenêtres.
La première production
industrielle de silicate de potassium s'est faite en Allemagne, elle remonte au
XIX siècle par Van Baerle à Gernsheim et Johann Gottfried Dingler à Augsbourg.
La première tentative de
fabrication de peintures au silicate de potassium revient à Johann Nepomuk von
Fuchs. On trouve vers 1850 la mise en peinture des façades de la Pinacothèque
de Munich par les peintres Kaulbach et Schlotthauer. Ces peintures, qui
contenaient des pigments (terres) non réactifs, ont vite été délavées.
C’est le roi Louis I de Bavière
qui a été l’initiateur du travail de recherche intense d’Adolf Wilhelm Keim
pour mettre au point cette nouvelle peinture. Grand amateur d'art, il était
enthousiasmé par les fresques à la chaux richement colorées du Nord de l’Italie
et voulut voir ces œuvres d’art fleurir dans son royaume de Bavière. Mais le
climat plus rude du nord des Alpes dégradait ces peintures en peu de temps. Il
demanda alors à l'académie scientifique bavaroise de trouver un procédé
de peinture qui ressemblerait à de la chaux mais avec une durée de vie plus
longue.
Les peintures minérales ont été brevetées
en 1878 par l’artisan Adolf Wilhelm Keim et sont fabriquées jusqu'à aujourd'hui
par l'entreprise qui lui a succédé Keimfarben à Diedorf près d’Augsbourg. V. van Baerle, qui fournissait Keim en silicate de
potassium, a essayé de son côté de fabriquer des peintures aux silicates, ses
expériences ont duré pendant des années avant d’aboutir à de bons
résultats. L’usine Silinwerk van Baerle à Gernsheim sur le Rhin et la société
Keimfarben à Diedorf près d’Augsbourg ont été longtemps les deux seuls
fabricants connus.
Il existe encore des
peintures d’origine datant du XIX siècle, comme par exemple en Suisse les
façades de l’auberge « Weißer Adler » à Stein am Rhein ou l’hôtel de ville de
Schwytz (1891), à Oslo (1895) ou bien à Traunstein (1891).
Schwitz Rathaus (Suisse) |
Les peintures minérales sont
composées de pigments minéraux, d’un silicate alcalin de potasse, le silicate
de potassium que l’on appelle également silicate liquide ou LIQVOR SILICIVM.
Les revêtements minéraux ne forment pas de film comme les autres peintures,
mais ils se minéralisent en faisant prise avec la chaux du support de façon
indissoluble (silicification). Il en résulte une liaison très résistante entre
la peinture et le support.
Le liant silicate est
parfaitement résistant aux ultra violets, contrairement aux liants organiques
tels que les dispersions acryliques ou siloxanes qui se fragilisent avec le
temps et sont sujets au farinage, ce qui conduit à des écaillages et des
décollements de la peinture, le liant minéral silicate est lui parfaitement
stable. C’est cette liaison chimique avec le support ainsi que la résistance du
liant aux UV qui constituent les raisons essentielles de l’exceptionnelle résistance
des peintures aux silicates.
Les peintures aux silicates ont
besoin pour faire leur prise en présence de chaux dans le support. C’est la
raison pour laquelle elles peuvent être appliquées sur des supports minéraux
tels que les enduits ou le béton, mais pas sur le plâtre ni sur les supports revêtus d'un revêtement organique. Elles ne peuvent pas non plus être
appliquées sur les métaux et seulement sous certaines conditions sur le bois.
La perméabilité à la vapeur d’eau des peintures aux silicates est identique à celle du
support. Les peintures aux silicates n’empêchent donc pas la diffusion de la
vapeur d’eau. L’humidité contenue dans la maçonnerie et dans l’enduit peuvent
ainsi se diffuser vers l’extérieur, ce qui permet de conserver des murs secs
et d’éviter des désordres liés à l’humidité. Aucune condensation ne se forme à
la surface des murs, limitant ainsi le risque d’apparition d’algues et de
moisissures.
L’alcalinité élevée du liant
silicate apporte une résistance particulière contre les micro-organismes, de
telle sorte qu'il n’est pas nécessaire d’ajouter des conservateurs à la
fabrication de la peinture.
Les surfaces recouvertes d’un
revêtement minéral sont moins sensibles à l’encrassement car, contrairement aux
revêtements organiques, elles ne se chargent pas en électricité statique et ne
deviennent pas poisseuses sous l’effet de la chaleur.
De ce fait, les particules de poussières adhèrent moins facilement et peuvent
facilement être éliminées par les eaux de pluie.
Ces peintures sont incombustibles
comme le silicate de potassium qu'elle contiennent, dans la mesure où elles ne
contiennent moins de 5% de composés ou solvants organiques. Les couleurs des peintures
minérales aux silicates sont extrêmement stables. La tenue des teintes dépasse
largement plusieurs dizaines d’années du fait qu’elles ne contiennent que des
pigments minéraux parfaitement stables aux UV.
Les peintures minérales sont
élaborées à partir de matières premières minérales. Leur fabrication et leur
cycle de vie sont très respectueux de l’environnement. Leur durabilité permet
d’économiser des ressources énergétiques, leur composition exempte de matières
polluantes préserve l’environnement et la santé. Pour cette raison, les
peintures minérales sont très appréciées dans le domaine de la construction
durable.
On distingue aujourd’hui trois principaux types de peintures
minérales aux silicates de potassium.
Les peintures aux silicates pures
à deux composants qui sont d’une part une poudre colorée sèche ou détrempée
dans de l’eau, d’autre part un composant liquide, le liant silicate (NFT
30808). Leur utilisation requiert un savoir-faire spécifique et une grande
expérience. Elles sont principalement utilisées pour les monuments historiques
dans les pays germaniques.
La première peinture aux
silicates monocomposant a été mise au point pendant les années 1950. En
ajoutant au silicate de potassium jusqu’à 5 % de sa masse d’additifs organiques, on obtient une peinture
prête à l’emploi. Selon la norme NFT 30808, ces produits sont considérés comme
des peintures minérales s’ils ne contiennent pas plus de 5 % de parts
organiques. Le domaine d’application des peintures minérales monocomposant est
large, elles peuvent être appliquées sur des fonds plus fragiles, voire sur
d’anciens revêtements organiques. Leur mise en œuvre est beaucoup plus simple
que pour les peintures aux silicates pures.
Il existe depuis 2002 une
troisième catégorie de peintures minérales aux silicates, la peinture
sol-silicate, qui est élaborée à base d’un double liant de silicate de
potassium et de sol de silice. Comme pour les peintures aux silicates
monocomposant, la part organique est limitée à 5 % de façon à garantir la prise
chimique dans le support ainsi que tous les avantages des peintures minérales.
Avec la peinture sol-silicate, il est possible de recouvrir d’anciens fonds
organiques. La prise est alors à la fois chimique et physique.
avant de repeindre sa façade,
mieux vaut y réfléchir à deux fois !
https://www.youtube.com/watch?v=wdozmolxo94
mieux vaut y réfléchir à deux fois !
https://www.youtube.com/watch?v=wdozmolxo94