Je vous ai raconté
des histoires, mais je me repens !
C’est le Figaro qui me donne l’alerte :
un numéro spécial sur les Trésors de Pompéi, illustré par une peinture superbe
de Léda, le cygne sur les genoux. Je me
dis : -« quels trésors, puisque
nombreux ont été trouvés l’année dernière » ? Peut-être existe-t-il de nouvelles photos » ?
C’est en effet le cas : quelques mois après, la mosaïque découverte à
Pompéi qui m’avait si fortement intrigué révèle ses secrets : je m’étais
fait abuser par les ailes de papillon, que je croyais désigner Psyché,
transformée en déesse après avoir été mortelle : elles désignent en
réalité Orion, transformé en constellation. Cette transformation est une catastérisation !
Je vous explique, en reprenant
les propos de plus sage que moi, Fabien Bièvre-Perrin, dont je cite le blog :
https://twitter.com/fabienbp/status/1078593024349913089?lang=fr
Il faut dire que Massimo Osanna, Professore di Archeologia Università di
Napoli “Federico II”, qui parle un Français parfait, a eu le temps de
décrypter la mosaïque, et de s’entourer de tous les conseils, comme ceux de
Jean-Baptiste Feldmann photographe du ciel, dont je reprends aussi les propos.
Il a été interviewé par the Times et
vous trouverez ci-dessous le scan illustré.
In fine, le thème de cette
mosaïque en plusieurs scènes est le suivant : le géant Orion devient
constellation après avoir été piqué par le Scorpion.
Je vous rappelle l’histoire :
Octobre 79 après J.-C. : la ville italienne de Pompéi est ensevelie sous
plusieurs mètres de cendres après une terrible colère du Vésuve. L’éruption est
accompagnée de nuées ardentes qui ne laissent aucune chance aux nombreux
habitants qui n’ont pu fuir à temps (on parle de 3.000 morts). Depuis la
découverte du site au XVIIe siècle les campagnes de fouilles se succèdent. La
dernière en date a permis de mettre à jour une étonnante mosaïque : elle illustre le mythe d’Orion et du Scorpion.
voici la casa del mosaico di Orione : la pièce est toute petite |
et la mosaïque entière, souvent représentée par morceaux séparés |
Comme le raconte sur son compte
Twitter Fabien Bièvre-Perrin, Docteur en Histoire et Archéologie des Mondes
Anciens à l’Université Lyon 2, il s’agit d’une mosaïque située dans la Maison de Jupiter. Selon Massimo Osanna,
directeur du site, cette fresque illustre la transformation du géant Orion en
constellation après avoir été mortellement piqué par le Scorpion.
La constellation d’Orion fascine les hommes depuis des
millénaires. Les photographes aussi, depuis que leurs capteurs sont assez
sensibles pour l’immortaliser. Cette constellation est sans conteste la plus
belle de toutes. Elle nous raconte l’histoire d’un chasseur arrogant qui mourut
foudroyé par le venin d’un scorpion.
Parmi les nombreuses versions de
ce mythe, il y a celle de la mythologie grecque transmise par le poète Homère.
Elle nous révèle que le chasseur géant Orion passait son temps à se vanter de
ses prouesses. Une attitude qui avait le don d’exaspérer Héra, sœur et femme de
Zeus. Elle lui envoya alors un scorpion qui le piqua et le tua.
Zeus transforma alors les deux
protagonistes en constellation (on appelle cela la catastérisation). Mais il
prit soin de les éloigner l’une de l’autre dans le ciel pour qu’elles ne se
croisent jamais : l’une se lève quand l’autre se couche.
Lorsque l’été approche la constellation
hivernale d’Orion a déserté le ciel. Il faudra attendre l’automne pour la
retrouver à l’aube. Au sud de la Voie lactée qui se lève actuellement en milieu
de nuit le Scorpion a pris la relève, accompagné par la planète Jupiter.
Je vous décompose les scènes :
en bas, la Terre (d'où sort le scorpion) est représentée par le cobra :
plus haut, le scorpion avale tout bonnement Orion, dont on ne voit plus que la partie supérieure :
c'est bien Orion, désigné par l'épée au côté gauche
même partie centrale, par Massimo Osanna
voici maintenant l'interview de Massimo dans le Times
je reprends de bas en haut
voici une idée des recherches en cours
Léda me fascine toujours :
c'est vite vu sur France culture :
https://www.franceculture.fr/histoire/pompei-pourquoi-tant-de-nouvelles-decouvertes
Orion par Florian Gebhart : les multiples facettes de la représentation d'Orion |