Un musée modernista hors Catalogne : à Salamanca : la Casa Lis !
la façade toute en vitraux |
Croyez que je suis désolé : je cherche et recherche des vitraux, je vais vous en faire voir en quantité, mais je dois quitter ma chère Catalogne ! Ce n'est pas forcément désagréable de se rendre à Salamanque, de visiter la célèbre ville étudiante, de consulter les livres millénaires de la bibliothèque, mais cela implique un sacré détour ! Rien n'est parfait sauf...les vitraux !
La Casa Lis est donc un des musées de Salamanque. Il en existe d'autres, ce qui rentabilise le voyage, comme le musée automobile ! Fondé en 1995, il se trouve sur
l’ancienne muraille de la ville. Aussi connu sous le nom de Musée d’art nouveau
et art déco, il est consacré aux arts décoratifs des dernières décennies du XIXè
siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. C'est comme cela que je trouve cette magnifique lampe de Lalique :
C’est un ancien manoir dont la
construction fut commandée par son premier propriétaire, Miguel de Lis, à la
fin du XIXè S. Un architecte provincial originaire de Jerez de la Frontera,
arrivé à Salamanque par bateau, Joaquín de Vargas y Aguirre, fut choisi pour
mener à bien ce projet. Don Miguel de Lis était propriétaire d’une tannerie
qu’il avait hérité de son père et qu’il adapta aux nouveaux systèmes de
production à la fin du XIXè S. Cette affaire prospère lui procura une situation
économique privilégiée, à tel point qu’il était, à l’époque de la construction
de son palais urbain, l’une des cents personnes les plus influentes de
Salamanque. Défini comme une personnalité douée dans les affaires et un
travailleur infatigable, son côté moderne peut s’apprécier dans la conception et la décoration de son manoir.
Vargas érigea le projet et ses
différentes pièces autour d’une cour intérieure et conçut une façade de fer et
de verre en suivant les préceptes de l’architecture industrielle. Pour
compenser le dénivelé existant jusqu’à l’entrée de l’actuel passage du Rector
Esperabé, il eut l’idée de construire un escalier permettant de créer des
terrasses paysagées ainsi qu’une grotte faite de roches, ce qui rééquilibre le
tout. Le résultat est l’un des rares exemples d’architecture industrielle
utilisée pour la construction d’habitation ; il est unique pour son aspect
spectaculaire ainsi que pour l’audace architecturale de Vargas. La façade nord est d'ailleurs un des rares exemples d’architecture modernista visibles à Salamanque.
Construite en pierre et en
brique, on remarque sa porte d’accès et le mouvement organique des grilles de
fer, d’une délicatesse propre à l’Art Nouveau. Sa construction fut rapide
puisqu’en 1905 on construisait la façade nord et qu’en 1906 on inaugurait le
manoir. Celui-ci possédait des chambres d’été au sous-sol et des chambres
d’hiver au rez-de-chaussée. Il comptait aussi un bureau, des salles à manger,
un oratoire, des salles de bain avec l’eau froide et l’eau chaude, plusieurs
salons et une véranda. Le manoir s’éclairait à l’électricité et sa décoration
était d’un goût moderniste avec les vitraux qui font la célébrité
de l’endroit dans la galerie de la cour, les portes et la verrière de
l’escalier principal.
Le manoir change de propriétaire
en 1917, lorsque Enrique Esperabé de Arteaga, recteur de l’Université de
Salamanque, s’y installe avec sa famille. La Casa Lis est ensuite habitée par
divers locataires, jusqu’à ce que dans les années 1970, fermée et inutilisée,
elle se dégrade peu à peu. En 1981, la mairie de Salamanque,
consciente de sa valeur, lance une procédure d’expropriation qui permet de la
sauver de la ruine : ici comme ailleurs et comme souvent, c'est la Collectivité publique qui sauve le patrimoine privatif, bien difficile à entretenir pour les générations suivant le riche constructeur initial.
C'est depuis 1995 que le bâtiment abrite
le Musée d’art nouveau et art déco et expose, dans ses salons et autres
pièces, les donations de Manuel Ramos Andrade, célèbre antiquaire et
collectionneur : on peut, si on a prévu de se munir de liquide, acheter les pièces équipées d'une étiquette !
on peut prendre le café dans le petit salon |
admirer la belle Dona de J.Sorolla
et saluer le Patron !
demain, on en revient à des sujets plus immédiats :
vous pensez : l'ouverture du grand débat ?
non ! nous consultons les catalogues de vente aux enchères de
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