non ce n'est pas à Paris... mais en Béarn ! |
tout n’existe pas qu’à Paris !
Il parait mon Général que, comme
cela m’arrive parfois à moi aussi, mais je ne suis pas célèbre comme Vous, vous vous seriez pris pour
un Vétéran de la grande armée (je parle de Napoléon 1er bien entendu) en reprenant
les propos du célèbre Pierre Cambronne, Général grognard évoqué par Victor Hugo dans les Misérables, héros
incontesté de la Vieille Garde, répondant vertement à son ennemi le Général anglais Charles Colville le sommant de se rendre. Vous auriez repris la célèbre formule vous adressant cette fois-ci à Monsieur l’Architecte en Chef
de Notre Dame de Paris qui vous aurait cherché noise ?
Ecartant la langue de bois d'usage dans les relations pratiquées à la Cour, vous auriez traité Philippe Villeneuve de façon terriblement discourtoise, cavalière même, lui qui n'est ni Anglais ni Général, lui manquant ainsi de respect alors qu'il porte un titre éminent, qui lui donne toute latitude pour dire ce qui convient à Notre Dame dont il est responsable au nom du Ministère des Cultes et des Beaux Arts.
Ecartant la langue de bois d'usage dans les relations pratiquées à la Cour, vous auriez traité Philippe Villeneuve de façon terriblement discourtoise, cavalière même, lui qui n'est ni Anglais ni Général, lui manquant ainsi de respect alors qu'il porte un titre éminent, qui lui donne toute latitude pour dire ce qui convient à Notre Dame dont il est responsable au nom du Ministère des Cultes et des Beaux Arts.
Il paraitrait que « vous l’emmerderiez », quand
il prétend incontournable de reconstruire la flèche de Violet le Duc à l’identique,
alors qu’au nom du Président de la République (qui est comme votre Napoléon à vous),
vous souhaiteriez rester ouvert aux technologies d’aujourd’hui, plutôt que
recopier une fois encore les pratiques obsolètes des siècles passés.
Votre querelle est la mienne, pourtant je suis Ingénieur ... des Eaux & Forêts,
…tout en étant également Béarnais par mon père
Peut-être Monsieur l’Architecte en
Chef ignore-t-il en effet qu’il existe en Béarn, précisément à Monein-en-Béarn,
une église réputée comme la plus grande église gothique du Béarn, dont la
charpente est extraordinaire, comme l'était celle de Notre Dame avant que des fumeurs
inconscients (mal surveillés par l’Administration) la laissent brûler de leurs
clop's mal éteints.
Du coup mon Général, si vous
aboutissiez à utiliser à Paris des matériaux modernes permettant de
reconstituer rapidement et à moindre coût la charpente disparue (et de toute
manière invisible, sauf par Monsieur l’Architecte en Chef), pourriez-vous
conseiller à Monsieur l’Architecte en Chef et aux nostalgiques du bois de
charpente bien entendu, de voyager en terre inconnue dans le Béarn profond,
montrant à ce propos que tout n’existe
pas qu’à Paris, mais que la France d’en bas recèle des trésors souvent dûs
à l’opiniâtreté des hommes, de charpentiers dans le cas d’espèce, de cagots (1) mal considérés par leurs contemporains, ainsi que de forestiers
ayant fourni mille chênes, dont le cœur a servi à réaliser un chef d’oeuvre que je
voudrais maintenant vous montrer :
Cette église présente une particularité étonnante.
En effet, sa charpente, réalisée
en cœur de chênes présente la forme d'une double coque de navire renversée.
Mille arbres furent nécessaires pour la construire. La construction débuta le
13 juillet 1464 sous Gaston IV Seigneur, souverain de Béarn et s'acheva en
1530.
Entre parenthèses avec 66 ans ce qui n’est pas si mal,
on dépasse de 61 ans le délai de 5 ans fixé par le Président
Attendez !
Monein comptait en 1385 : 2300 habitants !
Durant plusieurs décennies, les
habitants financèrent les travaux par le biais de nombreuses taxes et bâtirent
l'édifice de leurs propres mains. La réalisation de la charpente remarquable de
l’église consacrée à Saint-Girons a été confiée, dès 1464, aux cagots, des hommes qui
malgré leur extraordinaire savoir-faire, vivaient complètement exclus de la
société.
La reine de Navarre Jeanne
d'Albret, transforma l'église en temple protestant en la dépouillant de son
mobilier et menaça de la détruire face à l'hostilité de la population, demeurée
catholique. Elle fut épargnée et rendue au culte catholique quand
celui-ci fut rétabli par l'Édit d'intégration du Béarn.
L'église par la suite fut à
nouveau meublée et conserve encore aujourd'hui un mobilier baroque dont un
retable de grande dimension ainsi que des orgues toulousaines du XVIIe siècle.
j'ai bien dit : toulousaines !
L'église Saint-Girons fut
restaurée à la fin du XXe siècle et jusqu'au début du XXIe. Sa charpente est
aujourd'hui une attraction touristique mise en valeur par une animation son et
lumière.
