Je vous l'avais promis : quand je vous ai montré les deux toiles que vendait Sotheby's pour Jacqueline de Ribes, je vous en avais promis d'autres ! (1) Hubert Robert, né le 22 mai 1733
à Paris et mort le 15 avril 1808 dans la même ville, est un des principaux
artistes français du XVIIIèS qui s’illustra notamment comme dessinateur,
peintre, graveur, professeur de dessin, créateur de jardins et conservateur au
Muséum central des arts de la République, futur Musée du Louvre.
...comme moi, il adore les ruines
mais lui les peint
oui, c'est le Pont du Gard |
le même avec les trophées de Glanum |
sur le même tableau : la maison carrée de Nimes ; le pont du Gard ; Glanum |
Il arrive à Rome le 4 novembre
1754, et ne retourne en France que le 24 juillet 1765, sans avoir remporté le
prestigieux Prix (de Rome), car il a été (aujourd’hui on dirait « pistonné ») par le Comte de Stainville. Il profite alors des cours de perspective donnés
par le peintre Giovanni Paolo Panini (1691-1765) et du voisinage de Giovanni
Battista Piranesi (1720-1778), dit Piranèse, dont l’atelier de gravure est
situé sur la via del Corso, face au Palais Mancini.
Le jeune homme se lie d’amitié
avec Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), lui aussi pensionnaire à l’Académie
depuis décembre 1756. Ensemble, ils multiplient les dessins à la sanguine
réalisés sur le motif, à Rome ou dans la campagne environnante, comme
Ronciglione ou Tivoli, en privilégiant les vues des jardins et palais
abandonnés par leurs riches propriétaires aux effets du temps et de la nature.
Ce sont précisément ces sujets pittoresques qu’apprécient les amateurs de l’époque
et qu’Hubert Robert ne cesse d’exploiter en dessin comme en peinture tout au
long de sa carrière : il deviendra le peintre
des antiques.
tout ce que j'aime : un acqueduc ; une déesse des eaux ; une fontaine, où vient s'abreuver un troupeau de moutons |
À Rome, Hubert Robert rencontre
Louis-Jacques Durameau, Étienne de La Vallée-Poussin et Jean-Robert Ango, ainsi
que des amateurs influents. Parmi ces derniers, l’abbé de Saint-Non, membre honoraire
de l'Académie royale de peinture et de sculpture, emmène Hubert Robert à Naples
en avril 1760 pour visiter les sites les plus célèbres de Campanie, en
particulier les temples doriques de Paestum, qui ne cesseront de le fasciner
bien après son retour en France.
Précédé par une excellente
réputation de dessinateur d’architectures en ruines, Hubert Robert est de
retour à Paris au mois d’août 1765. Quand il présente le 26 juillet 1766, à
l'Académie royale de peinture et de sculpture, un caprice architectural, Le
Port de Ripetta à Rome (Paris, Ensba, inv. MU 2625), il est agréé et reçu
durant la même séance, en tant que «
peintre d’architecture ». Obtenant ainsi le droit d’exposer au Salon, il
présente en 1767 plusieurs peintures et dessins d’architectures en ruines
salués par la critique, Diderot en tête. Sa participation sera constante au
Salon jusqu’en 1798. L'artiste fréquente des « salons » plus intimes comme
celui de Madame Geoffrin, tenu les lundis jusqu’en 1777, ou celui
d'Elisabeth-Louise de Rohan-Chabot, au sein duquel Hubert Robert enseigne le
dessin aux amateurs.
temple de Vénus : l'extérieur... |
... et l'intérieur : ce qui est super, c'est que la statue de Vénus est toujours présente ! |
temple de Diane à Nimes |
Artiste à la mode, Hubert Robert
développe très tôt un marché pour ses œuvres peintes et dessinées illustrant
des paysages intégrant des architectures en ruines, qui se conjugue
parfaitement avec la pratique du dessin en amateur. En effet, le paysage
demeure un genre privilégié par les aristocrates, car son approche nécessite moins
de métier que les sujets d’histoire. On notera qu’au Salon de 1787, le comte de
Paroy et le marquis Turpin de Crissé, deux membres honoraires de l’Académie,
exposent des œuvres imitant la manière d’Hubert Robert.
Hubert Robert prolonge son
approche du paysage dans la création de jardins. Nommé successivement
dessinateur des Jardins du Roi, garde des Tableaux du Roi, garde du Museum et
conseiller à l’Académie, il est chargé d’aménager certaines parties des
résidences royales, comme le hameau de la Reine à Trianon. Ce dernier s'inspire
du hameau du parc d'Ermenonville, premier jardin anglais d'envergure sur le
continent, à la conception duquel Robert participe en tant que conseiller
artistique du marquis René de Girardin. Le parc de Méréville, appartenant au
marquis Jean-Joseph de Laborde, peut être considéré comme celui où l'influence
de Hubert Robert est la plus importante.
Pendant la Révolution française, déclaré « suspect » par le Comité
de surveillance révolutionnaire, Hubert Robert est emprisonné à Sainte-Pélagie
le 29 octobre 1793, avant d’être transféré le 31 janvier 1794 à la prison de
Saint-Lazare d'où il est libéré le 4 août. Malgré ces vicissitudes, Hubert
Robert produit des peintures sur assiettes et des dessins témoignant de la vie
carcérale. Ce fut lui qui dessina le portrait de Jean-Antoine Roucher que cet
infortuné poète envoya la veille de sa mort à sa femme et à sa fille.
Libéré après dix mois de
détention, à la chute de Robespierre, il retrouve en 1795 son poste de
conservateur au Museum, futur Musée du Louvre, qu’il ne quitte qu’à sa mise en
retraite en novembre 1802.
Il projette dans ses œuvres de
réunir le Louvre aux Tuileries. C'est de cette période féconde que datent les
nombreuses vues du Louvre, réelles ou imaginaires, où l'on peut voir, au milieu
des débris d’édifices et d’arcs renversés, l’Apollon du Belvédère.
Le 15 avril 1808, Hubert Robert
décède, sans héritiers, d’une apoplexie au 19 de la rue Neuve-du-Luxembourg à
Paris.
Durant les années passées en
Italie, il aura accumulé dessins et croquis de paysages en ruines, d’où son surnom
de « Robert des ruines ». Ses
peintures montrent des interprétations poétiques de paysages, des vues de Rome,
de Paris et d’Île-de-France. Il a peint également des "fantaisies",
par exemple, la grande galerie du Louvre en ruines.
Il fit aussi des croquis d’après
nature (et des tableaux en atelier) de l’incendie de l’Hôtel-Dieu (en 1772), et
de la démolition du pont Notre-Dame. Il exposait régulièrement aux Salons du
Louvre, et aimait travailler pour les collectionneurs et les aristocrates.
Le musée de Valence, le musée du
Louvre, la bibliothèque municipale de Besançon et le musée de l'Ermitage à
Saint-Pétersbourg conservent une importante collection de dessins et de
peintures d’Hubert Robert.
Il est inhumé au cimetière
d'Auteuil ; la tombe n'existe plus, mais la stèle
a été conservée.
à suivre !
PS (2) il y a deux toiles à la Fondation Bemberg de Toulouse, salle de la cheminée