Je le confirme : nos
compatriotes parisiens sont les bienvenus, et pourraient ainsi par ce voyage
compléter leurs connaissances (qui sont universelles), et visiter une charpente
qui de toute manière leur était interdite d’accès. Ils pourraient à leur tour faire visiter dans cinq ans la nouvelle charpente de Notre-Dame, enfin accessible au public, qui serait la démonstration que notre temps continue à perpétuer l'art des cathédrales, y compris en utilisant les matériaux modernes, le béton (dont l'usage reste certes ancien) ; le fer (idem) ; le lamellé-collé ; le carbone ; le verre...etc...
voici saint Girons |
Cette église mérite aussi la
visite pour son retable sculpté par un habitant de la vallée d’Ossau, son
orgue toulousain. Quant au Béarn, c’est une terre de merveilles. Le Béarn, situé au nord-ouest des Pyrénées,
est une ancienne principauté souveraine puis une ancienne province française à
la suite de son annexion au royaume de France en 1620.
Depuis 1790, le Béarn fait partie
du département des Pyrénées-Atlantiques et depuis 2016 de la région
Nouvelle-Aquitaine. Bien que Biarritz ait eu la faveur de la dernière réunion du G7, la ville de Pau est sa capitale depuis 1464, le béarnais
est remplacé par le français comme langue institutionnelle à la Révolution
tandis que sa devise, en latin, est «
Gratia Dei sum id quod sum » (« Grâce à Dieu je suis ce que je suis »). Son
drapeau est constitué de deux vaches béarnaises rouges, aux cornes bleues sur fond d'or, un symbole largement aussi noble que le fluctuat nec mergitur en vogue dans la Capitale.
Je vous ai dit autrefois, chers lecteurs, comment
j’avais inopinément rencontré François-Monsieur-le-Maire-de-Pau sur place, et le bien que je pensais de
cette capitale d’un des plus beaux départements de France, sans omettre son superbe Musée des Beaux-Arts.
Mon Général, non seulement je ne
saurais vous blâmer
mais permettez-moi de
vous adresser mes respectueux compliments
en vous souhaitant de
réussir au mieux
la bien difficile
mission que vous a confiée le Président de la République
PS (1) : Le terme cagot est commun a une
grande partie de la Gascogne, ainsi qu'à la Navarre et au Pays basque
espagnol. Celui-ci apparaît autour des années 1540 dans la région
d'Oloron, avant de se répandre au Béarn. Il désigne une catégorie de la
population méprisée, des marginaux vivant dans de petites communautés, à
l'écart des agglomérations. Auparavant désignée sous le terme de crestian,
cette population apparaît dans les écrits dès le Xè siècle dans un cartulaire
de Lucq-de-Béarn. Hormis une exclusion géographique, les cagots sont soumis à
de nombreuses discriminations, ils ne se marient qu'entre eux, ils exercent
uniquement la profession de charpentier en Béarn et ne peuvent pas accéder à
l'église du village par le même accès que le reste de la population.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette mystérieuse
discrimination qui dure plusieurs siècles. L'explication traditionnelle désigne
des familles lépreuses, cela expliquerait leur spécialisation dans le travail
du bois et du fer. D'autres hypothèses expliquent leur mise à l'écart
par l'origine de leurs ancêtres, qu'ils soit Goths, Sarrasins, Vikings ou
Cathares. L'intégration des cagots est le fruit d'un long processus qui
ne s'achève complètement qu'à la Révolution. Plusieurs charpentes de monuments
béarnais sont issues du travail des cagots, les plus célèbres étant celles des
châteaux Pau et de Montaner. Je ne vous ai donc pas tout dit sur les charpentes béarnaises.
PS 2 : http://babone5go2.blogspot.com/2019/08/dejeuner-pau-vais-je-voir-le-patron.html
PS 3 : Saint Girons est un saint
chrétien du Ve siècle. Il serait, selon la légende, un des six compagnons de
saint Sever, venus évangéliser la Novempopulanie, avec Clair d'Aquitaine,
Justin de Tarbes, Babyle, Polycarpe et Jean.
Il part de Carthage pour
Jérusalem avec ses compagnons Sever, Justin, Clair, Babilus (ou Crépin), Jean,
Polycarpe. De là, ils gagnent tous Rome pour y rencontrer le Pape et apprendre
de lui la bonne parole. Après plusieurs mois, le Pape les juge digne du
sacerdoce et les envoie évangéliser la Novempopulanie, où les Wisigoths
partisans d'Arius persécutent les Chrétiens... à tel point qu'ils décapitent notre jeune berger Gaudens. Il désigne Sever comme le chef de
l'expédition et sacre saint Clair évêque en raison de son plus grand mérite.
Les sept compagnons naviguent en
Méditerranée et débarquent au port d'Agde, en Narbonnaise. Ils se dirigent vers
Toulouse, d'où ils se séparent : Clair vers le nord, Girons part vers le sud,
Sever vers l'ouest. Il devient l'évangélisateur de la région de l'Adour. À
l'annonce de la mort de Sever, il reprend la tête du mouvement. Il est lui-même
martyrisé près d'Hagetmau.
Quelques siècles plus tard, ses
reliques auraient été déposées dans la crypte de Saint-Girons, située
aujourd'hui à Hagetmau, dans le département des Landes, dans l'église
d'une abbaye édifiée au 12è siècle. Ce sanctuaire sera une étape importante
sur la voie limousine du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, après celles
de Saint-Sever et d'Audignon.
dans l'église St Gervais de Lectoure, de gauche à droite : Girons, Sever, Clair, Justin, Polycarpe, Jean et Babyle |